Cotonou, Bénin | AFP | lundi 22/06/2015 - Pour admirer les toiles du Béninois Cyprien Tokoudagba ou les élégantes coiffures nigérianes du photographe J.D. Okhai Ojeikere, plus besoin de se déplacer au musée: il suffit désormais de télécharger une application, pensée et réalisée au Bénin.
Le principe de "Wakpon" ("viens voir" en fon, la langue locale la plus parlée au Bénin) est simple: il s'agit d'imprimer 10 images, sortes de patchworks de pagnes africains, sur des feuilles A4, puis de les viser avec un smartphone ou une tablette sur lesquels on aura préalablement téléchargé gratuitement l'application. Comme par magie, un tableau ou une photo apparaissent alors, assortis d’un commentaire didactique sur l'œuvre et l'artiste.
"Cette application est formidable. Grâce à elle, les peuples africains pourront avoir accès à leur culture, à leurs artistes qui sont reconnus dans le monde entier et qu’ils ne peuvent pas voir, faute de lieux d'exposition, de moyens ou de visas...", s'enthousiasme le plasticien béninois Romuald Hazoumé, déjà exposé dans les grandes capitales occidentales, dont les œuvres sont montrées sur Wakpon.
En tout, 44 œuvres de 10 artistes différents sont disponibles.
C'est la fondation Zinsou, installée au Bénin et dédiée à l'art contemporain africain, qui, pour célébrer sa première décennie, a décidé de lancer cette application en piochant dans une sélection de sa propre collection.
Le principe de "Wakpon" ("viens voir" en fon, la langue locale la plus parlée au Bénin) est simple: il s'agit d'imprimer 10 images, sortes de patchworks de pagnes africains, sur des feuilles A4, puis de les viser avec un smartphone ou une tablette sur lesquels on aura préalablement téléchargé gratuitement l'application. Comme par magie, un tableau ou une photo apparaissent alors, assortis d’un commentaire didactique sur l'œuvre et l'artiste.
"Cette application est formidable. Grâce à elle, les peuples africains pourront avoir accès à leur culture, à leurs artistes qui sont reconnus dans le monde entier et qu’ils ne peuvent pas voir, faute de lieux d'exposition, de moyens ou de visas...", s'enthousiasme le plasticien béninois Romuald Hazoumé, déjà exposé dans les grandes capitales occidentales, dont les œuvres sont montrées sur Wakpon.
En tout, 44 œuvres de 10 artistes différents sont disponibles.
C'est la fondation Zinsou, installée au Bénin et dédiée à l'art contemporain africain, qui, pour célébrer sa première décennie, a décidé de lancer cette application en piochant dans une sélection de sa propre collection.
- 'La culture est un droit, pas un luxe' -
"Depuis 10 ans, la fondation Zinsou s'attache à faire découvrir l'art contemporain à des populations qui n'y ont pas accès, parce que nous pensons que la culture est un droit, pas un luxe", explique sa présidente Marie-Cécile Zinsou.
Cette trentenaire franco-béninoise débordante d'idées et d'énergie a convaincu son père, Lionel Zinsou, qui vient d'être nommé Premier ministre du Bénin, de financer une fondation quand elle a réalisé, lors d'une mission dans ce pays pour l'ONG SOS villages d'enfants, qu'il n'y avait pas de musées où leur montrer l'art de leur continent.
Ainsi, depuis 2005, la salle d'exposition de la fondation à Cotonou propose gratuitement des expositions de grande qualité d'artistes béninois et étrangers. Comme celle consacrée au peintre pop américain d'origine haïtienne Jean-Michel Basquiat, en 2007, qui fut une première pour cet artiste sur le continent africain.
En 2013, la fondation Zinsou a aussi ouvert un musée dans une vieille bâtisse d'inspiration brésilienne de l'ancien port d'esclaves de Ouidah, à une quarantaine de kilomètres de Cotonou.
En dix ans, elle a accueilli près de cinq millions de visiteurs dont 70% d'enfants, qui la première fois viennent souvent avec leur classe, puis reviennent seuls... et finissent par emmener leur famille.
Wakpon s'inscrit "dans cette veine, mais on change d'échelle et ça permet de démultiplier notre action", estime Mme Zinsou.
Un développeur franco-béninois de 32 ans installé à Paris, Pierrick Chabi, s'est chargé de la conception de Wakpon. Sa spécialité: "la technique de la réalité augmentée", qui mêle réel et virtuel à partir d'images clés reconnues par le système de l'application.
Cette technologie existe depuis 10 ans mais "n'avait jamais été utilisée pour dématérialiser un musée", explique-t-il à l'AFP.
Entré en contact avec Mme Zinsou via les réseaux sociaux, M. Chabi a fait le voyage jusqu'au musée de Ouidah et a ensuite proposé de le "projeter ailleurs".
- 'Le musée de demain' -
Cette innovation béninoise a été financée par l'IDI, un fonds d'investissement français.
Les artistes concernés ont tous cédé leurs droits, pour permettre l'utilisation de l'application dans divers cadres (écoles, musées...) sans avoir à demander moult autorisations préalables.
