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Le centriste Franck Leroy nouveau président de la région Grand Est


Crédit Jean-Christophe Verhaegen / AFP
Crédit Jean-Christophe Verhaegen / AFP
Metz, France | AFP | vendredi 13/01/2023 - Franck Leroy, soutien d'Emmanuel Macron, a succédé vendredi à la tête de la région Grand Est au LR Jean Rottner, démissionnaire en décembre, annonçant d'emblée des mesures pour ceux qui "souffrent" de la crise énergétique.

M. Leroy, 60 ans depuis jeudi, a aussitôt annoncé qu'il quittait son poste de maire d'Epernay (Marne) qu'il occupait depuis 2000.  

Il a récolté 96 voix contre 34 pour l'autre candidat, le RN Laurent Jacobelli, et s'est aussitôt affiché comme un adversaire des "extrémismes" et des "dérives populistes".

Au total, 169 votants ont pris part au scrutin, qui a compté 38 bulletins nuls et un blanc.

M. Leroy a assuré que son mandat serait celui du "changement dans la continuité", saluant au passage son prédécesseur, M. Rottner. "La majorité régionale a un mandat (...) issu des élections régionales du printemps 2021. Il sera respecté", a-t-il déclaré dans son discours après son élection, qui lui a valu une standing ovation de la part de la majorité.

"J'irai jusqu'au bout du mandat", a-t-il assuré lors d'un point presse durant lequel il a évoqué sa priorité "absolue" : "aller à la rencontre des agents de la région" et prendre des mesures pour "celles et ceux qui souffrent" de la crise énergétique.

"Dogmatisme"

Auparavant, dans l'hémicycle, il avait annoncé une enveloppe de 20 millions d'euros à destination des "boulangers, artisans, restaurateurs et commerçants de proximité", qui "croulent sous des factures d'électricité et de gaz toujours plus lourdes".

Ce centriste était le premier vice-président de la région et occupait l'intérim depuis le départ de M. Rottner, parti rejoindre le cabinet de conseil et promoteur immobilier Réalités, une démission qui a suscité une pluie de critiques chez les élus régionaux.

Porte-parole du RN et député de la Moselle, Laurent Jacobelli lui a présenté ses "félicitations républicaines" tout en le prévenant : "Vous êtes un président sous surveillance".

M. Leroy s'affiche comme un opposant déterminé à l'extrême droite, et se pose en défenseur du tissu économique régional. "Je combattrai avec force tous les extrémismes et les dérives populistes qui fragilisent notre démocratie", a-t-il lancé dans son discours.

Il refuse également la proposition de loi rédigée par 10 députés de droite et du centre pour un retour à une région Alsace, alors que la fusion au sein du Grand Est des anciennes régions Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne est régulièrement contestée.

Frédéric Bierry, président (LR) de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) et farouche partisan d'une sortie du Grand Est, lui a adressé ses "félicitations", souhaitant "échanger librement sans aucun dogmatisme" avec lui "sur les légitimes raisons qui motivent notre volonté d'obtenir le retour à une Région Alsace".

Âgé de 60 ans, M. Leroy est marié et père de trois enfants. Diplômé en droit et de Sciences Po Paris, il a débuté sa carrière comme adjoint au directeur général des services de l'ancienne région Champagne-Ardenne.

En 2000, il devient maire d'Epernay à la suite de Bernard Stasi, dont il était l'adjoint. Membre d'Horizons, la formation de l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron, Edouard Philippe, il n'a pas renouvelé son adhésion pour "rassurer" certains élus de sa majorité.

"Probité"

Cette élection s'est déroulée alors que la polémique enfle autour de Jean Rottner.

Âgé de 55 ans, cet ex-médecin urgentiste avait succédé en 2017 à l'Alsacien Philippe Richert, lui-même démissionnaire. Mais le 20 décembre, il avait annoncé à la surprise générale qu'il quittait la vie publique et renonçait à ses mandats en raison "d'impératifs familiaux".

Quelques jours après, il avait annoncé rejoindre le cabinet de conseil et promoteur immobilier Réalités, un recrutement qui a provoqué de vives réactions de la part des élus du conseil régional, certains pointant du doigt un risque de conflit d'intérêts.

La presse locale a également révélé que M. Rottner occupait un poste de consultant d'octobre 2019 à mars 2022, pour un cabinet de chasseurs de tête dont la région Grand Est était également cliente. Une plainte contre X a été déposée auprès du Parquet national financier dans ce cadre par l'association AC!! Anti-corruption.

"Je n'avais pas connaissance de ses activités" de consultant, a assuré vendredi M. Leroy. "Je connais (sa) probité (...), je n'ai aucun doute sur ses valeurs morales et son honnêteté", a-t-il ajouté.

le Vendredi 13 Janvier 2023 à 06:30 | Lu 233 fois