Paris, France | AFP | samedi 26/08/2016 - Petit, rond, sautillant, le moineau est une figure familière de Paris mais ses effectifs fondent à une vitesse accélérée, au point qu'il a quasiment disparu par endroits, victime notamment de la "gentrification" de la capitale.
"La chute est globale et très importante: depuis 2010, est-ce que c'est 50% des effectifs qui ont disparu ou plus, je suis incapable de le préciser, mais on est dans ces ordres-là", dit Frédéric Malher, président du Centre ornithologique d'Ile-de-France (Corif) qui les compte depuis 13 ans avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
"La baisse a été relativement légère mais régulière les dix premières années, mais elle s'est vraiment accélérée depuis", ajoute-t-il, tout en soulignant que des chiffres précis ne sont pas encore disponibles.
Ils devraient l'être fin 2016-début 2017, après le traitement des données collectées par le Muséum national d'histoire naturelle.
"On a la sensation qu'il y a nettement moins de moineaux" à Paris et que le phénomène s'est accéléré ces dernières années, approuve Maxime Zucca, ornithologue à Natureparif, l'organisme chargé de surveiller la biodiversité en Ile-de-France.
Quantifier le déclin de "passer domesticus", alias le moineau domestique, est difficile "parce qu'on n'a jamais eu d'estimation fiable" de ses populations, explique-t-il. Il faudrait "des milliers d'ornithologues pour tout dénombrer, du coup on extrapole à partir des comptages effectués ici et là".
Selon Olivier Païkine, ornithologue chargé d'études à la LPO Ile-de-France, Paris intra-muros (hors Bois de Boulogne et de Vincennes) abritait "5.000 à 10.000 couples" de moineaux en 2010 alors qu'en 1962, leur population était estimée à "43.000 couples".
"Il y a des endroits où ils ont quasiment disparu", relève-t-il, faisant état d'"un effondrement" dans les 11e et 15e arrondissements.
Au niveau national, de 2004 à 2014, la population de moineaux a connu "un déclin relativement faible: moins 17%", indique M. Malher. En Ile-de-France, la baisse a été "un peu plus forte: moins 28%".
- Pas de cause unique -
Les causes de ce déclin ne sont pas connues avec précision. La question alimente les recherches et plusieurs hypothèses sont avancées.
"Il n'y a sûrement pas une cause unique", souligne M. Malher pour qui les pierrots parisiens sont surtout confrontés à des problèmes d'habitat et de nourriture.
"Le moineau fait son nid dans un trou (...) il aime bien les bâtiments un peu déglingués, donc quand on rénove un bâtiment ancien, on fait disparaître" son habitat, explique-t-il.
Si on dénombre souvent plus de moineaux dans les quartiers populaires, c'est aussi parce qu'ils comptent "plus de friches, d'espaces délaissés", souligne M. Zucca.
Un environnement indispensable aux piafs pour se fournir en insectes destinés à leur progéniture. Or dans l'agglomération parisienne (Paris et les trois départements limitrophes), les friches ont diminué de moitié en 30 ans.
Le moineau serait donc victime de la "gentrification" de la capitale qui a touché des arrondissements autrefois populaires comme le 11e.
Certains incriminent aussi l'épervier, apparu récemment à Paris, parce qu'il se nourrit d'oiseaux.
Les pesticides peuvent aussi jouer un rôle mais ils ne sont plus guère utilisés que dans les jardins privés.
Et les moineaux semblent plutôt bien tolérer la pollution sonore, dont le bruit de la circulation qui, selon une étude parue en 2015, pourrait réduire leur espérance de vie.
Autre piste: les ondes, en forte augmentation. Il a été montré que les ondes radio perturbent le système d'orientation des rouges-gorges.
Concernant les moineaux, "il pourrait y avoir quelque chose à chercher sur toutes les ondes présentes en ville" mais cette hypothèse n'est "pas du tout vérifiée", souligne M. Zucca.
"Passer domesticus" n'est pas la seule espèce dont la population diminue à Paris: confrontés au même problème de nourriture, d'autres granivores, comme le serin cini, le chardonneret ou le verdier, subissent le même sort.
Et le moineau ne se porte pas mieux dans de nombreuses grandes villes européennes, souligne M. Païkine. "C'est à Londres qu'a été remarquée pour la première fois la chute de ses effectifs: moins 60% entre 1994 et 2000". Depuis, outre Paris, des baisses ont été notées à Berlin, Bruxelles, Prague, Moscou, Amsterdam, Edimbourg, Hambourg, Milan, Florence...
