Tahiti, le 30 janvier 2022 - Le projet de future sphère de gaz géante de 5 500 mètres cubes sur le site de stockage de la Société de dépôt de gaz de pétrole liquéfiés, du groupe Gaz de Tahiti, avance avec quelques amendements de sécurité, destinés à répondre notamment aux inquiétudes du personnel des entreprises du Port autonome. L'enquête de commodo et incommodo ouverte jusqu'à jeudi à la mairie de Papeete dévoile les derniers détails du projet, mais les syndicats du Port dénoncent toujours le manque d'informations sur ce projet.
Un démarrage des travaux mi-2022 pour une mise en service début 2024. Le projet de la nouvelle sphère de gaz géante de 5 500 mètres cubes à Motu Uta, qui avait alerté les représentants du personnel des entreprises du Port autonome en juillet dernier, avance sans faire de bruit. Actuellement en phase d'enquête publique de commodo et incommodo ouverte jusqu'à jeudi prochain à la mairie de Papeete, le projet de la Société de dépôt de gaz de pétrole liquéfiés (SDGPL) du groupe Gaz de Tahiti semble pourtant avoir tenu compte de quelques-unes des inquiétudes des syndicats présents sur le Port, qui avaient adressé un courrier au président du Pays et au haut-commissaire l'an dernier contre ce projet. Des syndicats qui regrettaient jusqu'à ce week-end de ne pas avoir été informés en amont de l'existence de cette enquête publique.
Les questions de sécurité longuement évoquées
Quelques changements apportés au projet initial sont en effet dévoilés dans les documents techniques de l'enquête publique consultables depuis quelques semaines en mairie. Une “nouvelle étude de dangers” a été réalisée “sur la forme du dépôt dans sa configuration finale”. On y apprend notamment que l'ancienne sphère aérienne dénommée TS01 et mise en service en septembre 1980 sera finalement démantelée “à l'issue de la mise en service de la nouvelle sphère”, alors qu'elle devait être maintenue sur site dans la version initiale. “À aucun moment, le terminal ne disposera de trois sphères en exploitation durable”, insiste le document. Autre information, déjà évoquée par SGDPL dans nos colonnes en juillet dernier mais confirmée dans les études sur ce nouveau projet, la sphère de 5 500 mètres sera bien réalisée “sous talus” car “correspondant à la meilleure technique actuellement disponible pour la protection thermique et mécanique des stockages de gaz liquéfiés sous pression et permettant de supprimer définitivement le risque de BLEVE”.
C'est ce risque de “l'ébullition-explosion”, ou BLEVE pour “boiling liquid expanding vapor explosion”, qui avait principalement attiré l'attention des syndicats du Port. Or selon les documents de l'enquête, ce risque n'est aujourd'hui plus d'actualité et la “sécurité passive” du projet “sera assurée par un mur circulaire en béton entourant le stockage, par l'interface rempli de matériaux inertes et par la partie supérieure qui sera protégée par un talus en matériaux inertes et armé d'un mètre d'épaisseur minimum”. Un tableau synthétique des risques potentiels de l'installation conclut d'ailleurs qu'en simulant les “phénomènes dangereux” susceptibles les plus importants, tous restent circonscrit à “la classe de probabilité la plus faible” ou pour certains jugés moins graves à celle d'un “événement très improbable”.
La taille de la sphère toujours en question
Deux sphères sous talus devraient donc remplacer à moyen terme l'actuelle installation comprenant la sphère aérienne TS01 de 2 465 mètres cubes –bientôt démantelée– et une sphère TS02 sous talus de 1 838 mètres cubes. Seul bémol, la future sphère de 5 500 mètres cubes, de taille bien supérieure à l'actuelle et qui atteindra 24,5 mètres de hauteur, reste d'une capacité bien supérieure à la taille maximale autorisée de 3 500 mètres cubes par la réglementation métropolitaine. Une réglementation qui ne s'applique a priori pas à la Polynésie française, avec des exemples d'ouvrages similaires déjà réalisés en Afrique notamment, mais qui a portant fait l'objet d'une demande de révision au niveau national par le porteur du projet. L'enquête de commodo et incommodo indique en effet estimer que “les sphères sous talus n'étaient pas concernées par cette limitation”. Demande de révision qui “n'a pas fait l'objet de remarques négatives, mais n'a pas été considérée comme prioritaire pour la métropole” et qui “reste d'actualité”. Un nouveau texte a été proposé à l'Association française des ingénieurs en appareils à pression pour que la limite haute des “sphères en enceinte béton” puisse atteindre les 5 500 mètres cubes du projet actuel.
