Paris, France | AFP | mercredi 06/04/2022 - A l'approche de la présidentielle, Marine Le Pen tente de faire oublier sa proximité avec la Russie, accusée de massacres en Ukraine, mais reste hostile aux sanctions économiques contre Moscou altérant le pouvoir d'achat des Français.
"On aurait pu se foirer" sur la Russie, admet un proche de la candidate du Rassemblement national, qui avait avait été reçue en grande pompe par le président russe Vladimir Poutine lors de la campagne présidentielle de 2017. La photo de la rencontre figure toujours sur ses documents de campagne.
Son parti n'a pas non plus fini de rembourser un prêt de 9 millions d'euros à un créancier russe dirigé par d'anciens militaires.
Depuis le début de l'invasion, elle joue la prudence. La candidate convient d'abord avec son équipe de "ne pas jouer au président" de la République, car "on n'a pas les éléments", selon ce proche.
Un argument déjà mis en avant quand elle avait refusé de s'associer à un texte de ses alliés européens à Madrid fin janvier, qui exprimaient leur "solidarité" avec l'Ukraine contre les "menaces" russes.
Dès le lendemain de l'invasion, la candidate commande à ses proches un communiqué, à la rédaction duquel l'eurodéputé russophile Thierry Mariani n'est pas associé.
Quand M. Mariani, également porte-parole, parle "d'opération d'intoxication" à propos du bombardement du théâtre de Marioupol, il est prié de la "mettre en sourdine", selon son entourage.
"Profit"
La candidate d'extrême droite condamne ensuite l'agression et dit qu'il faut accueillir les réfugiés ukrainiens, peu importe qu'elle les distingue de ceux d'Afghanistan ou de Syrie, pourtant tous protégés par la Convention de Genève.
Elle marque ainsi sa différence avec son rival Eric Zemmour (Reconquête!), qui suggère de "privilégier" leur accueil en Pologne, générant des critiques.
Mme Le Pen évoque aussi le conflit sous l'angle de ses conséquences sur le pouvoir d'achat, thème majeur de sa campagne, refusant de soutenir à cet égard les sanctions économiques contre Moscou. Elle ne veut pas non plus d'embargo sur le gaz ou le pétrole russes.
Mme Le Pen a "retourné un désavantage à son profit, en faisant oublier tout le reste", souligne Nonna Mayer, spécialiste de l'électorat RN.
La candidate réclame d'ailleurs toujours la levée des sanctions contre la Russie pour son annexion de la Crimée en 2014, jugée illégale par la communauté internationale.
Elle refuse aussi de qualifier Vladimir Poutine de "criminel de guerre" ou "dictateur". Mais après la découverte de centaines de corps de civils dans la région de Kiev, elle a admis des "crimes de guerre" et demandé jeudi le rappel de l'ambassadeur de France en Russie.
Après avoir affirmé que le président russe pourrait "bien entendu" redevenir un allié de la France, elle a précisé qu'elle voulait parler de la Russie.
"Autoritaire"
Sur son projet "d'entente" militaire avec Moscou, Marine Le Pen a aussi déclaré qu'il n'était plus envisageable "au moment où nous nous parlons".
La candidate RN "est obligée de faire une petite opération de lustration pour lever le dernier obstacle pour la campagne du second tour" où "se joue la capacité des candidats d'incarner la France à l'étranger", souligne auprès de l'AFP François Heisbourg, de l'International Institute for Strategic Studies (IISS).
"Mais si elle avait vraiment des problèmes avec Vladimir Poutine, elle se serait exprimée plus tôt", note l'ancien diplomate.
Marine Le Pen propose dans son projet présidentiel une "alliance" avec la Russie pour l'inclure "dans une architecture de sécurité européenne qui ne peut se confondre avec la seule Otan", considérée comme une "organisation belliciste".
Un choix qui reviendrait "à faire éclater l'alliance atlantique" ainsi qu'à "fermer les yeux sur diverses formes de guerre hybride" de la Russie susceptibles de pénaliser la France, comme au Mali avec la société Wagner ou en matière cyber, selon le centre de réflexion Terra Nova, classé à gauche.
"Le parti de l'étranger comme ils disent, c'est eux", a cinglé mercredi l'eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique) lors d'un débat au Parlement européen à Strasbourg sur les liens entre l'extrême droite européenne et Vladimir Poutine.
