Depuis août 2023, le centre culturel ‘Arioi assure la maîtrise d’ouvrage d’une étude de préfaisabilité portant sur l’élaboration d’une filière dédiée au tapa en Polynésie française, sous le prisme de l’économie sociale et solidaire (ESS). L’objectif ? Vérifier que la création d’une filière dédiée au tapa incluant toutes les étapes nécessaires (de la plantation à la commercialisation, en passant par la récolte des essences, la technique, l'histoire du tapa, l'outillage... jusqu’à la commercialisation) et l’intégration du cadre juridique et règlementaire relevant de l’économie sociale et solidaire sont soutenables sur le plan socio-économique, environnemental et, plus largement, sociétal et humain en Polynésie française.
Des perspectives enthousiasmantes
Le tapa est une étoffe végétale aux nombreux usages : pièces cérémonielles, parures, coiffes et ornements, costumes, artisanat, couture et haute-couture. Il offrirait des opportunités artistiques à l’échelle internationale alors que l’épuisement de la ressource en matière première dans plusieurs territoires océaniens jusqu’alors garants du savoir-faire relatif à la confection de tapa (Tonga, Samoa, Fidji) se fait sentir. Hinatea Colombani du centre ‘Arioi, partageant son expérience, a pu confirmer l’excellente facture des pièces de tapa polynésiennes par rapport à celles produites dans le reste de l’Océanie.
En France, l’ESS représente 10% du PIB
L’économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont généralement en partie publiques. En métropole, elle a acquis un véritable statut juridique avec la loi du 31 juillet 2014. Ainsi, 14% des salariés travaillent dans une structure relevant de l’ESS, 10% du PIB est généré par des entreprises, activités et projets relevant de l’ESS et 200 000 entreprises privées sont des structures relevant de l’ESS.
En Polynésie, une semaine pour réfléchir au cadre
En Polynésie, le cadre règlementaire de l’économie sociale et solidaire n’existe pas. Seules deux structures privées (SARL) ont intégré le concept d’ESS dans leurs statuts : Alterocéan d’Audrey Lachaud et le centre ‘Arioi de Hinatea Colombani. Pour rendre plus concrètes les pistes d’application de l’ESS sur le territoire, certains outils récents mais non appliqués localement pourraient être des solutions opérationnelles en perspective d’un cadre juridique et règlementaire dédié à l’ESS sur le Fenua. La semaine qui s’ouvre ce 18 novembre est consacrée au sujet. Les acteurs impliqués seront lundi à la présidence, mardi à l’Université de la Polynésie française, mercredi à Prism – Polynesian factory et jeudi à Te fare natura. Ben Amar Zeghadi, délégué national aux outre-mer d’ESS France, a fait le déplacement pour cette occasion. Le ministre de l’Économie Warren Dexter, qui est intervenu vendredi, a rappelé que “l’ESS est inscrite au rang des actions prioritaires et fait partie de la stratégie de développement économique du Pays”. Elle ouvre “de nouvelles perspectives à notre société”.