Paris, France | AFP | mardi 03/04/2017 - Les personnes handicapées se sentent exclues du débat présidentiel et aimeraient avoir davantage la parole, au-delà du simple "regard caritatif" de candidats aux propositions parfois perçues comme des "slogans".
"Personne ne s'adresse directement à nous", déclare à l'AFP Romain Guérineau, sapeur-pompier devenu tétraplégique après un accident. Il ne sait toujours pas pour qui il ira voter le 23 avril.
Ce trentenaire, employé d'un centre d'appel d'urgence près de Tours, aimerait que les candidats passent "une semaine dans un fauteuil" pour se rendre compte de "la galère de l'accessibilité" et des faibles remboursements pour le matériel.
Près de 12 millions de personnes vivent en France avec un handicap, y compris une incapacité mineure, selon l'Insee. A l'aube d'une élection majeure, les associations s'inquiètent qu'on puisse oublier cette partie de la population.
"Sur des a priori, on estime que le champ du handicap est composé de gens qui ne votent pas, ne sont pas capables, et on l'oublie", déplore Jean-Louis Garcia, président de l'Apajh (association pour adultes et jeunes handicapés), qui a envoyé aux candidats un "Pacte handicap" pour un meilleur accès à l'éducation, au logement, à l'emploi ou à la sexualité.
Tous s'engagent par exemple à revaloriser l'Allocation adulte handicapé (AAH), environ 810 euros aujourd'hui, intégrer davantage d'enfants dans les écoles ordinaires en favorisant l'emploi d'auxiliaires de vie scolaire (AVS), ou aller vers le "zéro obstacle" en matière d'accessibilité.
Mais derrière des "propositions-slogans qui n'engagent qu'eux, où est le débat, la connaissance de ce sujet ?", s'interroge M. Garcia.
"Qui vote en ayant lu un programme ?", ajoute le sportif amputé des quatre membres Philippe Croizon, signataire avec d'autres personnalités touchées par le handicap d'une lettre ouverte aux candidats. "On se fait une conviction grâce aux médias, grâce au débat public, dont on est complètement absents".
Son initiative, qui met en lumière les principaux points noirs - "exil" forcé en Belgique (notamment pour les personnes autistes), ressources, accès à l'emploi, accessibilité des bâtiments et des transports, scolarisation -, a rencontré un certain succès. Mais aussi gêné des associations se sentant délégitimées.
"Chacun râle dans son coin au lieu de se rassembler. Un vrai militantisme est nécessaire", défend Philippe Croizon, qui voulait "créer une force médiatique pour pousser un coup de gueule".
Synonyme de "politiques coûteuses", selon lui, le mot handicap véhicule une image "négative, anxiogène".
"Le handicap n'est pas soignable, il ne faut pas faire l'amalgame avec la maladie. Il s'accompagne", insiste Pascal Jacob, père de deux enfants handicapés, dont l'un décédé, fondateur de l'association Handidactique. Il demande "juste des politiques qui mènent vers plus d'autonomie".
Selon un récent sondage de l'Ifop pour l'Association des paralysés de France, seules 8% des personnes concernées disent avoir confiance dans la classe politique pour que les difficultés des personnes handicapées soient mieux prises en compte par la société, contre 36% en 2007.
Pourtant, "depuis la loi de 2005, il y a eu des avancées très significatives, les mentalités évoluent dans le bon sens", observe André Montané, conseiller départemental socialiste de l'Ariège et l'un des rares élus handicapés. "C'est à nous de prendre le pouvoir, de dire qu'on existe pour sortir du regard caritatif qu'on porte sur le handicap", estime ce septuagénaire, atteint de poliomyélite enfant.
De fait, le nombre d'élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire, 280.000, ne cesse d'augmenter, la prime d'activité - cumulable depuis juillet avec l'AAH - est touchée par 54.000 travailleurs handicapés aux faibles revenus, et près de 96% des établissements recevant du public (ERP) sont engagés dans la démarche d'accessibilité prévue par la loi de 2015.
Actuellement 63% de ces lieux ne sont toujours pas accessibles.
Alors pour poursuivre ces efforts, Philippe Croizon demande que lors du débat télévisé de mardi on pose enfin la question à tous les candidats: "Quelle est votre vision du handicap pour les cinq prochaines années ?"