Il faut certes être connecté à internet pour télécharger l'application, mais elle fonctionne ensuite sans internet, un vrai plus en Afrique où les connexions sont parfois hasardeuses et souvent onéreuses.
Loin de remplacer les musées, Wakpon est une bonne façon de donner envie de s'y déplacer, estime l'artiste Romuald Hazoumé.
"C'est comme un appât. Les gens connaîtront les œuvres, leur histoire et voudront les voir en vrai! C'est le musée de demain et c'est ce que devraient faire toutes les grosses collections", juge-t-il.
Ce sera peut-être bientôt le cas. Les concepteurs ont été approchés par des musées à Paris et à New York.
Désormais à Cotonou, les visites à la fondation Zinsou se terminent par une démonstration de Wakpon.
"C'est génial! Mon cousin a un bon téléphone, je vais le supplier d'activer l'application et tout le quartier va regarder!", s'émerveille Obed, 15 ans, venu s'imbiber d'art avec sa classe.
Augustin Essii Essii, un étudiant camerounais de 23 ans, rêve déjà de montrer les œuvres dans son pays: "On peut transférer le musée au Cameroun, il faut juste une petite salle et des posters... C'est un moyen de divulguer l'art", dit-il.
"En Afrique, on a tendance à penser que la culture viendra après, quand les pays seront développés et que les économies auront émergé", relève Mme Zinsou. "Mais non. La culture, c’est essentiel (au) développement".
"Depuis 10 ans, la fondation Zinsou s'attache à faire découvrir l'art contemporain à des populations qui n'y ont pas accès, parce que nous pensons que la culture est un droit, pas un luxe", explique sa présidente Marie-Cécile Zinsou.
Cette trentenaire franco-béninoise débordante d'idées et d'énergie a convaincu son père, Lionel Zinsou, qui vient d'être nommé Premier ministre du Bénin, de financer une fondation quand elle a réalisé, lors d'une mission dans ce pays pour l'ONG SOS villages d'enfants, qu'il n'y avait pas de musées où leur montrer l'art de leur continent.
Ainsi, depuis 2005, la salle d'exposition de la fondation à Cotonou propose gratuitement des expositions de grande qualité d'artistes béninois et étrangers. Comme celle consacrée au peintre pop américain d'origine haïtienne Jean-Michel Basquiat, en 2007, qui fut une première pour cet artiste sur le continent africain.
En 2013, la fondation Zinsou a aussi ouvert un musée dans une vieille bâtisse d'inspiration brésilienne de l'ancien port d'esclaves de Ouidah, à une quarantaine de kilomètres de Cotonou.
En dix ans, elle a accueilli près de cinq millions de visiteurs dont 70% d'enfants, qui la première fois viennent souvent avec leur classe, puis reviennent seuls... et finissent par emmener leur famille.
Wakpon s'inscrit "dans cette veine, mais on change d'échelle et ça permet de démultiplier notre action", estime Mme Zinsou.
Un développeur franco-béninois de 32 ans installé à Paris, Pierrick Chabi, s'est chargé de la conception de Wakpon. Sa spécialité: "la technique de la réalité augmentée", qui mêle réel et virtuel à partir d'images clés reconnues par le système de l'application.
Cette technologie existe depuis 10 ans mais "n'avait jamais été utilisée pour dématérialiser un musée", explique-t-il à l'AFP.
Entré en contact avec Mme Zinsou via les réseaux sociaux, M. Chabi a fait le voyage jusqu'au musée de Ouidah et a ensuite proposé de le "projeter ailleurs".
- 'Le musée de demain' -
Cette innovation béninoise a été financée par l'IDI, un fonds d'investissement français.
Les artistes concernés ont tous cédé leurs droits, pour permettre l'utilisation de l'application dans divers cadres (écoles, musées...) sans avoir à demander moult autorisations préalables.
Il faut certes être connecté à internet pour télécharger l'application, mais elle fonctionne ensuite sans internet, un vrai plus en Afrique où les connexions sont parfois hasardeuses et souvent onéreuses.
Loin de remplacer les musées, Wakpon est une bonne façon de donner envie de s'y déplacer, estime l'artiste Romuald Hazoumé.
"C'est comme un appât. Les gens connaîtront les œuvres, leur histoire et voudront les voir en vrai! C'est le musée de demain et c'est ce que devraient faire toutes les grosses collections", juge-t-il.
Ce sera peut-être bientôt le cas. Les concepteurs ont été approchés par des musées à Paris et à New York.
Désormais à Cotonou, les visites à la fondation Zinsou se terminent par une démonstration de Wakpon.
"C'est génial! Mon cousin a un bon téléphone, je vais le supplier d'activer l'application et tout le quartier va regarder!", s'émerveille Obed, 15 ans, venu s'imbiber d'art avec sa classe.
Augustin Essii Essii, un étudiant camerounais de 23 ans, rêve déjà de montrer les œuvres dans son pays: "On peut transférer le musée au Cameroun, il faut juste une petite salle et des posters... C'est un moyen de divulguer l'art", dit-il.
"En Afrique, on a tendance à penser que la culture viendra après, quand les pays seront développés et que les économies auront émergé", relève Mme Zinsou. "Mais non. La culture, c’est essentiel (au) développement".