Tahiti Infos

Le “oui mais” de Moetai Brotherson au nouveau mode de scrutin


credit photo APF
credit photo APF
Tahiti, le 20 juin 2024 – Oui à une réforme du mode de scrutin, à condition qu'elle soit assortie de l'élection du président du Pays au suffrage universel direct. C'est en substance ce qu'a répondu Moetai Brotherson à Nuihau Laurey qui l'interrogeait ce jeudi matin à l'assemblée. Le président du Pays n'a pas manqué de moucher le représentant Ahip qui s'est retrouvé à la place de l'arroseur arrosé.
 
Comme l'évoquait Tahiti Infos ce mercredi, Nuihau Laurey a interpellé le président du Pays lors de la séance de questions orales, ce jeudi matin à l'assemblée, pour lui demander s'il soutiendrait la résolution qu'il compte déposer bientôt et qui vise à réformer le mode de scrutin. Un sujet qu'il remet sur la table tandis que la campagne pour les élections législatives anticipées a démarré et que le premier tour est prévu dans neuf petits jours.
 
Hasard du calendrier ou “opportunité” politique ? Le président du Pays s'interroge mais préfère ne pas douter de la “conviction” de Nuihau Laurey à vouloir véritablement “changer ce système électoral”. Un mode de scrutin, et surtout sa prime majoritaire de 19 sièges, qui “oblige à des unions contre-nature”, “conduit à restreindre l'offre politique” et “favorise l'abstention”, a ainsi pointé du doigt le représentant de A here ia Porinetia (Ahip).
 
Bien mal lui en a pris. Moetai Brotherson a retenu le premier argument pour le lui renvoyer à la figure : “C'est vrai qu'on voit en ce moment une alliance contre-nature, une énième plate-forme autonomiste vouée à l'échec. Au sein de cette alliance contre-nature, vous avez d'un côté le microparti du père de cette prime majoritaire, monsieur Flosse, et de l'autre, le Tapura Huira'atira qui a toujours été opposé à la modification de cette prime majoritaire”, lui a ainsi rétorqué le président du Pays, qui émet de sérieux doutes quant au “soutien” que Nuihau Laurey pourrait avoir dans sa démarche au sein de cette fameuse “alliance”.
 
Un vœu pieux
 
“Moi, je vais vous dire oui”, lui a lancé le président Brotherson qui tempère immédiatement : “Mais gardons-nous de replonger la Polynésie dans l'instabilité où les caprices d'un ou deux faisaient basculer les majorités”. Le chef de l'exécutif met une condition à son soutien. Que Nuihau Laurey inscrive dans le marbre de sa résolution le fait de défendre “l'inscription d'une élection du président de Mā’ohi Nui au suffrage universel direct”. Là encore, c'est un vieux serpent de mer et surtout, un vœu pieux puisque seul le président de la République peut être élu au suffrage universel.
 
Le Tavini a donc changé d'avis depuis un an. En effet, si la révision du mode de scrutin était écrite noir sur blanc dans le programme du parti pour les dernières territoriales, elle ne semble finalement plus si urgente aujourd'hui. Les majorités changent mais les convictions aussi. Le président Brotherson donne ainsi finalement raison à Nuihau Laurey qui rappelait dans sa question que ce système électoral “dénoncé par toutes les minorités que le subissent” finit “malheureusement par être apprécié par toutes les majorités au pouvoir, jusqu'à la défaite”.

Réponse technique à une question politique

Adressée au président du Pays, c'est son ministre de l'Économie et des Finances qui a répondu à la question de Tepuaraurii Teriitahi puisque c'est son cabinet qui vient d'embaucher un fonctionnaire de la Direction générale des outre-mer comme conseiller technique. L'élue du Tapura se dit “étonnée” que le gouvernement “continue de procéder à des recrutements de fonctionnaires d'État, originaires de métropole, pour occuper des fonctions au sein des cabinets ministériels” alors que ce même gouvernement n'a de cesse de vouloir promouvoir l'emploi local.

Une question plutôt politique qui trouvera une réponse courte et technique de la part de Tevaiti Pomare. Le ministre a d'abord expliqué que le gouvernement “respecte la règlementation” précisant que concernant les recrutements, chaque administration ou chaque ministère est libre “de procéder à la sélection des profils en fonction des besoins en compétences et en savoir-faire”, mais que pour le cas d'espèce, il n'avait pas trouvé chaussure à son pied parmi les cadres polynésiens. La faute, dit-il, aux gouvernements antérieurs qui ne se sont pas suffisamment “impliqués” dans l'océanisation des cadres.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 20 Juin 2024 à 15:10 | Lu 4434 fois