Encore faut-il que les réponses soient accessibles à tous. Seul le débat de l'entre-deux-tours sera traduit en langue des signes.
"Personne ne s'adresse directement à nous", déclare à l'AFP Romain Guérineau, sapeur-pompier devenu tétraplégique après un accident. Il ne sait toujours pas pour qui il ira voter le 23 avril.
Ce trentenaire, employé d'un centre d'appel d'urgence près de Tours, aimerait que les candidats passent "une semaine dans un fauteuil" pour se rendre compte de "la galère de l'accessibilité" et des faibles remboursements pour le matériel.
Près de 12 millions de personnes vivent en France avec un handicap, y compris une incapacité mineure, selon l'Insee. A l'aube d'une élection majeure, les associations s'inquiètent qu'on puisse oublier cette partie de la population.
"Sur des a priori, on estime que le champ du handicap est composé de gens qui ne votent pas, ne sont pas capables, et on l'oublie", déplore Jean-Louis Garcia, président de l'Apajh (association pour adultes et jeunes handicapés), qui a envoyé aux candidats un "Pacte handicap" pour un meilleur accès à l'éducation, au logement, à l'emploi ou à la sexualité.
Tous s'engagent par exemple à revaloriser l'Allocation adulte handicapé (AAH), environ 810 euros aujourd'hui, intégrer davantage d'enfants dans les écoles ordinaires en favorisant l'emploi d'auxiliaires de vie scolaire (AVS), ou aller vers le "zéro obstacle" en matière d'accessibilité.
Mais derrière des "propositions-slogans qui n'engagent qu'eux, où est le débat, la connaissance de ce sujet ?", s'interroge M. Garcia.
"Qui vote en ayant lu un programme ?", ajoute le sportif amputé des quatre membres Philippe Croizon, signataire avec d'autres personnalités touchées par le handicap d'une lettre ouverte aux candidats. "On se fait une conviction grâce aux médias, grâce au débat public, dont on est complètement absents".
Son initiative, qui met en lumière les principaux points noirs - "exil" forcé en Belgique (notamment pour les personnes autistes), ressources, accès à l'emploi, accessibilité des bâtiments et des transports, scolarisation -, a rencontré un certain succès. Mais aussi gêné des associations se sentant délégitimées.
"Chacun râle dans son coin au lieu de se rassembler. Un vrai militantisme est nécessaire", défend Philippe Croizon, qui voulait "créer une force médiatique pour pousser un coup de gueule".
Synonyme de "politiques coûteuses", selon lui, le mot handicap véhicule une image "négative, anxiogène".
"Le handicap n'est pas soignable, il ne faut pas faire l'amalgame avec la maladie. Il s'accompagne", insiste Pascal Jacob, père de deux enfants handicapés, dont l'un décédé, fondateur de l'association Handidactique. Il demande "juste des politiques qui mènent vers plus d'autonomie".
- 'à nous de prendre le pouvoir' -
Selon un récent sondage de l'Ifop pour l'Association des paralysés de France, seules 8% des personnes concernées disent avoir confiance dans la classe politique pour que les difficultés des personnes handicapées soient mieux prises en compte par la société, contre 36% en 2007.
Pourtant, "depuis la loi de 2005, il y a eu des avancées très significatives, les mentalités évoluent dans le bon sens", observe André Montané, conseiller départemental socialiste de l'Ariège et l'un des rares élus handicapés. "C'est à nous de prendre le pouvoir, de dire qu'on existe pour sortir du regard caritatif qu'on porte sur le handicap", estime ce septuagénaire, atteint de poliomyélite enfant.
De fait, le nombre d'élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire, 280.000, ne cesse d'augmenter, la prime d'activité - cumulable depuis juillet avec l'AAH - est touchée par 54.000 travailleurs handicapés aux faibles revenus, et près de 96% des établissements recevant du public (ERP) sont engagés dans la démarche d'accessibilité prévue par la loi de 2015.
Actuellement 63% de ces lieux ne sont toujours pas accessibles.
Alors pour poursuivre ces efforts, Philippe Croizon demande que lors du débat télévisé de mardi on pose enfin la question à tous les candidats: "Quelle est votre vision du handicap pour les cinq prochaines années ?"
Encore faut-il que les réponses soient accessibles à tous. Seul le débat de l'entre-deux-tours sera traduit en langue des signes.