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Le réchauffement climatique, un danger pour la santé des Océaniens


Vingt-quatre délégations, comprenant 22 Etats de la zone et deux organisations internationales -la communauté du Pacifique et l'OMS- sont réunies à Papeete pour aborder les grandes questions communes en matière de santé qui se posent pour ces pays. Crédit Présidence de la Polynésie française.
Vingt-quatre délégations, comprenant 22 Etats de la zone et deux organisations internationales -la communauté du Pacifique et l'OMS- sont réunies à Papeete pour aborder les grandes questions communes en matière de santé qui se posent pour ces pays. Crédit Présidence de la Polynésie française.
Papeete, le 6 août 2019 - La 13e réunion des ministres de la Santé du Pacifique s'est ouverte ce mardi matin à la Présidence de la Polynésie française pour trois jours. Le changement climatique et ses conséquences sur la santé des populations océaniennes seront l'une des problématiques majeures abordées par les 24 délégations présentes.

"Le statu quo n'est pas de mise. (…) Il faut des décisions ambitieuses pour le climat afin de relever les défis sans précédents auxquels nous sommes confrontés (…). Il est nécessaire d'accélérer notre action", annonce d'emblée le Dr Takeshi Kasai, Directeur régional de l’Organisation mondial de la Santé (OMS) pour le Pacifique occidental, dans son discours d'ouverture de la 13e réunion des ministres de la Santé du Pacifique. Pendant trois jours, 24 délégations, comprenant 22 États de la zone et deux organisations internationales – la communauté du Pacifique et l'OMS – sont réunies à Papeete pour aborder les grandes questions communes en matière de santé qui se posent pour ces pays.

Dès le début de la réunion, la question du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la santé des habitants des Etats du Pacifique, notamment des petits Etats insulaires, a été évoquée. Il semble que cette problématique va occuper une large place dans les débats. Catastrophes naturelles, inondations, sècheresses, moustiques, etc., risquent d'avoir des effets néfastes sur la santé des populations.

Pour limiter ces impacts, les ministres réunis à Papeete vont devoir poursuivre le Plan d'action pour le changement climatique dans les îles du Pacifique déjà mis en place et s'atteler à coopérer ensemble pour décider de mesures rapides.

DENGUE, CHIKUNGUNYA, ROUGEOLE

Jacques Raynal, ministre de la Santé de la Polynésie française a été nommé nouveau président du  Comité des ministres de la Santé du Pacifique. Crédit Présidence de la Polynésie française.
Jacques Raynal, ministre de la Santé de la Polynésie française a été nommé nouveau président du Comité des ministres de la Santé du Pacifique. Crédit Présidence de la Polynésie française.
Mais le réchauffement climatique n'est pas la seule question importante qui doit être abordée durant ces journées où participent, pour la première fois, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Sous la présidence de Jacques Raynal, ministre de la Santé de la Polynésie française, nommé pour deux ans président du Comité des ministres de la Santé du Pacifique, la "grande famille océanienne de la santé" devra plancher sur d'autres sujets, également très importants.

Notamment sur les maladies non transmissibles qui touchent de nombreux Océaniens, comme le diabète, l'obésité, l'obésité infantile avec le suivi du réseau "Echo".
L'évolution de certaines maladies transmissibles comme la dengue, le chikungunya, la rougeole sera également discutée entre les différents ministres.

Enfin, d'autres thématiques majeures comme la couverture sanitaire internationale, la sécurité sanitaire, la vaccination, la stratégie WASH (eau, assainissement et hygiène) ou encore les systèmes d’information sanitaire seront des sujets qui devraient intéresser les membres des délégations. Le directeur général de l'OMS, le Dr Adhanom Ghebreyesus Tedros, dont l'arrivée était prévue mardi après-midi, devrait également apporter son expertise aux ministres océaniens dans ces vastes problématiques.

Jacques Raynal, ministre de la Santé de la Polynésie française, nouveau président du
Comité des ministres de la Santé du Pacifique.


"Une meilleure santé de nos populations"

Quel est l'objectif d'une telle réunion ?
"Le but de cette réunion, qui a lieu tous les deux ans, est de faire en sorte que les questions qui se posent à tous les pays du Pacifique soient unifiées et réglées d'une façon pratique pour que tout le monde puisse trouver des solutions aux problèmes de santé de chaque île, de chaque État du Pacifique. Cette année est importante, car pour la première fois, la Nouvelle-Zélande et l'Australie participent à ce congrès. C'est la première fois également que cette réunion est organisée dans un territoire français du Pacifique, cela montre que la Polynésie française s'intègre vraiment dans le Pacifique (…).
Nous allons aborder un certain nombre de questions qui préoccupent tous les pays insulaires et nous allons essayer d'apporter chacun notre pierre à l'édifice (…).
Les organismes présents peuvent nous permettre de trouver des financements pour la santé, comme c'est le cas avec le Fonds vert de la Communauté du Pacifique. Tous les pays se sont rendu compte que, si nous n'avions pas une aide venant de l'International, qu'elle soit financière ou pratique, comme pour la formation des professionnels de santé, nos progrès se feraient trop lentement. Cette réunion nous permet d'accélérer ce mouvement pour une meilleure santé de nos populations."

Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur la santé ?
"En ce qui nous concerne, le réchauffement climatique agit sur deux niveaux. D'abord sur la santé, car il y a des modifications de l'environnement qui peuvent avoir une action sur la santé des personnes. Mais il peut surtout avoir des conséquences en termes de sinistres possibles. La montée des eaux va impacter de nombreuses îles. Il peut aussi se produire des événements climatiques comme les cyclones... Ces événements nécessitent des interventions de la santé."

Le Dr Takeshi Kasai, directeur régional de l’OMS pour le Pacifique occidental.

"Les petits États insulaires du Pacifique sont sur la ligne de front"

"Quels sont les axes de priorité définis aujourd'hui ?
"Il y a 20 ans, la vision des îles saines dans le Pacifique avait été établie. Depuis, le contexte a changé avec le réchauffement climatique et certaines maladies non transmissibles. Il est donc important que les ministres prennent en compte ces nouvelles donnes.
En tant que directeur régional de l’OMS pour le Pacifique occidental, j'ai défini trois priorités. La première est l'impact du changement climatique sur la santé des habitants, car les petits États insulaires du Pacifique sont sur la ligne de front. Je veux soutenir les ministres dans leurs actions pour prévenir ces impacts.
Le deuxième élément concerne les maladies non transmissibles. On sait qu'elles représentent un problème très important dans le Pacifique. Là encore, il est essentiel que les ministres discutent ensemble des actions à entreprendre. L'OMS apportera son soutien aux démarches des ministres.
La troisième priorité concerne le problème des maladies transmissibles, de la sécurité sanitaire. Ici aussi, il est important de collaborer ensemble et que l'OMS apporte son soutien. En tant que directeur régional de l'OMS pour le Pacifique occidental, je m'engage, dans les prochaines années, sur ces trois axes."


La télémédecine peut-elle aider à pallier le manque de personnels soignants ?
" Oui, il y a deux axes dans ce cadre-là. D'une part, nous souhaitons que toutes les populations aient un accès facile à des soins de santé de qualité et qui n'engendrent pas un poids financier trop important. D'autre part, nous souhaitons que la population puisse également avoir accès à des soins plus complexes. La télémédecine peut effectivement faciliter cela."

le Mardi 6 Août 2019 à 16:57 | Lu 1774 fois