Les Australes veulent une communauté de communes, mais les maires n'arrivent pas à se mettre d'accord. Ils déplorent l'intégration de la politique dans ce projet. (Crédit photo : P.Bacchet)
AUSTRALES, le 20/03/2017 - Depuis la liquidation du Syndicat intercommunal à vocation multiple des Australes, en décembre 2014, les tāvana des cinq îles de l'archipel veulent mettre en place une communauté de communes. L'idée est de travailler ensemble pour le développement de leurs îles. Plus de trois ans plus tard, le projet est en suspens. La politique serait la raison principale de ce désaccord entre les maires. Ils attendent qu'une nouvelle rencontre soit organisée pour redéfinir ce projet.
Tous les maires s'accordent à dire que la politique freine leur projet de communauté de communes aux Australes. Et pourtant, ce dossier était bien parti au départ. "Après les élections municipales, l'ensemble des communes aux Australes était Tahoeraa Huiraatira. Mais depuis qu'Édouard Fritch a remplacé Gaston Flosse aux commandes du Pays, nous avons commencé à nous diviser politiquement et les discussions se sont interrompues", explique Narii Tuaneinei, maire de Rapa.
En 2012, les maires des cinq îles des Australes parlaient d'une même voix, menant ainsi à la dissolution du Syndicat intercommunal à vocation multiples des Australes (Sivma), en décembre 2014. Un an plus tard, une première rencontre a eu lieu entre les différents tāvana, mais cela n'a pas abouti. "Il y en a parmi nous qui vivent de la politique et qui en font leur cheval de bataille, au lieu de penser à la population en premier lieu", regrette Fernand Tahiata, maire de Tubuai.
Et le maire de Rurutu est défavorablement cité par ses homologues. "J'ai l'impression qu'il veut qu'on le considère comme un roi", rajoute le tāvana de Tubuai. "Il décide en son âme et conscience, ensuite, il nous dit de le suivre. Alors que ce n'est pas ce que nous voulons", raconte le maire de Rapa. "Peut-être que certains maires ne veulent pas d'untel au poste de président, c'est à voir", indique Joachim Tevaatua, maire de Raivavae.
Des tensions politiques qui retardent ce projet, surtout que les premiers magistrats de ces cinq îles reconnaissent l'importance d'un tel projet. "Nous aurons plus de poids pour soutenir nos projets devant le Pays", explique Georges Hatitio, maire de Rimatara.
"Nos populations n'apprécient pas trop lorsque la politique est mise en avant", raconte le maire de Raivavae.
Et si tous sont unanimes pour dire que ce projet leur permettra de mettre en place des actions en faveur de la jeunesse, certains maires voient ce projet de communauté de communes comme un atout pour le développement de leurs propres projets.
À Raivavae, l'eau potable reste la priorité du maire. "La commune ne pourra pas assurer cela toute seule, il faudrait que l'on soit soutenu par l'État et le Pays. J'appelle au bon sens des maires pour que l'on mette en place, au plus vite, une rencontre afin de définir cette communauté de communes", suggère Joachim Tevaatua.
À Rapa, le tāvana voudrait développer le secteur primaire, mais restaurer également le patrimoine culturel de son île. "Il y a des marae qui se retrouvent aujourd'hui dans la brousse. Ce serait bien de remettre tout cela au goût du jour."
"Si nous voulons mettre en place des événements, comme les jeux inter-îles, nous n'aurons plus besoin d'attendre les consignes du Pays. Nous pourrons nous débrouiller avec les moyens qui seront à notre disposition", poursuit le maire de Tubuai, Fernand Tahiata.
Sur le plan financier, les avantages ne seront pas négligeables pour les communes de l'archipel. "La différence avec le syndicat Sivma, c'est que ce sont les communes qui l'alimentaient. Pour ma part, Tubuai mettait 7 millions de francs tous les ans dans les caisses de ce syndicat. Tandis que dans cette communauté de communes, ce sera l'État qui nous aidera à hauteur de près de 50 millions de francs par an", précise le maire de Tubuai.
Mais le premier magistrat de Rapa va encore plus loin dans sa réflexion. "Les fonds qui seront versés par l'état ne suffiront pas. Il faudrait que les enveloppes que nous mettions au Sivma soient reportées pour cette communauté de communes. Cela nous permettra d'avoir une enveloppe plus importante pour embaucher, par exemple, des personnes compétentes sur le plan juridique et sur le plan du développement de l'archipel. Il faudrait aussi un directeur – ou une directrice – et des membres de bureau afin de faciliter nos démarches lorsque nous irons sur Tahiti. Mais aussi pour nous accompagner dans le développement de notre archipel."
