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“Le rythme de la vaccination s’est un peu ralenti”


Tahiti, le 18 mai 2021 - Interrogé sur l'objectif de 70% de vaccinés fixé par le ministre des Outre-mer, Jacques Raynal invite à "relativiser ce chiffre" qui correspond selon lui à une "protection maximale symbolique". Rapporté à Tahiti et Moorea, cette visée lui semble atteignable d'ici septembre, à condition de ne pas laisser la campagne de vaccination se tasser.  

L’objectif ambitieux de couverture vaccinale fixée à 70% par le ministre des Outre-mer suscite de nombreuses interrogations. Selon vous, est-il atteignable ? Si oui, à quel terme ?


“Je pense que dans l’esprit du ministre des Outre-mer, les 70% correspondent symboliquement à une protection maximale sur l’ensemble des plus de 16 ans. Pour autant cette population-là est dispersée sur tout le territoire. Si on parle de la population générale, soit un peu plus de 212 000 personnes, on n’y sera pas avant le mois de septembre, c’est clair, puisqu’on vaccine à raison de 1 000 injections par jour, sur cinq jours de la semaine. Il faut relativiser ces 70% en fonction de la concentration de la population. Si on ne compte que sur Tahiti et Moorea, on peut espérer atteindre cette protection un peu avant. Par contre, on ne sait pas quand exactement, vu que le rythme de vaccination s’est un peu ralenti ces derniers temps, il faut le dire.”
 
Aujourd’hui on compte 84 688 injections, dont 52 500 personnes qui ont reçu au moins une dose, et plus de 35 000 personnes complètement vaccinées. On est donc loin des 70% ?

“On bénéficie à l’heure actuelle de deux vaccins, le Pfizer et le Janssen. Ce dernier va nous permettre d’avancer plus rapidement notamment sur les îles, et en particulier sur les Tuamotu et les Australes. On est loin des 70%, mais sachant que 80 à 90% des 35 000 sont sur les îles du Vent et les îles Sous-le-Vent, rien que ça, permet d’apporter une protection, dans la mesure où le virus va être confronté à des freins de transmission. Ce que l’on a cherché à faire dès le début, c’est d’assurer une protection maximale pour les personnes les plus fragiles. Aujourd’hui 71% des gens de plus de 75 ans sont vaccinés, 42% des personnes entre 60 et 74 ans sont vaccinées. Ensuite entre 18 et 60 ans, nous en avons 21%. C’est sur cette population-là qu’il faut faire des efforts.”

"C’est à la fois pour soi-même, mais aussi pour éviter la contamination générale de la population"


C’est une tranche qui se sent un peu moins concernée ?

“Oui très probablement, d’abord parce que la situation sur le plan épidémique s’est calmée, donc on a un peu moins peur de rencontrer le virus. Ensuite, parce que la vaccination demande de se déplacer, de prendre un peu de temps et il y a toujours une bonne excuse pour ne pas le faire. Mais on va mettre en place une communication un peu plus percutante, pour essayer de convaincre que l’intérêt de la vaccination est double. C’est à la fois pour soi-même, mais aussi pour éviter la contamination générale de la population. C’est un acte citoyen. On s’inscrit dans une démarche citoyenne pour que l’ensemble de la population puisse être protégée et qu’on puisse entrer dans un cercle économique un peu plus vertueux.”
 
Vous dites que la vaccination montre des signes de ralentissement. Le vaccin semble soit faire peur, soit laisser indifférent. Comment rassurer d’une part et sensibiliser de l’autre ?

“Qu’est-ce que c’est un vaccin ? Quel est son mode d’action une fois injecté ? Ici en Polynésie, on devrait le savoir, vu que 98% des enfants sont vaccinés puisque c’est obligatoire pour s’inscrire à l’école. Des épidémies de rougeole qui tuaient les enfants il n’y a pas si longtemps que ça, aujourd’hui on n'en voit plus. D’autres pathologies, comme le tétanos ou la poliomyélite, ont disparu. C’est ça, l’effet du vaccin. Quel qu’il soit, le vaccin va entraîner une protection en particulier sur les maladies virales. Revenons à la base. C’est un médicament que l’on injecte et qui va entraîner de la part de l’organisme une réaction qui sera protectrice, comme une armure qui va empêcher le virus de se reproduire à l’intérieur du corps et d’entraîner la maladie. C’est ce type de communication positive que nous allons renforcer, pour lutter contre les fausses informations qui sont malheureusement parfois diffusées par des scientifiques ou des pseudo-scientifiques, ou des gens qui se prétendent scientifiques. Si on regarde les milliards de doses qui sont diffusées dans le monde entier, si réellement c’était quelque chose de néfaste, ça se saurait depuis longtemps.”
 

Rédigé par Esther Cunéo le Mardi 18 Mai 2021 à 17:47 | Lu 2624 fois