Autre information des plus intéressantes, dans son argumentaire le porteur du projet défend et justifie ses choix techniques par la “perspective des évolutions de production d'électricité”, estimant que “compte tenu des enjeux du coût de production et du contenu carbone de l'électricité produite, le recours au GPL (gaz de pétrole liquéfié) pour la production d'électricité fait sens”. Et la demande de la SDGPL de conclure que “dans l'objectif d'éviter de multiplier les stockages, pour une même capacité de production électrique donnée, il est proposé uniquement pour les sphères sous talus de porter la capacité maximum de 3 500 à 5 500 mètres cubes”. Un argument qui n'est pas sans rappeler les projets déjà évoqués par le Pays de création d'une centrale à gaz sur la côte Est, justement pour faire baisser le bilan carbone lié à la consommation de l'actuelle seule centrale au fuel de la Punaruu. La future sphère géante semble donc, elle-aussi, anticiper à plus long terme la stratégie de transition énergétique du Pays.
Pas de quoi calmer les syndicats
Reste que les syndicats du Port autonome ne semblent pas vraiment apaisés par ces nouvelles informations techniques sur le projet. “Ils font ça en catimini. Ils auraient pu nous consulter sur la sécurité ou nous présenter le projet. C'est quand même une sphère trois fois plus grande que l'actuelle et on ne nous dit rien”, tonnait ce week-end le secrétaire général du Rassemblement des travailleurs polynésiens, bien implanté sur le Port de Papeete, Mahinui Temarii. “Il n'y a pas eu de réunion publique. On ne nous a même pas mis au courant qu'il y avait cette enquête publique, qu'on découvre à quelques jours de sa fin, alors qu'on avait écrit au haut-commissaire et au président du Pays pour dire qu'on était contre ce projet”.
Un démarrage des travaux mi-2022 pour une mise en service début 2024. Le projet de la nouvelle sphère de gaz géante de 5 500 mètres cubes à Motu Uta, qui avait alerté les représentants du personnel des entreprises du Port autonome en juillet dernier, avance sans faire de bruit. Actuellement en phase d'enquête publique de commodo et incommodo ouverte jusqu'à jeudi prochain à la mairie de Papeete, le projet de la Société de dépôt de gaz de pétrole liquéfiés (SDGPL) du groupe Gaz de Tahiti semble pourtant avoir tenu compte de quelques-unes des inquiétudes des syndicats présents sur le Port, qui avaient adressé un courrier au président du Pays et au haut-commissaire l'an dernier contre ce projet. Des syndicats qui regrettaient jusqu'à ce week-end de ne pas avoir été informés en amont de l'existence de cette enquête publique.
Les questions de sécurité longuement évoquées
Quelques changements apportés au projet initial sont en effet dévoilés dans les documents techniques de l'enquête publique consultables depuis quelques semaines en mairie. Une “nouvelle étude de dangers” a été réalisée “sur la forme du dépôt dans sa configuration finale”. On y apprend notamment que l'ancienne sphère aérienne dénommée TS01 et mise en service en septembre 1980 sera finalement démantelée “à l'issue de la mise en service de la nouvelle sphère”, alors qu'elle devait être maintenue sur site dans la version initiale. “À aucun moment, le terminal ne disposera de trois sphères en exploitation durable”, insiste le document. Autre information, déjà évoquée par SGDPL dans nos colonnes en juillet dernier mais confirmée dans les études sur ce nouveau projet, la sphère de 5 500 mètres sera bien réalisée “sous talus” car “correspondant à la meilleure technique actuellement disponible pour la protection thermique et mécanique des stockages de gaz liquéfiés sous pression et permettant de supprimer définitivement le risque de BLEVE”.
