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Le festival des Australes fait revivre le savoir des anciens


Tubuai, le 9 novembre 2022 - Le festival des Australes se poursuit à Tubuai. Après les prestations de Rurutu et Raivavae mardi soir, l'île hôte a assuré l’animation de la matinée de mercredi. Une démonstration de pêche tutae fe’e a marqué la journée. Un concours de décorticage de cocos était également au programme de la journée.
 
Les soirées au festival des Australes offrent un moment d’expression artistique aux délégations. Tout au long de la semaine, elles présentent les unes après les autres leurs chants et leurs danses. Mardi soir, c’est Rurutu pour le chant et Raivavae pour la danse qui ont investi la scène. Les spectacles ont démarré aux alentours de 19 heures, ils ont duré jusqu’à 22 heures, s’achevant une nouvelle fois par une série de remerciements variés.
 
À l’aube mercredi, ou presque, les pêcheurs se sont retrouvés sur le quai. Les délégations ont embarqué sur quatre bateaux, emportant avec elles matériel et appâts préalablement préparés par Tubuai. Elles ont participé à une pêche traditionnelle, dite tutae fe’e. Cette pratique est habituellement réservée à la période froide de l’année, de mai à octobre. Elle consiste à laisser traîner une ligne à l’intérieur ou à l’extérieur du lagon selon les conditions météorologiques. “D’abord, on disperse des appâts sur la zone de pêche”, explique Alexandre Audoin. Lui pratique plutôt la chasse sous-marine au pupuhi, mais il connaît bien la tutae fe’e. L’appât à cette étape est constitué de peau de taro pourrie. Lorsque les poissons arrivent, “en général au bout de 15 à 20 minutes”, une ligne avec un hameçon sur lequel a été fixé une pâte composée de pōpoi et d’encre de pieuvre est mise à l’eau. “On peut prendre différentes espèces avec ça, mais on a quand même beaucoup de perroquets”, rapporte Alexandre Audouin. Mercredi en fin de matinée, les délégations sont bien revenues avec des perroquets, mais également des ature, des petites loches, des maito, des murava…

“Retourner en arrière”
 
C’est la délégation de Rapa qui, sur la balance, a fait la différence avec 5,65 kg de poissons. “On est parti à quatre vers 7h30”, raconte Tauranga Bea, 19 ans. Il fait partie de la délégation de Rapa. À bord du navire, le propriétaire du bateau était aux commandes. Il a veillé au respect des horaires. “Chez nous, a poursuivi Tauranga Bea, on ne pêche pas tout à fait comme ça. On ajoute un petit caillou sur l’hameçon.” L’île n’a pas de lagon, la ligne doit plonger pour aller à la rencontre des prises. “Sur l’hameçon, on met de la langouste. Et on appâte avant avec du mārara.”
 
Daniel Tere, le président de l’association organisatrice du festival, a mis au point une partie du programme. Il a notamment proposé et préparé la cérémonie sur le marae Taputapuatea mardi après-midi et la pêche tutae fe’e. “On a demandé aux délégations de retourner en arrière, d’aller chercher ce que faisaient les anciens pour les présenter tout au long de la semaine. Nous, les organisateurs, avons fait de même.” Agent de santé à la retraite, Daniel Tere n’en est pas à son premier événement. Il a déjà mis sur pied des jeux interîles ainsi que le 29e tournoi du Pacifique Sud de pêche sous-marine en 2006 à Tubuai en partenariat avec la fédération de pêche sous-marine. Il saisit l’occasion de grands rassemblements pour faire la lumière sur des pratiques peu connues de son île.
 
