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Le festival de la mode et de la création couronne Hokule'a


14 mannequins ont participé aux défilés de la Tahiti Fashion Week. Ici, lors du défilé Aloha qui a ouvert la soirée vendredi. © Tevahitua Brothers
14 mannequins ont participé aux défilés de la Tahiti Fashion Week. Ici, lors du défilé Aloha qui a ouvert la soirée vendredi. © Tevahitua Brothers
Tahiti, le 11 juin 2023 - Les trois jours de défilés de la Fashion Week 2023 se sont conclus vendredi soir dans les jardins de l'hôtel Intercontinental avec la soirée Poerava. Au terme de cette soirée, la jeune Hokule'a a été distinguée par l'agence Brave Model Management.

Forte musique, podium, champagne et tenues magnifiques. Aucun doute, la Fashion Week s'était bien installée à Tahiti la semaine dernière. Pendant trois jours les tenues des créateurs locaux ont été présentées par 14 mannequins amateurs du fenua. L'occasion pour elles de se montrer, et de décrocher aussi un shooting photo à Milan par l'agence Brave Model Management. Peut-être le début d'une carrière. En tout cas le début d'une belle aventure.

Pour cette édition de la fête de la mode en Polynésie française, les plus grandes références s'étaient donné rendez-vous pour présenter leurs créations au public. Aloha Tahiti, Tropical Luxury, Flyingcloud pour n'en citer que quelques-unes. Des créateurs locaux étaient aussi de la partie avec Gaëllef, Miliani Création ou Jahia K. Des présentations entrecoupées de show de danse, de magie ou encore de sculpture de ballons. 

Invité d'honneur, Elvis Pompilio a offert au public le défilé de certaines de ses créations. 
Après trois soirs de défilés, l'agence Brave Model Management a offert à Hokule'a, jeune étudiante en droit, la possibilité de faire un shooting photo à Milan. Peut-être le début d'une carrière pour la jeune fille qui conserve, malgré tout, la tête bien rivée sur les épaules et qui continuera à privilégier ses études. 

L'événement, sponsorisé par le magazine Hine, permettra aussi à deux jeunes filles de devenir les égéries du magazine sur l'année à venir. Ohine et Kihei ont remporté ce privilège. 

Interview de Hokule'a Tamarii-Tessier

“Ce sera en parallèle de mes études”

Une grande fierté ce soir. Cela fait quoi de réaliser une partie de ton rêve ?
“Le premier soir, c'était très très stressant. Il a fallu gérer le stress pour ne pas tomber, pour bien regarder la caméra, pour bien marcher et tous ces détails qui vont avec. Le but, c'est de ne pas stresser et de foncer tête baissée.”

Tu t'imaginais remporter cette Fashion Week ?
“Pas du tout. Toutes les filles qui sont là sont très belles, toutes grandes. On avait toutes nos chances. Ce n'est pas une élection de miss. Là, on est sur d'autres critères. Ce soir, je suis carrément contente.”

Qu'est-ce que cela va changer pour toi ?
“Je pense que cela peut être une vie parallèle par rapport à la vie d'étudiante. Je suis toujours en licence de droit et je ne compte pas arrêter d'ailleurs. Donc ce sera en parallèle de mes études.”

Comment vas-tu gérer cet emploi du temps ?
[Rires] “Je ne sais pas encore. Je ne me suis pas encore organisée… Ma priorité ce sera mes études. Je les prioriserai toujours devant n'importe quel chose de ma vie. Si je dois partir à Milan pour faire des shootings, ce sera pendant mes vacances, pendant mon temps libre mais pas pendant les cours.”

Tu faisais déjà du mannequinat ?
“J'avais déjà fait des photos pour m'amuser avec des copines. J'en ai fait une fois pour des magazines mais je ne savais même pas comment poser. Je regardais sur internet comment il fallait poser [rires].”

