PARIS, 21 octobre 2013 (AFP) - Le prix très élevé des deux EPR qu'EDF va bâtir au Royaume-Uni a relancé la polémique sur le coût du nucléaire, jugé hors de prix par ses détracteurs, mais défendu par les autorités britanniques comme une énergie compétitive.
L'accord entre le géant français de l'électricité et le gouvernement britannique, officialisé ce lundi, chiffre à pas moins de 16 milliards de livres (18,9 milliards d'euros) les deux EPR projetés par le géant français de l'électricité à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Ce montant colossal dépasse les quelque 15 milliards d'euros évoqués jusqu'ici.
Selon EDF, cela recouvre 14 milliards de livres pour la construction proprement dite des réacteurs, plus 2 milliards de livres de dépenses annexes (achat de terrains, obtention des autorisations, installation de stockage de combustible usé, formation du personnel d'exploitation).
Le coût de la construction seule revient ainsi autour de 8,2 milliards d'euros par réacteur, presque autant que les 8,5 milliards du prototype français d'EPR construit par EDF à Flamanville (Manche), qui constitue pourtant une contre-référence avec un prix triplé par rapport au budget initial et une mise en service retardée de 4 ans, en 2016.
EDF a assuré néanmoins qu'il réaliserait des économies en Angleterre grâce aux acquis de Flamanville et des trois autres EPR en chantier dans le monde. Mais elles seront entièrement compensées par des coûts additionnels, liés aux spécificités du site britannique.
"A Flamanville, nous construisons l'EPR sur un site déjà préparé, ce qui n'est pas le cas pour Hinkley Point C, où nous devons repartir de zéro", a expliqué lors d'une téléconférence Vincent de Rivaz, patron de la filiale britannique d'EDF.
Prix d'achat garanti pour l'électricité produite
Les fondations de la centrale seront beaucoup plus onéreuses qu'à Flamanville et le groupe devra construire deux tunnels d'arrivée d'eau de 3,6 km de long, a plaidé EDF, qui prévoit d'utiliser 30% de béton en plus par rapport à Flamanville.
Côté financement, EDF bénéficiera d'une garantie publique du Royaume-Uni qui lui permettra d'emprunter à taux réduit et, surtout, d'un prix garanti pour l'électricité produite par ses EPR anglais, fixé à 92,5 livres (109 euros) par mégawattheure, ou 89,5 L en cas de construction de deux autres EPR à Sizewell (est de l'Angleterre). Soit plus du double du prix actuel de l'électricité au Royaume-Uni.
Dès vendredi, Greenpeace, qui accuse déjà l'EPR d'être plus onéreux que certaines énergies renouvelables comme les éoliennes terrestres, avait jugé que "ce prix d'achat garantirait à EDF d'être payé très cher et principalement par le contribuable britannique pour une énergie dangereuse et incertaine".
De son côté, le réseau d'ONG français Sortir du Nucléaire a dénoncé "des subventions éhontées qui mettent à mal le mythe du nucléaire bon marché".
Au contraire, le ministre britannique de l'Energie, Ed Davey, voit dans cet accord une "excellente nouvelle pour la Grande-Bretagne et les consommateurs britanniques", assurant que "ce projet est compétitif par rapport au gaz et aux autres sources d'énergies propres", et que les gains éventuels seront partagés avec les consommateurs.
En effet, ce prix d'achat prendra la forme d'un "contract for difference", un mécanisme qui assurera à EDF de toucher ce niveau (indexé sur l'inflation) quoiqu'il arrive, ni plus ni moins. EDF, qui table sur un taux de rentabilité de 10% pour Hinkley Point, verra donc ses profits plafonnés, au bénéfice des consommateurs britanniques, si l'affaire s'avérait plus juteuse.
A l'inverse, si le coût du chantier dérape, le surcoût sera à la charge d'EDF et de ses partenaires minoritaires (Areva et les chinois CGN et CNNC).
Seul l'avenir dira à qui bénéficiera le plus l'accord: Hinkley Point C ne sera mis en service qu'en 2023 et bénéficiera ensuite du prix garanti durant 35 ans, jusqu'au-delà de 2050.
Mais, pour Antony Froggatt, chercheur à l'institut Chatam House, alors que certains espéraient que ce projet marquerait le rétablissement du nucléaire après Fukushima, il "souligne surtout les coûts des nouveaux réacteurs et à quel point ils ont besoin de garanties et soutiens gouvernementaux multiples".
En attendant, ces chiffrages vont continuer d'alimenter les passes d'armes en France comme au Royaume-Uni sur les prix de l'énergie. Gouvernement et opposition britannique s'affrontent depuis un mois sur ce terrain, pendant que des fournisseurs (dont Npower ce lundi) relèvent copieusement leurs tarifs.
