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Le représentant numérique de la France à Bruxelles veut "fermer la Cnil"


Le représentant numérique de la France à Bruxelles veut "fermer la Cnil"
PARIS, 26 fév 2013 (AFP) - L'entrepreneur Gilles Babinet, nommé "champion numérique" du gouvernement auprès de la Commission européenne, critique violemment mardi le modèle français encadrant l'innovation et préconise de "fermer" la Cnil, "ennemi de la Nation", accusée de "régulation excessive".

Le cabinet de Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique qui a désigné en juin dernier M. Babinet comme représentant à Bruxelles pour plancher sur les enjeux liés au numérique, s'est démarqué de ces propos.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés "est une institution tout à fait efficace et nécessaire pour la protection des citoyens. Il n'est pas question de la supprimer, mais de la renforcer", a indiqué le cabinet à l'AFP.

"Il est simpliste d'opposer la protection de la vie privée des citoyens et le développement économique", a-t-on ajouté.

La Cnil, interrogée par l'AFP, n'a pas souhaité réagir.

"Je suis scandalisé par l'absence de capacité de ce gouvernement, comme par celle du précédent, à voir l'opportunité du numérique. Si on était courageux, on pourrait créer un ou deux millions d'emplois qualifiés en cinq ans. Mais pour cela, il faut arrêter de ménager les susceptibilités", déplore M. Babinet dans un entretien à L'Usine Nouvelle mis en ligne mardi.

"A titre d'exemple, soit profondément réformer, soit fermer, la Cnil. Avec sa régulation excessive, c'est un ennemi de la Nation", déclare celui qui fut également pendant un an le premier président du Conseil national du numérique (CNN), instance consultative installée par le gouvernement Sarkozy en 2011.

Gilles Babinet a été désigné "champion numérique" auprès de la Commission européenne qui souhaite que chaque Etat membre nomme une personnalité, afin de participer à la promotion des avantages de la société numérique dans le cadre de l'action menée par sa vice-présidente, Neelie Kroes.

"Société de défiance"

"Soit on vit dans une société de la défiance, soit dans une société de l'innovation. La Cnil, au même titre potentiellement que d'autres institutions, est dans cette logique-là", a renchéri Gilles Babinet, interrogé par l'AFP.

Pour lui, "quand on est dans un pays où on interdit la recherche sur le gaz de schiste ou les OGM, on est donc dans un pays qui par définition ne fait pas confiance au progrès", estime M. Babinet.

Le gouvernement a choisi de bloquer le développement des gaz de schiste en l'état actuel des techniques d'extraction en raison d'inquiétudes environnementales. La recherche en plein champ sur les OGM est elle strictement encadrée en raison des craintes de disséminations.

M. Babinet a précisé s'exprimer "à titre personnel" et pas dans le cadre de la remise, mardi, d'un rapport de l'Institut Montaigne qu'il a piloté.

Intitulé "Pour un +New Deal+ numérique", ce rapport formule dix propositions "pour faire de la France un acteur majeur de la transformation numérique".

Il dénonce notamment le fait que la France "accuse un retard important dans le développement des infrastructures technologiques et dans l'utilisation du numérique comme levier de croissance", alors qu'elle dispose "pourtant d'atouts importants afin de devenir un géant de l'innovation".

Et "dès que s'ouvre un débat sur le numérique, il y a toujours quelqu'un pour brandir des questions de préservation de la vie privée ou de sauvegarde de l'emploi", dénonce également Gilles Babinet dans son entretien à L'Usine Nouvelle.

Ses déclarations interviennent à deux jours de la tenue d'un séminaire gouvernemental sur le numérique jeudi, piloté par Jean-Marc Ayrault, et qui doit notamment présenter la feuille de route numérique des ministères et évoquer les questions de vie privée et de protection des données personnelles.

Rédigé par Par Katia DOLMADJIAN le Mardi 26 Février 2013 à 05:53 | Lu 464 fois