Tahiti Infos

Le collectif Passion Car Audio rencontre les autorités


Six représentants du collectif Passion Car Audio. Léo Puputauki est le deuxième en partant de la gauche.
Six représentants du collectif Passion Car Audio. Léo Puputauki est le deuxième en partant de la gauche.
PAPEETE, le 15 avril 2016 - Les passionnés de car audio ont rencontré les partis politiques, les ministères et même le haut-commissariat. Leur message de compromis et d'organisation de la communauté a été très bien reçu. De quoi éloigner le spectre d'une interdiction pure et simple…

"Ils étaient surpris de nous voir arriver avec des propositions concrètes et des compromis. Notre message a été très bien reçu", explique Léo Puputauki, conseiller technique du collectif Passion Car Audio alors qu'il sortait du bureau du haut-commissaire jeudi dernier. Le collectif avait également déjà rencontré les ministères de l'Environnement et de l'Équipement, le Tahoera'a, le Tapura et devrait bientôt rencontrer les élus Tavini et les maires. Tous les écouteraient d'une oreille attentive…

Cette organisation encore informelle mais au lobbying très efficace a été créée après les révélations de Tahiti Infos début mars, quand nous vous apprenions que le ministère de l'Équipement (en charge de la sécurité routière) et le haut-commissariat préparaient un texte interdisant l'installation de gros matériel audio dans les voitures.

Le texte voulait "en finir avec les voitures boom boom", comme les appelle la population (les pratiquants préfèrent "car audio" ou "car bass"), et leurs nuisances sonores. Mais la communauté de passionnés a vite réagi et s'est organisée, dénonçant les abus de certains membres et s'en désolidarisant. Le collectif a ainsi déjà créé une "charte de bonne pratique du car audio" interdisant les excès sonores dans les zones habitées, demandant le nettoyage des zones de rassemblement, des mesures de préventions contre l'alcool, la drogue et pour la santé des pratiquants…

Une assemblée générale rassemblant une centaine de passionnés s'est tenue le 3 avril dernier, a entériné la charte et a décidé de constituer une fédération, qui sera seule habilitée à autoriser l'installation du matériel nécessaire.

"NOUS AVONS REÇU UN ACCUEIL TRÈS CHALEUREUX"

"Les services de l'État, comme les ministères et les partis politiques la semaine dernière, ont été surpris par le travail que nous avons fourni et les propositions que nous avons faites par rapport à notre passion. Ils nous ont rappelé la nécessité de légiférer pour lutter contre les nuisances sonores, ce à quoi nous ne sommes pas opposés", explique Léo Puputauki. "Au contraire, nous sommes pour la protection des personnes, nous voulons séparer le bon grain de l'ivraie parmi les pratiquants… Nous voulons qu'il puisse y avoir des propositions médianes dans un éventuel projet de loi, pour protéger aussi ceux qui pratiquent le car audio."

La communauté a donc reçu un "accueil très chaleureux" de la part de nos gouvernants et des avis favorables sur leurs propositions. "Je pense que c'est ce qu'ils attendaient, ils étaient surpris de voir que nous avions intégré toute une partie préventive sur les comportements à risque, sur l'environnement et la santé." Le ministère de l'Environnement aurait même commencé à réfléchir à d'éventuelles zones où la pratique du car audio serait autorisée sous la supervision des associations officielles et des mairies. Le projet de création d'une fédération, avec des associations membres pour regrouper tous les passionnés, avance également. L'organisation pourrait être créée en deux mois, le temps de rédiger des statuts et trouver à quel ministère la relier. Le collectif aimerait que ce soit celui de la Jeunesse et des Sports…

Le collectif a désormais le soutien de 3 285 Polynésiens, et a commencé un travail de recensement de toutes les voitures car audio du territoire. Il en a déjà compté 700, montrant que l'activité est loin d'être le passe-temps de quelques marginaux… Il s'agira aussi maintenant de changer leur image auprès la population, un travail de long terme que la création d'une fédération et la fin des abus devraient beaucoup aider.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 15 Avril 2016 à 16:15 | Lu 3714 fois