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Le parti communiste doit 9 millions de Fcfp au Tavini


(Crédit : Thomas COEX/AFP).
(Crédit : Thomas COEX/AFP).
Tahiti, le 12 juillet 2023 – Le Tapura, A Here ia Porinetia, Amuitahira'a et Hau Ma'ohi Ti'ama se partageront 9,8 millions de Fcfp d'aide publique versée par l'État en 2023 pour le financement des partis politiques. Une manne financière non négligeable octroyée au regard des résultats du premier tour des élections législatives. Le Tavini ayant couru sous la bannière Nupes, et étant affilié au Parti communiste français, c'est le PCF qui lui “réserve” les sommes auxquelles il a droit et qui s'élèvent à 9 millions de Fcfp.
 
Les campagnes électorales coûtent cher. Mais être élu peut aussi rapporter gros. La loi de 1988 relative à la transparence financière de la vie politique détermine le montant de l'aide publique allouée aux partis politiques ayant présenté au moins un candidat aux élections législatives. Il faut savoir en effet qu'en dehors du remboursement des frais de campagne, les formations politiques perçoivent annuellement des subventions durant toute la mandature.

Ce mardi 11 juillet, le décret de répartition de l'aide publique aux partis politiques a été publié au Journal officiel. Le montant de cette aide publique est partagé en deux fractions. La première est proportionnelle au nombre de suffrages recueillis au premier tour de scrutin des élections législatives et donne droit à une subvention de 192 Fcfp (1,61 euros) par suffrage obtenu et par an durant les 5 ans du mandat législatif. Pour cette année 2023, le montant total de l'aide de l'État aux partis politiques locaux s'élève curieusement à 9,8 millions de Fcfp répartis entre seulement quatre partis.

Près de 10 millions pour quatre partis locaux

Ainsi, le Tapura Huiraatira ayant obtenu 30 758 voix lors du premier tour des élections législatives de juin 2022, percevra chaque année 5,9 millions de Fcfp (49 627 euros) jusqu'au prochain renouvellement de l'Assemblée nationale prévu en 2027. A Here i a Porinetia et ses 11 668 voix, a droit à une subvention annuelle de 2,2 millions de Fcfp (18 826 euros), tandis que le Amuitahira'a o te nuna'a maohi se voit allouer une aide d'1,6 million de Fcfp (13 619 euros) par an. Enfin, avec 372 voix, le Hau Ma'ohi Ti'ama de Tauhiti Nena bénéficiera d'une enveloppe de 71 400 Fcfp (600 euros) par an.

Quid du Tavini Huiraatira qui a pourtant remporté ces élections législatives avec trois députés ? Fort de 23 490 suffrages recueillis en sa faveur au premier tour, il devrait en effet avoir droit à une dotation de 4,5 millions de Fcfp (37 818 euros) chaque année. Sauf que le parti indépendantiste ne figure nulle part sur la liste des bénéficiaires de cette première fraction de l'aide publique. Pas plus que sur la seconde d'ailleurs.

Pas d'aide publique directe pour le Tavini

Pourquoi ?  Tout simplement parce que les candidats bleu ciel ne se sont pas présentés sous leur bannière Tavini mais sous celle de la Nupes (coalition de plusieurs partis de gauche, dont le PCF, formée pour présenter des candidatures communes aux élections législatives de juin 2022). Résultat, cette aide publique de l'État ne leur est pas directement allouée. Elle se trouve diluée dans l'enveloppe allouée au Parti communiste français auquel les élus Tavini sont affiliés à l'Assemblée nationale. Car une fois les élections passées, chaque parti a repris ses billes.

Idem pour la seconde fraction qui, elle, est spécifiquement destinée au financement des partis et groupements politiques représentés au Parlement (Assemblée nationale et Sénat). Elle est répartie en fonction du nombre de parlementaires élus et s'établit – comme pour la mandature précédente – à 4,4 millions de Fcfp par an (37 119 euros) pour chaque député ou sénateur. C'est donc la somme dévolue au Tapura Huiraatira qui depuis sa défaite aux législatives et le départ de Teva Rohfritsch, ne dispose plus que d'un seul parlementaire, la sénatrice Lana Tetuanui.

Le PCF “réserve les sommes”

Dans le décret publié, c'est le seul parti qui bénéficie de cette deuxième fraction, puisqu'encore une fois, le Tavini n'y figure pas. Or avec trois députés élus (Steve Chailloux, Tematai Legayic et Moetai Brotherson, remplacé depuis par sa suppléante Mereana Reid-Arbelot), cela représente quand même 14,2 millions de Fcfp par an ! Un manque à gagner pour le Tavini ? Non, répond le président Moetai Brotherson : “Pour des raisons de gestion nous nous sommes affiliés au PCF qui nous réserve bien les sommes auxquelles nous donnent droit les trois députés”, a-t-il ainsi assuré à Tahiti Infos.

Les partis de Nicole Sanquer (AHIP), de Gaston Flosse (Amuitahira'a o te nuna'a maohi) et de Tauhiti Nena (Hau Ma'ohi Ti'ama) n'ayant pas de parlementaires, ils ne touchent pas un franc de cette deuxième fraction. Logique.

On fait les comptes

Récapitulons donc : les compteurs restent bloqués aux montants précités pour ces trois partis. Le Tapura en revanche, dispose au total de 10,3 millions de Fcfp : 5,9 millions par an jusqu'en 2027 au titre de la première fraction, et 4,4 millions par an au titre de la seconde fraction, mais seulement jusqu'en 2026 puisque les prochaines élections sénatoriales sont prévues à cette échéance. Le Tapura pourrait alors doubler sa mise... ou tout perdre. De son côté, le Tavini engrange 8,9 millions de Fcfp (4,5 millions de la première fraction et 4,4 de la seconde) via le PCF, et pourrait grossir sa cagnotte s'il venait à gagner un ou deux sénateurs.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 12 Juillet 2023 à 17:15 | Lu 3687 fois