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Le centre hospitalier du Taaone sous perfusion


Le centre hospitalier du Taaone sous perfusion
PAPEETE, jeudi 18 octobre 2012. Les élus de l’assemblée de Polynésie française ont beaucoup parlé des difficultés financières et de trésorerie du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF). Le déficit annoncé de cet établissement public autonome pour l’année 2012 est estimé entre 1 à 3 milliards de Fcfp (sur un budget total de 20 milliards annuels). Les élus ont adopté une subvention de fonctionnement de 300 millions de Fcfp, accompagnée d’une avance budgétaire de 1 milliard de Fcfp (à rembourser d’ici la fin de l’année 2012) pour compenser le retard de versement à l’hôpital, des sommes du régime de solidarité de la Polynésie française (RSPF). L’obligation de rembourser cette avance financière, d’ici la fin de l’année en cours, a beaucoup fait réagir les différents groupes politiques de l’assemblée, peu d’entre eux étant optimistes sur la capacité de l’hôpital à pouvoir respecter ces délais, et posant donc directement la question de l’offre de santé à la population.

Les difficultés de trésorerie au quotidien du CHPF sont telles
, qu’Armelle Merceron Ia Ora Te Fenua faisait savoir que, qu’il y a quelques semaines «certaines activités vitales ont été suspendues car le centre hospitalier n’avait pas l’argent pour payer les douanes et certains fournisseurs. Le CHPF est presque en faillite ! C’est un tour de passe-passe que vous proposez pour oxygéner un grand malade, avec le versement de cette avance de 1 milliard. Mais comment voulez-vous qu’elle soit remboursée d’ici la fin de l’année ?». Eleanor Parker de Te Mana O Te Mau Motu notait que ces ajustements budgétaires «interrogent sur notre système de santé. Il est urgent que le CHPF qui est un établissement autonome ajuste ses charges de fonctionnement à la situation financière du pays». L’élue avançait que les cliniques privées connaissent elles aussi des difficultés financières et que «c’est donc tout le système de santé qui est en crise. Il faut agir, ne pas le faire serait suicidaire».

Charles Tetaria, le ministre de la santé a répondu qu’un audit allait être mené sur le CHPF «afin de mettre en adéquation les activités de l’hôpital avec sa dotation globale», ce qui permettra peut-être de trouver des solutions. Le ministre expliquait encore que, lors du dernier Conseil d’administration de la CPS (caisse de prévoyance sociale) il avait été annoncé que tous les secteurs de la santé gérés par la caisse devraient baisser leurs coûts de 5%, ce qui semble difficile à tenir pour l’hôpital. Même si les différents rapports publiés ces dernières années (rapport Bolliet ou celui de la Chambre territoriale des comptes) pointent du doigt que des améliorations dans la gestion de l’hôpital pourraient se traduire par une baisse de 300 à 400 millions de Fcfp de la subvention versée par le Pays au CHPF. En attendant, une augmentation des tarifs hospitaliers a été décidée pour les patients qui ne relèvent pas des trois régimes locaux de l’assurance maladie (patients de métropole ou de l'étranger). De son côté, Sabrina Birk de l’UPLD, s’interrogeait sur la gigantesque facture d’électricité du centre hospitalier qui s’établit à 1 milliard de Fcfp par an. Cette facture aurait dû baisser avec le nouveau système de climatisation Swac (sea water air conditionning) qui était prévu lors de la construction du nouvel hôpital, mais dont la mise en place a été retardée, au mieux, à l’année prochaine. Ce système pourra faire baisser la facture électricité de l’hôpital de 200 à 300 millions de Fcfp.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 18 Octobre 2012 à 16:41 | Lu 1852 fois