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Le « fare-container » 100% local de Moana Sandford


Moana Sandford au milieu, Gilles Vaitoare à droite et les ouvriers de MS Construction dans le « fare-container » qu’ils sont en train de bâtir.
Moana Sandford au milieu, Gilles Vaitoare à droite et les ouvriers de MS Construction dans le « fare-container » qu’ils sont en train de bâtir.
PAPEETE, le 5 aout 2014 - Alors que la crise du bâtiment touche tous les professionnels du secteur, certains trouvent des solutions innovantes pour diversifier leur activité et sauvegarder les emplois. C’est le cas de Moana Sandford, qui a décidé de se lancer dans la construction de petits studios transportables au format container.

« À chaque rentrée de l’Université de Polynésie, les logements étudiants sont pleins à craquer. Au début ils avaient un studio par personne, puis ils étaient deux par logement et même trois parfois ! Du coup nous avons eu l’idée de poser des containers sur un terrain, qui pourraient être transformés en de petits appartements ! En plus ces containers habitables, souvent fabriqués en Chine, on ne parle que de ça depuis le début de l’année. Tout le monde parle d’en faire venir, mais avec notre structure pour faire des ossatures on avait tout ce qu’il faut pour les faire à Tahiti ! »

C’est ainsi qu’a démarré le concept du « fare-container » de Moana Sandford, jeune chef d’entreprise qui a créé MS Construction. Son entreprise est spécialisée dans la construction d’ossatures en acier galvanisé et dans le montage de maisons, et emploie cinq ouvriers. « Avec la situation économique aujourd’hui, voyant les commandes ne pas aboutir, avec les restrictions… Nous on a cinq employés à payer, et tant qu’à faire on s’est dit qu’on allait innover ! »

Très vite, il se rend compte qu’acheter des containers pour les transformer en logements est bien plus coûteux et compliqué que de faire ce qu’il fait le mieux : monter une ossature en acier. Mais le format du container reste : c’est l’idéal pour pouvoir être facilement transporté par camion, déposé sur un terrain, déplacé vers un autre, revendu quand on n’en a plus besoin… Et avec un peu d’astuce, c’est juste assez de place pour aménager un petit studio de 21 m² tout équipé.

Un « fare-container » se construit en deux semaines

Fort de ses études en génie civil et de son expérience dans la construction de petites maisons, Moana a rapidement dessiné les plans, incluant un salon-cuisine, une salle de bain et une chambre. Un prototype en acier et en tôle, équipé de tout le confort nécessaire (il y a même une télévision, un frigo, une douche…) est construit fin juillet-début aout par ses employés. À cinq, ils achèvent le « fare-container » en deux semaines. Un prototype qui permet aussi d’essuyer les plâtres : l’espace prévu pour la douche n’était pas assez grand, un problème qui pourra être corrigé dans la prochaine version.

Mais au final l’essai est concluant : au départ destiné à son ami et directeur commercial Gilles Vaitoare, le petit fare vu par un client de passage est déjà réservé ! Et les manifestations d’intérêt se multiplient. Car les usages sont multiples : il peut servir de première habitation, ou équiper un petit terrain avec une vue, peut se mettre dans une zone inconstructible (à ses risques et périls tout de même), servir de studio dans le jardin pour son ado… Et la solution est pratique : pas besoin de permis de construire, il faut juste un certificat d’hygiène pour le puisart. Le fare transportable coûte autour de 2,2 millions de francs et on peut même lui installer des roues pour le transformer en remorque.

Un concept déclinable à l’infini

Et Moana Sandford ne manque pas d’idées pour son « fare-container » : pourquoi pas un mur végétal à l’extérieur pour masquer la tôle ou le PVC, un chauffe-eau solaire sur le toit, un habillage en bois à l’intérieur pour changer le look « industriel » en image plus locale, installer un deck en face de la porte vitrée pour en faire un idéal petit studio de vacances, construire un modèle à étage… Tout est possible pour ce bricoleur-entrepreneur. Et bien sûr, comme tout est fait à la commande, les idées de ses clients devraient également pouvoir être intégrées.

Sa principale crainte : la concurrence de containers habitables importés de Chine. Mais au final il assure que les siens ne sont pas plus chers, et il peut les construire à la commande. « En étant optimiste j’espère en vendre entre 10 et 30 par an. »

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 5 Août 2014 à 17:19 | Lu 17854 fois