L'accord entre le géant français de l'électricité et le gouvernement britannique, officialisé ce lundi, chiffre à pas moins de 16 milliards de livres (18,9 milliards d'euros) les deux EPR projetés par le géant français de l'électricité à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Ce montant colossal dépasse les quelque 15 milliards d'euros évoqués jusqu'ici.
Selon EDF, cela recouvre 14 milliards de livres pour la construction proprement dite des réacteurs, plus 2 milliards de livres de dépenses annexes (achat de terrains, obtention des autorisations, installation de stockage de combustible usé, formation du personnel d'exploitation).
Le coût de la construction seule revient ainsi autour de 8,2 milliards d'euros par réacteur, presque autant que les 8,5 milliards du prototype français d'EPR construit par EDF à Flamanville (Manche), qui constitue pourtant une contre-référence avec un prix triplé par rapport au budget initial et une mise en service retardée de 4 ans, en 2016.
EDF a assuré néanmoins qu'il réaliserait des économies en Angleterre grâce aux acquis de Flamanville et des trois autres EPR en chantier dans le monde. Mais elles seront entièrement compensées par des coûts additionnels, liés aux spécificités du site britannique.
"A Flamanville, nous construisons l'EPR sur un site déjà préparé, ce qui n'est pas le cas pour Hinkley Point C, où nous devons repartir de zéro", a expliqué lors d'une téléconférence Vincent de Rivaz, patron de la filiale britannique d'EDF.
Prix d'achat garanti pour l'électricité produite
Les fondations de la centrale seront beaucoup plus onéreuses qu'à Flamanville et le groupe devra construire deux tunnels d'arrivée d'eau de 3,6 km de long, a plaidé EDF, qui prévoit d'utiliser 30% de béton en plus par rapport à Flamanville.
Côté financement, EDF bénéficiera d'une garantie publique du Royaume-Uni qui lui permettra d'emprunter à taux réduit et, surtout, d'un prix garanti pour l'électricité produite par ses EPR anglais, fixé à 92,5 livres (109 euros) par mégawattheure, ou 89,5 L en cas de construction de deux autres EPR à Sizewell (est de l'Angleterre). Soit plus du double du prix actuel de l'électricité au Royaume-Uni.
Dès vendredi, Greenpeace, qui accuse déjà l'EPR d'être plus onéreux que certaines énergies renouvelables comme les éoliennes terrestres, avait jugé que "ce prix d'achat garantirait à EDF d'être payé très cher et principalement par le contribuable britannique pour une énergie dangereuse et incertaine".
De son côté, le réseau d'ONG français Sortir du Nucléaire a dénoncé "des subventions éhontées qui mettent à mal le mythe du nucléaire bon marché".
Au contraire, le ministre britannique de l'Energie, Ed Davey, voit dans cet accord une "excellente nouvelle pour la Grande-Bretagne et les consommateurs britanniques", assurant que "ce projet est compétitif par rapport au gaz et aux autres sources d'énergies propres", et que les gains éventuels seront partagés avec les consommateurs.
En effet, ce prix d'achat prendra la forme d'un "contract for difference", un mécanisme qui assurera à EDF de toucher ce niveau (indexé sur l'inflation) quoiqu'il arrive, ni plus ni moins. EDF, qui table sur un taux de rentabilité de 10% pour Hinkley Point, verra donc ses profits plafonnés, au bénéfice des consommateurs britanniques, si l'affaire s'avérait plus juteuse.
A l'inverse, si le coût du chantier dérape, le surcoût sera à la charge d'EDF et de ses partenaires minoritaires (Areva et les chinois CGN et CNNC).
Seul l'avenir dira à qui bénéficiera le plus l'accord: Hinkley Point C ne sera mis en service qu'en 2023 et bénéficiera ensuite du prix garanti durant 35 ans, jusqu'au-delà de 2050.
Mais, pour Antony Froggatt, chercheur à l'institut Chatam House, alors que certains espéraient que ce projet marquerait le rétablissement du nucléaire après Fukushima, il "souligne surtout les coûts des nouveaux réacteurs et à quel point ils ont besoin de garanties et soutiens gouvernementaux multiples".
En attendant, ces chiffrages vont continuer d'alimenter les passes d'armes en France comme au Royaume-Uni sur les prix de l'énergie. Gouvernement et opposition britannique s'affrontent depuis un mois sur ce terrain, pendant que des fournisseurs (dont Npower ce lundi) relèvent copieusement leurs tarifs.