"La chute est globale et très importante: depuis 2010, est-ce que c'est 50% des effectifs qui ont disparu ou plus, je suis incapable de le préciser, mais on est dans ces ordres-là", dit Frédéric Malher, président du Centre ornithologique d'Ile-de-France (Corif) qui les compte depuis 13 ans avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
"La baisse a été relativement légère mais régulière les dix premières années, mais elle s'est vraiment accélérée depuis", ajoute-t-il, tout en soulignant que des chiffres précis ne sont pas encore disponibles.
Ils devraient l'être fin 2016-début 2017, après le traitement des données collectées par le Muséum national d'histoire naturelle.
"On a la sensation qu'il y a nettement moins de moineaux" à Paris et que le phénomène s'est accéléré ces dernières années, approuve Maxime Zucca, ornithologue à Natureparif, l'organisme chargé de surveiller la biodiversité en Ile-de-France.
Quantifier le déclin de "passer domesticus", alias le moineau domestique, est difficile "parce qu'on n'a jamais eu d'estimation fiable" de ses populations, explique-t-il. Il faudrait "des milliers d'ornithologues pour tout dénombrer, du coup on extrapole à partir des comptages effectués ici et là".
Selon Olivier Païkine, ornithologue chargé d'études à la LPO Ile-de-France, Paris intra-muros (hors Bois de Boulogne et de Vincennes) abritait "5.000 à 10.000 couples" de moineaux en 2010 alors qu'en 1962, leur population était estimée à "43.000 couples".
"Il y a des endroits où ils ont quasiment disparu", relève-t-il, faisant état d'"un effondrement" dans les 11e et 15e arrondissements.
Au niveau national, de 2004 à 2014, la population de moineaux a connu "un déclin relativement faible: moins 17%", indique M. Malher. En Ile-de-France, la baisse a été "un peu plus forte: moins 28%".
- Pas de cause unique -
Les causes de ce déclin ne sont pas connues avec précision. La question alimente les recherches et plusieurs hypothèses sont avancées.
"Il n'y a sûrement pas une cause unique", souligne M. Malher pour qui les pierrots parisiens sont surtout confrontés à des problèmes d'habitat et de nourriture.
"Le moineau fait son nid dans un trou (...) il aime bien les bâtiments un peu déglingués, donc quand on rénove un bâtiment ancien, on fait disparaître" son habitat, explique-t-il.
Si on dénombre souvent plus de moineaux dans les quartiers populaires, c'est aussi parce qu'ils comptent "plus de friches, d'espaces délaissés", souligne M. Zucca.
Un environnement indispensable aux piafs pour se fournir en insectes destinés à leur progéniture. Or dans l'agglomération parisienne (Paris et les trois départements limitrophes), les friches ont diminué de moitié en 30 ans.
Le moineau serait donc victime de la "gentrification" de la capitale qui a touché des arrondissements autrefois populaires comme le 11e.
Certains incriminent aussi l'épervier, apparu récemment à Paris, parce qu'il se nourrit d'oiseaux.
Les pesticides peuvent aussi jouer un rôle mais ils ne sont plus guère utilisés que dans les jardins privés.
Et les moineaux semblent plutôt bien tolérer la pollution sonore, dont le bruit de la circulation qui, selon une étude parue en 2015, pourrait réduire leur espérance de vie.
Autre piste: les ondes, en forte augmentation. Il a été montré que les ondes radio perturbent le système d'orientation des rouges-gorges.
Concernant les moineaux, "il pourrait y avoir quelque chose à chercher sur toutes les ondes présentes en ville" mais cette hypothèse n'est "pas du tout vérifiée", souligne M. Zucca.
"Passer domesticus" n'est pas la seule espèce dont la population diminue à Paris: confrontés au même problème de nourriture, d'autres granivores, comme le serin cini, le chardonneret ou le verdier, subissent le même sort.
Et le moineau ne se porte pas mieux dans de nombreuses grandes villes européennes, souligne M. Païkine. "C'est à Londres qu'a été remarquée pour la première fois la chute de ses effectifs: moins 60% entre 1994 et 2000". Depuis, outre Paris, des baisses ont été notées à Berlin, Bruxelles, Prague, Moscou, Amsterdam, Edimbourg, Hambourg, Milan, Florence...