Tahiti Infos

Le renouvellement de Moruroa e tatou reporté


Tahiti, le 19 août 2023 - Ils n'étaient que vingt ce samedi matin dans les locaux de l'Église Protestante Mā’ohi (EPM) pour procéder au renouvellement du bureau de l'association Moruroa e tatou. N'étant que deux membres du bureau, à savoir Hiro Tefaarere et Mitema Tapati, il a été décidé de reporter cette élection au lundi 28 août prochain.
 
La salle était bien vide samedi matin à Paofai. Ils n'étaient que vingt à avoir fait le déplacement dans les locaux de l'Église protestante mā’ohi pour l'assemblée générale de Moruroa e tatou qui avait prévu de renouveler son bureau. Ce sera partie remise au 28 août prochain. Mais, selon Hiro Tefaarere, ce n'est pas la principale raison pour laquelle le renouvellement du bureau de l'association de la défense des anciens travailleurs du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) et des victimes des essais nucléaires français en Polynésie a été reporté. “La raison est toute simple. Par rapport au bureau en activité, nous ne sommes plus que deux : le vice-président Tapati et moi-même. Tous les autres membres du bureau sont soit gravement malades et ne peuvent pas se déplacer, soit sont décédés”, a-t-il expliqué à Tahiti Infos.

Il ajoute que, de son côté, l'Église Protestante Mā’ohi avec laquelle il marche “en symbiose malgré nos différences”, a préparé la relève depuis le mois de février-mars. “Malheureusement ces jeunes – la plupart de Moorea – n'ont pas pu se déplacer. Donc on espère qu'à la réunion du 28 où la passation devrait se faire dans de meilleures conditions, tout le monde sera là et après on verra.”

L'importance du devoir de mémoire

Au mur, sont accrochés les portraits des anciens piliers de l'association dont John Doom, Bruno Barillot ou encore Roland Oldham disparu en 2019. C'est son cousin germain, Hiro Tefaarere, qui avait alors pris sa suite à la tête de Moruroa e tatou, aux côtés de Mitema Tapati, représentant de l'Église Protestante Mā’ohi. Le devoir de mémoire est important pour l'actuel président de l'association. Hiro Tefaarere rappelle que son combat a commencé en 1998. “Quel crédit aura-t-on demain devant les plus hauts responsables de l'État, de l'ONU ou du Pays si on amène – je n'ai rien contre la jeunesse – des personnes qui ne connaissent pas le vécu alors qu'on est encore quelques-uns à témoigner”, a-t-il glissé soulignant avoir travaillé trois mois à Moruroa et Mitema Tapati 16 ans.

Mitema Tapati, “un homme intelligent et brillant”

Une chose est sûre, et même si l'association peut paraître à bout de souffle, le combat continue pour Hiro Tefaarere qui n'en démord pas : “Tant que nous n'aurons pas les registres de cancers gardés par l'État, nous n'avancerons pas.” Car il est impossible aujourd'hui d'avoir des chiffres précis. “On a une fourchette : entre 20 000 et 30 000 morts alors qu'ils étaient 6 000 à travailler sur le site. Il y a un problème. C'est quoi cette différence ? C'est la population civile”, a-t-il estimé.

Représentant à Tarahoi pendant 17 ans, Hiro Tefaarere voit d'un très bon œil l'entrée de Mitema Tapati sur les bancs de l'assemblée. “Un homme intelligent et brillant” qu'il connaît “de longue date”. Et il a salué la volonté d'Antony Géros de créer une commission sur la décolonisation, dans laquelle le sujet du nucléaire sera sans doute abordé : “L'initiative du président Géros est magnifique”, a-t-il confié, regrettant de ne pas avoir pu en faire autant à l'époque en raison de l'instabilité politique qui régnait.

Hiro Tefaarere et Mitema Tapati (à droite).
Hiro Tefaarere et Mitema Tapati (à droite).

Rédigé par Stéphanie Delorme le Samedi 19 Août 2023 à 18:05 | Lu 1942 fois