Tahiti Infos

Le massacre conjugal de Maupiti devant la cour d'assises


Tahiti, le 30 août 2023 – Le procès d'un pêcheur de 45 ans, jugé pour le meurtre de sa femme commis à Maupiti le 23 octobre 2020, s'est ouvert mercredi devant la cour d'assises. En ce premier jour d'audience, l'accusé, qui avait littéralement massacré la victime, a maintenu qu'il était possédé par un tūpāpa’u au moment des faits. 

Un peu moins de trois ans après le décès d'une mère de famille de 42 ans mortellement battue par son mari à Maupiti, le procès pour meurtre de ce dernier s'est ouvert mercredi devant la cour d'assises pour deux jours d'audience. Tel que l'a rappelé la présidente de la cour en préambule, les faits, d'une extrême violence, s'étaient déroulés dans la soirée du 23 octobre 2020 au domicile du couple, parents d'un adolescent alors âgé de 16 ans. Après avoir passé une grande partie de la journée à boire pas moins de 24 canettes de bière, l'accusé avait rejoint son domicile où sa femme se trouvait en compagnie d'une amie. Pris d'une soudaine crise de jalousie car son épouse envoyait des messages, l'homme avait cogné sa tête contre un mur avant de lui porter de nombreux coups de poing au visage en lui disant qu'il allait la “tabasser à mort”. L'enquête avait révélé que la malheureuse était en fait en train de communiquer avec sa belle-sœur. 

En ce premier jour de procès, les témoins – amis du couple, mūto’i de Maupiti et un gendarme ayant participé à l'enquête – sont venus décrire à la barre une scène d'une grande violence à l'issue de laquelle la victime avait été retrouvée au sol, le visage ensanglanté et tuméfié quand son mari était assis sur un siège, la tête baissée. Malgré l'intervention des pompiers, d'un médecin et d'une infirmière, la pauvre femme n'avait pas survécu à ses blessures. Les jurés de la cour d'assises ainsi que les proches de la victime ont d'ailleurs dû subir la projection des photos du cadavre sur lesquelles on pouvait constater la présence de nombreuses traces de coups sur tout le visage. Plusieurs proches de la défunte sont venus assister à ce procès. 

Un accusé violent et agressif

Il est également ressorti des témoignages que l'accusé, pêcheur de profession, était un homme “violent” et “agressif” quand il avait bu, un individu qui “semait la terreur” et dont “tout le monde avait peur”. Comme cela est souvent le cas dans le mécanisme qui mène aux féminicides, tout le monde savait – ou se doutait – qu'il frappait sa femme. Une victime dépeinte comme une personne “gentille” qui subissait les violences car elle l'“aimait”. Un témoin a d'ailleurs indiqué qu'il avait déjà vu l'accusé frapper sa femme avec une bouteille de whisky et une rame de kayak. 

Dans le monde judiciaire, il est commun de dire d'une personne poursuivie qu'elle “passe bien” selon qu'elle montre de la sensibilité, de l'empathie ou qu'elle fait état de remords lors de sa comparution. Rien de tout cela mercredi. À la barre, l'accusé a tout d'abord dit à plusieurs reprises que “seul le Seigneur” pourrait le juger puisque “Dieu juge les hommes”. Indiquant qu'il était possédé par un tūpāpa’u le soir du drame, le quadragénaire a expliqué qu'il ne savait pas du tout ce qu'il avait fait et a remis en cause les témoins entendus dans le cadre de cette affaire. Après s'être plaint sur les conditions de sa détention, il a par ailleurs soutenu qu'il n'avait aucune “responsabilité” dans ce meurtre. Face aux photos du visage de sa femme morte et meurtri par les coups, l'homme n'a montré aucune émotion. À l'évocation de son fils, il a toutefois expliqué qu'il regrettait profondément les faits et qu'il aimait son enfant. Appelé à témoigner à la barre, le jeune homme, qui avait trouvé sa mère morte et l'avait prise dans ses bras, n'a pas eu la force de témoigner. 

Hémorragie “sévère”

Avant que l'audience ne soit suspendue, le médecin légiste qui avait autopsié le corps de la victime est venu à la barre pour exposer les éléments recueillis dans le cadre de cet examen. Tel qu'il l'a expliqué, le scanner post-mortem réalisée sur la dépouille de la défunte avait permis de constater que cette dernière avait subi une hémorragie cérébrale “sévère” et que de nombreux hématomes avaient été constatés notamment sur la partie haute de son corps. 

L'accusé, déjà condamné pour des violences avec arme et des outrages, encourt la réclusion criminelle à perpétuité au terme de ce procès qui doit s'achever jeudi. 
 

 
 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 30 Août 2023 à 21:58 | Lu 2802 fois