S'ils veulent concrétiser ce projet, les maires n'auront pas d'autre choix que de se mettre d'accord. Le plus âgé, le tāvana de Rimatara, devra réunir ses homologues au plus vite, pour trouver un terrain d'entente à ce sujet. Et le message du maire de Rurutu est clair : "tant qu'on ne saura pas où on va, ça ne sert à rien !"
En attendant que les accordéons s'accordent, chacun part de son côté et fait de son mieux pour son île.
Tous les maires s'accordent à dire que la politique freine leur projet de communauté de communes aux Australes. Et pourtant, ce dossier était bien parti au départ. "Après les élections municipales, l'ensemble des communes aux Australes était Tahoeraa Huiraatira. Mais depuis qu'Édouard Fritch a remplacé Gaston Flosse aux commandes du Pays, nous avons commencé à nous diviser politiquement et les discussions se sont interrompues", explique Narii Tuaneinei, maire de Rapa.
En 2012, les maires des cinq îles des Australes parlaient d'une même voix, menant ainsi à la dissolution du Syndicat intercommunal à vocation multiples des Australes (Sivma), en décembre 2014. Un an plus tard, une première rencontre a eu lieu entre les différents tāvana, mais cela n'a pas abouti. "Il y en a parmi nous qui vivent de la politique et qui en font leur cheval de bataille, au lieu de penser à la population en premier lieu", regrette Fernand Tahiata, maire de Tubuai.
Et le maire de Rurutu est défavorablement cité par ses homologues. "J'ai l'impression qu'il veut qu'on le considère comme un roi", rajoute le tāvana de Tubuai. "Il décide en son âme et conscience, ensuite, il nous dit de le suivre. Alors que ce n'est pas ce que nous voulons", raconte le maire de Rapa. "Peut-être que certains maires ne veulent pas d'untel au poste de président, c'est à voir", indique Joachim Tevaatua, maire de Raivavae.
Des tensions politiques qui retardent ce projet, surtout que les premiers magistrats de ces cinq îles reconnaissent l'importance d'un tel projet. "Nous aurons plus de poids pour soutenir nos projets devant le Pays", explique Georges Hatitio, maire de Rimatara.
"Nos populations n'apprécient pas trop lorsque la politique est mise en avant", raconte le maire de Raivavae.
Et si tous sont unanimes pour dire que ce projet leur permettra de mettre en place des actions en faveur de la jeunesse, certains maires voient ce projet de communauté de communes comme un atout pour le développement de leurs propres projets.
À Raivavae, l'eau potable reste la priorité du maire. "La commune ne pourra pas assurer cela toute seule, il faudrait que l'on soit soutenu par l'État et le Pays. J'appelle au bon sens des maires pour que l'on mette en place, au plus vite, une rencontre afin de définir cette communauté de communes", suggère Joachim Tevaatua.
À Rapa, le tāvana voudrait développer le secteur primaire, mais restaurer également le patrimoine culturel de son île. "Il y a des marae qui se retrouvent aujourd'hui dans la brousse. Ce serait bien de remettre tout cela au goût du jour."
"Si nous voulons mettre en place des événements, comme les jeux inter-îles, nous n'aurons plus besoin d'attendre les consignes du Pays. Nous pourrons nous débrouiller avec les moyens qui seront à notre disposition", poursuit le maire de Tubuai, Fernand Tahiata.
Sur le plan financier, les avantages ne seront pas négligeables pour les communes de l'archipel. "La différence avec le syndicat Sivma, c'est que ce sont les communes qui l'alimentaient. Pour ma part, Tubuai mettait 7 millions de francs tous les ans dans les caisses de ce syndicat. Tandis que dans cette communauté de communes, ce sera l'État qui nous aidera à hauteur de près de 50 millions de francs par an", précise le maire de Tubuai.
Mais le premier magistrat de Rapa va encore plus loin dans sa réflexion. "Les fonds qui seront versés par l'état ne suffiront pas. Il faudrait que les enveloppes que nous mettions au Sivma soient reportées pour cette communauté de communes. Cela nous permettra d'avoir une enveloppe plus importante pour embaucher, par exemple, des personnes compétentes sur le plan juridique et sur le plan du développement de l'archipel. Il faudrait aussi un directeur – ou une directrice – et des membres de bureau afin de faciliter nos démarches lorsque nous irons sur Tahiti. Mais aussi pour nous accompagner dans le développement de notre archipel."
S'ils veulent concrétiser ce projet, les maires n'auront pas d'autre choix que de se mettre d'accord. Le plus âgé, le tāvana de Rimatara, devra réunir ses homologues au plus vite, pour trouver un terrain d'entente à ce sujet. Et le message du maire de Rurutu est clair : "tant qu'on ne saura pas où on va, ça ne sert à rien !"
En attendant que les accordéons s'accordent, chacun part de son côté et fait de son mieux pour son île.