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Le Tahiti Mahana Beach reviendra-t-il aux investisseurs chinois ?


Le projet d'aménagement du groupe Forebase présenté en juillet 2014 au gouvernement de Polynésie française. Il avait été alors jugé futuriste avec deux  tours jumelles de 100 mètres de hauteur. Son atout d'alors, le coût : 120 milliards de Fcfp pour environ 3000 chambres et le refus de recourir à des remblais.
Le projet d'aménagement du groupe Forebase présenté en juillet 2014 au gouvernement de Polynésie française. Il avait été alors jugé futuriste avec deux tours jumelles de 100 mètres de hauteur. Son atout d'alors, le coût : 120 milliards de Fcfp pour environ 3000 chambres et le refus de recourir à des remblais.
PAPEETE, le 17 septembre 2015. Au cours des deux derniers jours, le ministre du tourisme a parsemé ses interventions d'allusions plus que claires aux futurs investisseurs du Tahiti Mahana Beach. Que ce soit à la conférence annuelle du GIE Tahiti Tourisme ou bien à la conférence de presse sur le premier forum des métiers du tourisme, pour Jean-Christophe Bouissou la balance penche vers la Chine.

La procédure de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour le complexe touristique et hôtelier du Tahiti Mahana Beach arrive à son terme. Selon le calendrier prévisionnel, c'est le 15 septembre c'est-à-dire mardi dernier que les trois candidats sélectionnés en juin dernier par le gouvernement devaient présenter leur offre initiale non seulement sur l'aménagement prévu sur le site d'Outumaoro mais aussi les modes de financement analysés avec précision par des experts et juristes internationaux. En juin dernier, ils étaient trois groupes sélectionnés : deux sont des investisseurs chinois Towercrest et la société Forebase et un rassemblement d'investisseurs internationaux et locaux autour des aménageurs hawaiiens du Groupe 70. Ces candidats avaient apporté les informations techniques et financières ainsi que les références attendues pour la suite de la procédure qui se déroulera sous la forme d’un dialogue compétitif.

Il semble à l'issue de ce dialogue compétitif qu'ils n'en restent plus que deux aujourd'hui. Ce mercredi, lors de la conférence de presse de présentation du premier forum sur les métiers du tourisme (voir en encadré), Jean-Christophe Bouissou, porte parole du gouvernement et ministre du tourisme à livrer quelques indiscrétions. "Au sujet du Tahiti Mahana Beach nous connaissons depuis hier (mardi NDLR) les deux groupes qui ont répondu présents et qui s'engagent à réaliser leur projet".

Et le ministre d'ajouter que l'avantage de ces groupes est que non seulement ils ont la capacité financière et la maîtrise technique pour construire ce vaste complexe hôtelier mais aussi pour conduire des marchés nouveaux jusque dans ces futures structures hôtelières qui sortiront de terre à Punaauia ou même à Papara, puisque le site de Atimaono est également dans le viseur. "On ne construit plus aujourd'hui de complexes touristiques de cet ampleur sans avoir les marchés. Ces gens-là, qui veulent investir chez nous, veulent développer des marchés dont ils garantissent les flux. Prenez par exemple le marché chinois, cela ira de pair avec des lignes aériennes et des partages de code avec notre compagnie aérienne" précisait encore Jean-Christophe Bouissou.

LES INVESTISSEURS CHINOIS ONT LA MAIN SUR LES LIGNES AERIENNES

C'est à peu près la même indiscrétion que le ministre du tourisme avait livré ce mardi à l'ouverture de la conférence annuelle du GIE Tahiti Tourisme. Et cette préférence pour les investisseurs chinois transparaissait également dès le début du mois de juin dans les propos du président Edouard Fritch. Interrogé par Tahiti Infos sur la réduction des remblais prévus -15 hectares de moins-, le président avait répondu : "il faut savoir que ces investisseurs ne sont pas aussi emballés que l’on pourrait le penser sur le principe d’un remblai gagné sur le lagon. C’est un des soucis des Chinois, aujourd’hui : ils ne veulent pas saccager l’environnement".

