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Le père incestueux condamné à 12 ans de prison ferme


En ce deuxième jour de procès, l'accusé s'est montré très abattu.
En ce deuxième jour de procès, l'accusé s'est montré très abattu.
Le quadragénaire poursuivi pour des viols et des agressions sexuelles commis sur sa fille de 14 ans, avec laquelle il avait eu un enfant, a été condamné à 12 ans de prison par la cour d'assises. Lors de sa plaidoirie, son avocat a souligné la nécessité de mettre en place des plans de prévention afin de briser ce « tabou de l'inceste ». L'accusé dispose de dix jours pour faire appel de sa condamnation.

Au terme de deux jours de procès devant la cour d'assises, le père incestueux, qui avait commis plusieurs viols sur sa fille mineure, a été condamné à  12 ans de prison.

Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, l'avocat général, Thomas Pison, avait fustigé la vie brisée de la victime : « Qu'a-t-on fait de son enfance, de son insouciance ? Elle est devenue mère à 15 ans du fruit du viol de son propre père ! Les incestes, les viols sur mineurs ne sont pas une fatalité. Nous ne pouvons laisser une société à l'abandon et ses enfants sans protection ». Pour le représentant du ministère public, qui avait requis 18 ans de réclusion criminelle, la victime se trouvait dans un conflit de loyauté : « elle l'aimait mais c'était aussi un violeur. Elle se trouvait dans un double sentiment de culpabilité vis à vis de son père mais aussi de sa mère malade ». Sur le risque de récidive, l'avocat général avait ensuite rappelé que l'accusé a déjà été condamné par le passé pour des faits similaires : « cette peine ne l'avait pas dissuadé. Comme l'a rappelé la psychologue, l'accusé choisira toujours le plaisir instantané ».

« Réduire un acte à un homme »

Lors de sa plaidoirie, le conseil de la défense, Me Varaud avait tenu à rappeler son rôle en qualité d'avocat : « je voudrais expliquer pourquoi j'assiste cet homme. J'essaye avec vous de trouver la peine qui est la plus juste car nous ne sommes pas forcément des adversaires. Lorsque l'on me demande comment je peux défendre un violeur, cela consiste à réduire un acte à un homme ». L'avocat avait ensuite abordé la personnalité de son client : « dans son silence, il ne faut pas voir un déni de culpabilité. Tel qu'il me l'a expliqué, il n'arrive pas à trouver les mots car il a honte. Ce silence est un aveu d'humilité. Cet homme est devenu père alors qu'il n'a jamais eu de modèle paternel stable et efficace. C'est un individu pas intellectuellement et socialement pas construit, une personne solitaire et très renfermée. »
 
Au terme de sa plaidoirie, Me Varaud avait à juste titre, soulevé le tabou de l'inceste dans la société : « Il n'y a aucune prévention sur ce sujet en Polynésie. Il faut en parler car la réponse pénale ne peut se résumer à une vengeance sociale ».

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 26 Février 2019 à 22:37 | Lu 781 fois