Alberto V., créateur de la Fashion Week

Les lauréates Kihei, Leyna, Hokule'a et Ohine avec Alberto V et Giogio Barbieri. © Tevahitua Brothers
Les lauréates Kihei, Leyna, Hokule'a et Ohine avec Alberto V et Giogio Barbieri. © Tevahitua Brothers
“On essaye d'être professionnel”

Que dire des trois jours qui viennent de s'écouler. Ils étaient magnifiques.
“Pour moi, en coulisse, c'était surtout le stress. Nous sommes bien fatigués. Cela fait un an que nous travaillons à cette Fashion Week. De l'extérieur, les gens ne voient pas tout ce qui est fait en coulisses. On essaye d'être professionnel. On organise cet événement comme ceux qui sont organisés dans les grands pays. Ailleurs, il n'est pas possible de faire des défilés en dehors de la fashion Week. La chambre de la haute couture et la chambre du prêt-à-porter encadrent cela. C'est ce que nous essayons de faire. Il y a d'ailleurs des choses auxquelles penser avec la chambre de commerce sur le sujet. On pourrait essayer de mettre en place de vraies écoles de couture. L'artisanat, c'est extraordinaire, mais il faut aussi penser un artisanat moderne. Je le dis souvent… Si tu ne connais pas l'histoire de la mode, il ne faut pas faire de la mode.”

Les tenues locales essayaient justement de casser les codes.
“Exactement, et ça, c'est grâce à Agnès avec tous les autres créateurs. Les gens ne se rendent pas compte, mais dans tous les pays où il y a des Fashion Week, cela fait rentrer de l'argent. Il y a beaucoup de touristes qui viennent voir. Beaucoup de créateurs, et ces gens-là se promènent et achète beaucoup localement, pour s'inspirer bien souvent.”

Un mot sur la gagnante ?
“Nous l'avons découverte en même temps que vous ce soir. Le jury, c'est vraiment l'agence de mannequins. C'est elle qui décide. Il y a aussi les deux gagnantes qui seront les Miss Hine que l'agence a élue avec Sarah Moux. Localement, ce sont de très bons choix. Elles ont du potentiel pour l'extérieur. Si elles le veulent, elles pourront vraiment continuer à exercer et à se développer.”

Elvis Pompilio

Défilé final avec les compositions du créateur Elvis Pompilio. © Tevahitua Brothers
Défilé final avec les compositions du créateur Elvis Pompilio. © Tevahitua Brothers
“Les Polynésiennes ont une vraie identité”

Les jeunes filles qui ont défilé ce soir ne sont pas des professionnelles, mais comment les juge l'expert de la mode que vous êtes ?
“Elles étaient magnifiques. À ce niveau-là, ce sont presque des professionnelles. Elles avaient déjà défilé quelques jours avant et quand on est passionné par son métier, on fait bien les choses. C'est ce qu'elles ont fait ce soir. Ce n'est pas par hasard si elles sont là.”

Vous êtes convaincu du choix de ce soir. On vous voit avec un grand sourire.
“Oui, totalement. En même temps, quand on travaille avec ces filles, on commence à les aimer toutes. Au premier abord, on peut se dire ‘Ah, celle-là est plus jolie que celle-là’. Mais après, on est forcé de les mettre sur un pied d'égalité.”

Nous ne sommes pas dans une élection de miss. Qu'est-ce qui fait le choix d'un bon mannequin ?
“La taille, les mensurations, c'est important. Il faut qu'elles soient très photogéniques, qu'elles sachent marcher correctement avec des talons. Elles doivent être multifonctions. Elles doivent savoir faire beaucoup de choses. Et puis les Polynésiennes ont de jolis traits que l'on ne trouve pas toujours en Europe. Elles ont une vraie identité.”

Pour le créateur que vous êtes, quel est votre regard sur les propositions locales ?
“J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de créativité. Vous n'avez rien à envier à personne. Il y a des choses très faciles à porter qui étaient très jolies avec de jolis imprimés. Et quand on voit les accessoires qui sont faits ici, c'est formidable. J'étais au salon de l'artisanat il y a peu à l'assemblée de Polynésie, j'ai pu y voir un travail incroyable, avec des choses uniques au monde. La culture et la tradition ici peuvent être inspirantes.”


Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 12 Juin 2023 à 04:21 | Lu 1392 fois