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Le régime syrien bombarde sans relâche un fief rebelle, près de 200 morts


Arbine, Syrie | AFP | mardi 20/02/2018 - Près de 200 civils dont près de 60 enfants ont été tués depuis dimanche par de violents bombardements du régime syrien sur le fief rebelle de la Ghouta près de Damas, malgré les appels de l'ONU à mettre fin à cette "souffrance insensée".

Le bilan de cette sanglante campagne, prélude à une attaque terrestre contre le dernier fief des opposants au président Bachar al-Assad près de la capitale, est de 17 morts dimanche, 127 morts lundi et 50 morts mardi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'Unicef a manifesté mardi sa colère par un communiqué d'une phrase: "aucun mot ne rendra justice aux enfants tués, à leurs mères, leurs pères, et à ceux qui leur sont chers".
L'opposition syrienne en exil a elle dénoncé "une guerre d'extermination"  et le "silence international" face aux "crimes" du pouvoir Assad dans la guerre qui ravage la Syrie depuis près de sept ans.
La journée de lundi a été "l'un des pires jours de l'histoire de la crise actuelle", a déclaré à l'AFP un médecin de la Ghouta qui s'est identifié sous le nom d'Abou al-Yousr.
Les bombardements de civils "doivent cesser maintenant", a déclaré dans la nuit de lundi à mardi le coordinateur de l'ONU pour l'aide humanitaire en Syrie, Panos Moumtzis en tirant le signal d'alarme pour les quelque 400.000 personnes prises au piège dans la Ghouta.
Mais mardi les frappes continuent et de nombreuses familles terrorisées se sont rassemblées dans des sous-sols et des caves, a témoigné un correspondant de l'AFP.

- Hôpitaux débordés -

 
Des centaines de personnes blessées affluent dans les hôpitaux de fortune de la zone qui sont débordés, ont constaté des correspondants de l'AFP. Les lits manquent et faute de place, les blessés sont soignés à même le sol tandis que les salles d'opération tournent à plein régime.
"Nous avons recu un enfant d'un an, son corps était tout bleu, son coeur battait à peine. Au moment où je lui ouvrais la bouche pour introduire un tube respiratoire, j'ai découvert qu'elle était remplie de sable. Il avait été évacué de sous les décombres", raconte le médecin Abou Al-Yousr à l'AFP. 
"J'ai alors rapidement dégagé le sable de sa bouche mais celui-ci avait atteint les poumons. Nous les avons alors nettoyés, et il s'est mis de nouveau à respirer", raconte ému ce médecin après avoir sauvé l'enfant.
"Il s'agit d'un cas parmi des centaines", poursuit-t-il.
"Une femme enceinte de sept mois, souffrant d'une hémorragie cérébrale sévère, a été transportée à l'hôpital de Hammouriyé. Elle a fini par succomber à ses blessures, tandis que nous n'avons pas réussi à sauver le foetus", se lamente-t-il.

- Offensive de grande envergure -

 
Le quotidien syrien Al-Watan, proche du régime Assad, a indiqué mardi que les frappes aériennes qui visent la Ghouta "sont un prélude à l'opération d'envergure (terrestre), laquelle peut commencer à tout moment".
Le 5 février, l'armée avait déclenché une campagne aérienne de cinq jours d'une intensité inédite sur la Ghouta, faisant environ 250 morts parmi les civils et des centaines de blessés. Elle a depuis massé des renforts tout autour de cette ancienne zone agricole qu'elle assiège depuis 2013.
Le régime veut reprendre la Ghouta pour mettre fin aux tirs, parfois meurtriers, de roquettes des rebelles sur Damas. Mardi, quatre civils ont péri dans des bombardements rebelles sur la capitale, selon les médias officiels. 
Dans son communiqué, la coalition de l'opposition a accusé la Russie, alliée du régime, de chercher "à enterrer le processus politique" en vue d'une solution au conflit qui a fait depuis le 15 mars 2011 plus de 340.000 morts.
Depuis l'été 2017, la Ghouta orientale est censée être une des "zones de désescalade", créées en vertu d'un accord entre la Russie et l'Iran, principaux soutiens du régime, et la Turquie qui appuie l'opposition. Ces zones devaient en principe aboutir à une diminution des combats, mais la violence s'est intensifiée contre ce fief insurgé.
Après avoir opposé les rebelles au régime, la guerre en Syrie s'est complexifiée avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances régionales et internationales.
Mardi le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé que les forces turques assiégeraient prochainement la ville d'Afrine, chef-lieu d'une région du nord-ouest syrien où Ankara mène une offensive depuis deux mois pour déloger une milice kurde syrienne, les Unités de protection du peuple, qu'elle considère comme "terroriste".
Cette offensive a tendu les relations avec les Etats-Unis dont les YPG sont un des principaux alliés dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique en Syrie.

le Mardi 20 Février 2018 à 06:10 | Lu 601 fois