Officiellement, toutefois rien n'est fait encore et les noms des deux groupes finalistes n'ont pas été révélés. Le calendrier prévisionnel de cette procédure d'AMI indique qu'après analyse des offres initiales –qui viennent donc d'être rendues le 15 septembre- une seconde session de dialogue sera organisée aux alentours du 15 octobre 2015. Les candidats remettront ensuite leur offre finale vers le 15 novembre 2015. La meilleure offre et l’investisseur retenus seront désignés dans le mois de décembre 2015 avec l’objectif de conclure un accord de principe (ou "Memorandum of Understanding" ) avant la fin du mois de décembre 2015. Le suspense va donc durer encore un peu…

8000 clés et autant d'emplois

Se prêtant à un jeu de calculs sur l'avenir du tourisme en Polynésie française, le ministre du tourisme Jean-Christophe Bouissou a annoncé "qu'en ajoutant tous les nombres de clés prévus non seulement pour le Tahiti Mahana Beach, mais aussi pour tous les autres projets dont on parle moins, on arrive à 7000 à 8000 clés en Polynésie française. Et quand on sait que dans les hôtels 4/5 étoiles il faut compter entre un à deux employés par clé on comprend de suite l'ampleur de la tâche" explique Jean-Christophe Bouissou à propos des formations professionnelles aux métiers du tourisme qu'il va falloir "planifier" pour répondre à cet appel d'air en terme d'emplois. Or, et le porte-parole du gouvernement l'admet, "on sait aujourd'hui qu'on n'a pas assez d'outils de formation".

Pour autant, il n'y a pas "le feu au lagon" non plus puisque "on ne peut pas dire aujourd'hui quel sera le délai de ces opérations" d'aménagement de complexes touristiques. Et de citer l'exemple de la longueur des délais de construction du CHPF… En tout cas, l'ouverture du futur complexe touristique aura des conséquences directes sur la situation de l'emploi en Polynésie française. "Nous allons plus que rattraper les pertes accusées au cours de ces dix dernières années. Nous retrouverons les 8000 emplois perdus et nous en créerons d'autres".

Les organisateurs de ce premier forum avec Nicole Bouteau, la présidente de la commission du tourisme de l'assemblée, Marcel Tuihani le président de l'assemblée et Jean-Christophe Bouissou, ministre du tourisme.
Les organisateurs de ce premier forum avec Nicole Bouteau, la présidente de la commission du tourisme de l'assemblée, Marcel Tuihani le président de l'assemblée et Jean-Christophe Bouissou, ministre du tourisme.
Un premier forum des métiers du tourisme à l'assemblée

Le tourisme c'est l'affaire de tous en Polynésie française, y compris de l'assemblée. "Nous avons voulu apporter notre pierre" indique Nicole Bouteau, présidente de la commission tourisme de l'assemblée territoriale. "Au sein de notre préoccupation pour développer le tourisme il nous faut développer les formations et valoriser les métiers" poursuit l'élue.

C'est pourquoi ce premier forum des formations et des métiers du tourisme se déroulera au cœur de l'assemblée, place Tarahoi le 30 septembre de 9h à 16h. Information sur les métiers, les formations disponibles sur le territoire, les parcours administratifs pour devenir prestataire d'activités touristiques ou hébergeurs mais également un pôle sur tourisme et numérique tant les nouvelles technologies sont venues révolutionner les modes de réservation et de consommation de voyages et autres activités touristiques.

Ce forum s'adresse aux jeunes en priorité, particulièrement ceux des établissements secondaires dont l'orientation professionnelle doit se déclarer prochainement. Les conférences débat de ce forum seront retransmises en direct sur le site Internet de l'assemblée de Polynésie française pour pouvoir atteindre les habitants des îles.

Pour en savoir plus sur le programme de cette journée du 30 septembre, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 17 Septembre 2015 à 09:33 | Lu 4411 fois