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Le premier data center de Tahiti est conçu comme une forteresse


Le nouveau datacenter a été visité ce mercredi 20 aout par tout le gratin de l’informatique polynésienne. Au premier plan de cette photo apparaissent Frédéric Dock, PDG de Cegelec, Olivier Kressmann, patron d’IDT et du MEDEF, et Claude Teriierooiterai, PDG de TNT.
Le nouveau datacenter a été visité ce mercredi 20 aout par tout le gratin de l’informatique polynésienne. Au premier plan de cette photo apparaissent Frédéric Dock, PDG de Cegelec, Olivier Kressmann, patron d’IDT et du MEDEF, et Claude Teriierooiterai, PDG de TNT.
PAPENOO, le 20 août 2014 - Une ferme de serveurs ouvre ses portes en Polynésie sur les hauteurs de Papenoo. Construite par Tahiti Nui Telecom pour quelques 200 millions de francs, elle va chercher à sécuriser l’informatique des entreprises polynésiennes et pourrait même attirer les sociétés américaines grâce à sa sécurité maximale et ses énergies vertes.

La construction du premier data center de Polynésie par Tahiti Nui Telecom (TNT) est terminée, et les premiers serveurs commencent à s’y installer. Nommé Tahiti Nui Fortress, ce bâtiment va permettre aux entreprises locales ou étrangères de placer leurs serveurs informatiques dans un bâtiment sécurisé et alimenté en énergies vertes.

Le projet aura coûté un peu moins de 200 millions de francs cfp et répond aux meilleures normes mondiales (il est classé « tiers 3.5 », sur un maximum de « tiers 4 »). Pour y arriver, un contrat de partenariat a été signé avec DRFortress, la société hawaïenne leader dans les data centers qui collabore déjà avec la Polynésie sur Honotua. Du coup, en plus des entreprises locales, des sociétés américaines pourraient être intéressées par les services d’hébergement de serveurs de TNT.

Sécurité maximale

Conçu comme une forteresse, il est entouré de hauts barbelés, l’accès au terrain ne se fait que par un sas de sécurité, et pour entrer dans la salle des serveurs il faut montrer patte blanche et passer par un scanner biométrique de l’iris de l’œil.

Le GIGN a testé le périmètre de sécurité, et en trois essais n’a réussi à pénétrer l’enceinte qu’en mobilisant un hélicoptère. C’est que le data center n’est pas la seule infrastructure sensible présente sur les 70 hectares du terrain de TNT sur les hauteurs de Papeenoo : c’est là que le câble Honotua finit sa longue course dans le Pacifique, et c’est également à cet endroit que l’Agence Spatiale Européenne construit l’une de ses 30 stations au sol pour le système de navigation par satellite européen Galileo. Le site est donc critique pour la défense nationale et son accès très contrôlé.

Alimenté en énergies vertes

Le bâtiment a reçu son label « Green Data Center » grâce à une alimentation en hydroélectricité directement depuis le transformateur de Papenoo. Un projet de construction d’une ferme de panneaux solaires de 10 hectares sur le terrain de TNT, financé par des capitaux chinois, permettrait aussi de compléter l’alimentation électrique. Claude Teriierooiterai, PDG de TNT, explique même que « si nous atteignons des consommations d’énergie de l’ordre du mégawatt nous allons songer à mettre en place un SWAC (le refroidissement par eau profonde). Effectivement, si nous rencontrons du succès le problème sera la charge d’électricité due à la climatisation. Pour les panneaux solaires nous n’avons pas encore de certitude quant au coût, et ils ne fonctionneraient que la journée. » Un SWAC coûterait tout de même près d’un milliard de francs cfp.

Une visée internationale

Claude Teriierooiterai assure que des clients américains sont intéressés par le data center polynésien, mais uniquement en appui : « les sociétés américaines ont des avantages fiscaux lorsqu’ils ont des serveurs de secours en dehors des États-Unis, et depuis que Honotua est installé les entreprises hawaïennes sont intéressées par un backup en Polynésie. »

Mais la construction d’un deuxième câble sous-marin, sécurisant notre connexion au net mondial, ouvrirait bien plus de portes : « à ce moment-là on parlerait vraiment d’avoir des hubs, donc d’avoir le serveur principal à Tahiti pour rayonner dans les pays autour de nous. Là on passe à un autre niveau de business qui est beaucoup plus intéressant entre l’Amérique du Sud, l’Australie et l’Asie. Mais pour ça il faut attendre d’avoir un deuxième câble. » Selon certaines analyses de l’industrie, ce nouveau business pourrait générer jusqu’à 20 milliards de Fcfp de devises annuelles pour l’économie du Territoire avec un câble trans-pacifique allant du Chili à l’Asie ou à Nouméa.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 20 Août 2014 à 17:35 | Lu 5609 fois