C'est ce risque de “l'ébullition-explosion”, ou BLEVE pour “boiling liquid expanding vapor explosion”, qui avait principalement attiré l'attention des syndicats du Port. Or selon les documents de l'enquête, ce risque n'est aujourd'hui plus d'actualité et la “sécurité passive” du projet “sera assurée par un mur circulaire en béton entourant le stockage, par l'interface rempli de matériaux inertes et par la partie supérieure qui sera protégée par un talus en matériaux inertes et armé d'un mètre d'épaisseur minimum”. Un tableau synthétique des risques potentiels de l'installation conclut d'ailleurs qu'en simulant les “phénomènes dangereux” susceptibles les plus importants, tous restent circonscrit à “la classe de probabilité la plus faible” ou pour certains jugés moins graves à celle d'un “événement très improbable”.
La taille de la sphère toujours en question
Deux sphères sous talus devraient donc remplacer à moyen terme l'actuelle installation comprenant la sphère aérienne TS01 de 2 465 mètres cubes –bientôt démantelée– et une sphère TS02 sous talus de 1 838 mètres cubes. Seul bémol, la future sphère de 5 500 mètres cubes, de taille bien supérieure à l'actuelle et qui atteindra 24,5 mètres de hauteur, reste d'une capacité bien supérieure à la taille maximale autorisée de 3 500 mètres cubes par la réglementation métropolitaine. Une réglementation qui ne s'applique a priori pas à la Polynésie française, avec des exemples d'ouvrages similaires déjà réalisés en Afrique notamment, mais qui a portant fait l'objet d'une demande de révision au niveau national par le porteur du projet. L'enquête de commodo et incommodo indique en effet estimer que “les sphères sous talus n'étaient pas concernées par cette limitation”. Demande de révision qui “n'a pas fait l'objet de remarques négatives, mais n'a pas été considérée comme prioritaire pour la métropole” et qui “reste d'actualité”. Un nouveau texte a été proposé à l'Association française des ingénieurs en appareils à pression pour que la limite haute des “sphères en enceinte béton” puisse atteindre les 5 500 mètres cubes du projet actuel.
Autre information des plus intéressantes, dans son argumentaire le porteur du projet défend et justifie ses choix techniques par la “perspective des évolutions de production d'électricité”, estimant que “compte tenu des enjeux du coût de production et du contenu carbone de l'électricité produite, le recours au GPL (gaz de pétrole liquéfié) pour la production d'électricité fait sens”. Et la demande de la SDGPL de conclure que “dans l'objectif d'éviter de multiplier les stockages, pour une même capacité de production électrique donnée, il est proposé uniquement pour les sphères sous talus de porter la capacité maximum de 3 500 à 5 500 mètres cubes”. Un argument qui n'est pas sans rappeler les projets déjà évoqués par le Pays de création d'une centrale à gaz sur la côte Est, justement pour faire baisser le bilan carbone lié à la consommation de l'actuelle seule centrale au fuel de la Punaruu. La future sphère géante semble donc, elle-aussi, anticiper à plus long terme la stratégie de transition énergétique du Pays.
Pas de quoi calmer les syndicats
Reste que les syndicats du Port autonome ne semblent pas vraiment apaisés par ces nouvelles informations techniques sur le projet. “Ils font ça en catimini. Ils auraient pu nous consulter sur la sécurité ou nous présenter le projet. C'est quand même une sphère trois fois plus grande que l'actuelle et on ne nous dit rien”, tonnait ce week-end le secrétaire général du Rassemblement des travailleurs polynésiens, bien implanté sur le Port de Papeete, Mahinui Temarii. “Il n'y a pas eu de réunion publique. On ne nous a même pas mis au courant qu'il y avait cette enquête publique, qu'on découvre à quelques jours de sa fin, alors qu'on avait écrit au haut-commissaire et au président du Pays pour dire qu'on était contre ce projet”.