450 kg de café par an
 
Sous le chapiteau, Tubuai a présenté diverses activités toute la matinée : massage, café, tīfaifai, vannerie, colliers de fleurs, pōpoi… Sur l’île de Tubuai, une famille a relancé en 2012 la production de café. Olga Paccou explique avoir rénové le champ mis en place par son oncle à la fin des années 1980. La famille a un millier de pieds de trois variétés différentes. “Aujourd’hui, on produit en moyenne 450 kg de café par an que l’on vend à Tubuai mais aussi à Tahiti.” Olga Paccou et sa famille prennent soin des pieds, récoltent, dépulpent, déparchent, torréfient. “On fait tout à la main de manière artisanale”, insiste-t-elle. Elle a préparé pour le public du café titia agrémenté de lait de coco et/ou de miel pour les amateurs. Le public s’est pressé pour le déguster.
 
Non loin de son stand, le masseur Henri Temanupaioura a fait découvrir son art. “Je fais ça depuis 32 ans”, a-t-il précisé tandis que Marie Hauata préparait des taviri ha’ari. Elle a décortiqué une partie de la matinée des tiges de mo’u (papyrus) qui, une fois séparées et pliées, permettaient chez les anciens de presser la pulpe de coco pour obtenir du lait. “J’ai grandi avec ça”, a-t-elle précisé. “J’ai vécu dans un fare en bois et en tiges de roseaux qu’on utilisait pour fabriquer le toit. Je me rappelle et je veux le partager.”

Rimatara remporte l’épreuve de décorticage de cocos
 
Des épreuves de tū'aro mā’ohi sont organisées chaque après-midi pendant le festival. Mercredi a eu lieu le décorticage de cocos. C’est Rimatara qui s’est distingué, chez les femmes comme chez les hommes. Le public comme les équipes ont partagé pleinement la rencontre. Rimatara, après avoir terminé l’épreuve, n’a pas hésité à aller aider l’équipe de Rurutu. Le festival, de jour en jour, remplit sa mission. Les îles de l’archipel tissent comme prévu de précieux liens.

Une épreuve de décorticage de cocos a été organisée mercredi après-midi. Les cinq délégations se sont affrontées acclamées par la foule.
Une épreuve de décorticage de cocos a été organisée mercredi après-midi. Les cinq délégations se sont affrontées acclamées par la foule.

Raivavae a dansé mardi soir sur la scène du festival des Australes. La troupe a présenté trois tableaux.
Raivavae a dansé mardi soir sur la scène du festival des Australes. La troupe a présenté trois tableaux.


Tārava, ru’au, 'ūtē… les chants ont été interprétés mardi soir par la délégation de Rurutu. L’île est représentée au festival par une centaine de personnes.
Tārava, ru’au, 'ūtē… les chants ont été interprétés mardi soir par la délégation de Rurutu. L’île est représentée au festival par une centaine de personnes.


Les démonstrations de Tubuai, l'île hôte se sont enchaîné mercredi sous le chapiteau.
Les démonstrations de Tubuai, l'île hôte se sont enchaîné mercredi sous le chapiteau.



Les équipes gagnantes (Rimatara puis Rurutu chez les hommes) sont allées, après avoir terminé, aider les équipes toujours occupées à décortiquer les cocos.
Les équipes gagnantes (Rimatara puis Rurutu chez les hommes) sont allées, après avoir terminé, aider les équipes toujours occupées à décortiquer les cocos.

Une pêche traditionnelle a été organisée mercredi matin. Les pêcheurs sont partis aux alentours de 7h30 pour trois heures de mer. Ils ont pêché dans le lagon sur le récif. La pêche est dite tutae fe’e, du nom de l’appât fixé sur l’hameçon et composé de pōpoi et d’encre de pieuvre (fe’e).
Une pêche traditionnelle a été organisée mercredi matin. Les pêcheurs sont partis aux alentours de 7h30 pour trois heures de mer. Ils ont pêché dans le lagon sur le récif. La pêche est dite tutae fe’e, du nom de l’appât fixé sur l’hameçon et composé de pōpoi et d’encre de pieuvre (fe’e).

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 10 Novembre 2022 à 09:10 | Lu 1160 fois