Curitiba, Brésil | AFP | vendredi 25/09/2015 - George Schaller, l'un des plus grands spécialistes du monde animalier africain, asiatique et sud-américain, salue les "progrès impressionnants" du Brésil pour protéger son environnement mais s'inquiète pour l'Amazonie, écartelée entre développement, préservation et besoins des communautés locales.
Né à Berlin mais vivant aux États-Unis, ce naturaliste de 82 ans, dont les études au Congo dans les années 50 avaient inspiré l'ethnologue américaine Dian Fossey pour son best-seller "Gorilles dans la brume", évoque dans un entretien à l'AFP les défis de l'Amazonie, véritable poumon de la planète.
QUESTION : Comment voyez-vous la situation au Brésil?
REPONSE : Il y a eu des progrès impressionnants. Le gouvernement a créé des réserves naturelles, pour les indigènes et des parcs nationaux. C'est sûr qu'il y a des problèmes de gestion et notamment le conflit entre le besoin de développement, celui de préservation et les besoins des populations locales.
Q : Est-il possible d'avoir un programme de préservation dans les pays émergents?
R : Le Brésil a prévu 417 barrages en Amazonie. Calculez combien cela demande de routes, de personnes circulant, combien de bois et de chasse seront détruits dans ces zones. L'impact est énorme et il faut le mesurer pour voir quelles sont les régions les plus importantes à protéger. Mais il est possible de le faire avec une bonne planification.
Q : Que pensez-vous du projet de voie ferrée qui traversera l'Amazonie du Brésil au Pérou?
R : On peut faire un projet comme celui là de façon écologiquement raisonnable. Maintenant comment se fera cette voie ferrée? On détruira plus que ce qui est nécessaire ou on évitera de toucher aux zones importantes? On contrôlera la chasse? Il me semble que le Brésil ne contrôle pas trop la chasse.
En Chine, ils ont construit une belle voie ferrée à travers le plateau du Tibet et cela a été un travail magnifique avec un minimum de dommages. En Amazonie c'est plus difficile parce qu'il y a des terres inondables.
Q: Quel rôle peuvent jouer les gouvernements pour assurer l'avenir?
R: Les grandes multinationales ne s'intéressent pas au pays ou a ses terres. Elles veulent gagner de l'argent, surtout si elles sont étrangères car elles veulent aller vite et s'en aller. A moins que le gouvernement ait des plans sérieux pour règlementer ce qu'elles peuvent faire, pour leur faire payer des impôts et permettre aux communautés locales de gagner de l'argent, rien ne changera.
Q : Pourquoi est-il si difficile de voir les bénéfices que représente le fait de préserver l'environnement?
R : Parce qu'ils ne sont pas immédiats. Construire une grande mine en détruisant des centaines de kilomètres carrés de terrain et de forêt génère un revenu immédiat qui satisfait tout le monde. Mais cela n'a pas d'avenir. Si on perd tout, personne ne sera content.
Q : Quelle a été l'expérience qui vous a le plus ému?
R : J'aimais vivre à l'air libre et observer les animaux et je me suis demandé comment je pourrais gagner ma vie en faisant cela. Certains deviennent photographe, moi je suis devenu scientifique. Après j'ai voulu aider les espèces en voie de disparition et puis a surgi la protection de l'environnement, moins drôle car il faut tenir compte de l'économie, de la politique et de la culture.
J'ai eu la chance dans les années 70 de rencontrer Peter Crawshaw (un biologiste brésilien qui a étudié les jaguars) et il a entraîné beaucoup d'étudiants à son tour et cela a eu un grand impact. Beaucoup s'intéressent aujourd'hui aux jaguars au Brésil alors qu'au début, le seul intérêt était de les tuer.
Né à Berlin mais vivant aux États-Unis, ce naturaliste de 82 ans, dont les études au Congo dans les années 50 avaient inspiré l'ethnologue américaine Dian Fossey pour son best-seller "Gorilles dans la brume", évoque dans un entretien à l'AFP les défis de l'Amazonie, véritable poumon de la planète.
QUESTION : Comment voyez-vous la situation au Brésil?
REPONSE : Il y a eu des progrès impressionnants. Le gouvernement a créé des réserves naturelles, pour les indigènes et des parcs nationaux. C'est sûr qu'il y a des problèmes de gestion et notamment le conflit entre le besoin de développement, celui de préservation et les besoins des populations locales.
Q : Est-il possible d'avoir un programme de préservation dans les pays émergents?
R : Le Brésil a prévu 417 barrages en Amazonie. Calculez combien cela demande de routes, de personnes circulant, combien de bois et de chasse seront détruits dans ces zones. L'impact est énorme et il faut le mesurer pour voir quelles sont les régions les plus importantes à protéger. Mais il est possible de le faire avec une bonne planification.
Q : Que pensez-vous du projet de voie ferrée qui traversera l'Amazonie du Brésil au Pérou?
R : On peut faire un projet comme celui là de façon écologiquement raisonnable. Maintenant comment se fera cette voie ferrée? On détruira plus que ce qui est nécessaire ou on évitera de toucher aux zones importantes? On contrôlera la chasse? Il me semble que le Brésil ne contrôle pas trop la chasse.
En Chine, ils ont construit une belle voie ferrée à travers le plateau du Tibet et cela a été un travail magnifique avec un minimum de dommages. En Amazonie c'est plus difficile parce qu'il y a des terres inondables.
Q: Quel rôle peuvent jouer les gouvernements pour assurer l'avenir?
R: Les grandes multinationales ne s'intéressent pas au pays ou a ses terres. Elles veulent gagner de l'argent, surtout si elles sont étrangères car elles veulent aller vite et s'en aller. A moins que le gouvernement ait des plans sérieux pour règlementer ce qu'elles peuvent faire, pour leur faire payer des impôts et permettre aux communautés locales de gagner de l'argent, rien ne changera.
Q : Pourquoi est-il si difficile de voir les bénéfices que représente le fait de préserver l'environnement?
R : Parce qu'ils ne sont pas immédiats. Construire une grande mine en détruisant des centaines de kilomètres carrés de terrain et de forêt génère un revenu immédiat qui satisfait tout le monde. Mais cela n'a pas d'avenir. Si on perd tout, personne ne sera content.
Q : Quelle a été l'expérience qui vous a le plus ému?
R : J'aimais vivre à l'air libre et observer les animaux et je me suis demandé comment je pourrais gagner ma vie en faisant cela. Certains deviennent photographe, moi je suis devenu scientifique. Après j'ai voulu aider les espèces en voie de disparition et puis a surgi la protection de l'environnement, moins drôle car il faut tenir compte de l'économie, de la politique et de la culture.
J'ai eu la chance dans les années 70 de rencontrer Peter Crawshaw (un biologiste brésilien qui a étudié les jaguars) et il a entraîné beaucoup d'étudiants à son tour et cela a eu un grand impact. Beaucoup s'intéressent aujourd'hui aux jaguars au Brésil alors qu'au début, le seul intérêt était de les tuer.