Selon Ben Judah, de l'Atlantic Council, Marine Le Pen, qui finance sa campagne présidentielle avec un prêt hongrois, serait si elle était élue un "deuxième super-Orban cherchant la même équivalence et équidistance avec le Kremlin" et une "lente désintégration" de l'UE, pour aller "vers un système plus autoritaire" et "favorable à Poutine".
"On aurait pu se foirer" sur la Russie, admet un proche de la candidate du Rassemblement national, qui avait avait été reçue en grande pompe par le président russe Vladimir Poutine lors de la campagne présidentielle de 2017. La photo de la rencontre figure toujours sur ses documents de campagne.
Son parti n'a pas non plus fini de rembourser un prêt de 9 millions d'euros à un créancier russe dirigé par d'anciens militaires.
Depuis le début de l'invasion, elle joue la prudence. La candidate convient d'abord avec son équipe de "ne pas jouer au président" de la République, car "on n'a pas les éléments", selon ce proche.
Un argument déjà mis en avant quand elle avait refusé de s'associer à un texte de ses alliés européens à Madrid fin janvier, qui exprimaient leur "solidarité" avec l'Ukraine contre les "menaces" russes.
Dès le lendemain de l'invasion, la candidate commande à ses proches un communiqué, à la rédaction duquel l'eurodéputé russophile Thierry Mariani n'est pas associé.
Quand M. Mariani, également porte-parole, parle "d'opération d'intoxication" à propos du bombardement du théâtre de Marioupol, il est prié de la "mettre en sourdine", selon son entourage.
"Profit"
La candidate d'extrême droite condamne ensuite l'agression et dit qu'il faut accueillir les réfugiés ukrainiens, peu importe qu'elle les distingue de ceux d'Afghanistan ou de Syrie, pourtant tous protégés par la Convention de Genève.
Elle marque ainsi sa différence avec son rival Eric Zemmour (Reconquête!), qui suggère de "privilégier" leur accueil en Pologne, générant des critiques.
Mme Le Pen évoque aussi le conflit sous l'angle de ses conséquences sur le pouvoir d'achat, thème majeur de sa campagne, refusant de soutenir à cet égard les sanctions économiques contre Moscou. Elle ne veut pas non plus d'embargo sur le gaz ou le pétrole russes.
Mme Le Pen a "retourné un désavantage à son profit, en faisant oublier tout le reste", souligne Nonna Mayer, spécialiste de l'électorat RN.
La candidate réclame d'ailleurs toujours la levée des sanctions contre la Russie pour son annexion de la Crimée en 2014, jugée illégale par la communauté internationale.
Elle refuse aussi de qualifier Vladimir Poutine de "criminel de guerre" ou "dictateur". Mais après la découverte de centaines de corps de civils dans la région de Kiev, elle a admis des "crimes de guerre" et demandé jeudi le rappel de l'ambassadeur de France en Russie.
Après avoir affirmé que le président russe pourrait "bien entendu" redevenir un allié de la France, elle a précisé qu'elle voulait parler de la Russie.
"Autoritaire"
Sur son projet "d'entente" militaire avec Moscou, Marine Le Pen a aussi déclaré qu'il n'était plus envisageable "au moment où nous nous parlons".
La candidate RN "est obligée de faire une petite opération de lustration pour lever le dernier obstacle pour la campagne du second tour" où "se joue la capacité des candidats d'incarner la France à l'étranger", souligne auprès de l'AFP François Heisbourg, de l'International Institute for Strategic Studies (IISS).
"Mais si elle avait vraiment des problèmes avec Vladimir Poutine, elle se serait exprimée plus tôt", note l'ancien diplomate.
Marine Le Pen propose dans son projet présidentiel une "alliance" avec la Russie pour l'inclure "dans une architecture de sécurité européenne qui ne peut se confondre avec la seule Otan", considérée comme une "organisation belliciste".
Un choix qui reviendrait "à faire éclater l'alliance atlantique" ainsi qu'à "fermer les yeux sur diverses formes de guerre hybride" de la Russie susceptibles de pénaliser la France, comme au Mali avec la société Wagner ou en matière cyber, selon le centre de réflexion Terra Nova, classé à gauche.
"Le parti de l'étranger comme ils disent, c'est eux", a cinglé mercredi l'eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique) lors d'un débat au Parlement européen à Strasbourg sur les liens entre l'extrême droite européenne et Vladimir Poutine.
Selon Ben Judah, de l'Atlantic Council, Marine Le Pen, qui finance sa campagne présidentielle avec un prêt hongrois, serait si elle était élue un "deuxième super-Orban cherchant la même équivalence et équidistance avec le Kremlin" et une "lente désintégration" de l'UE, pour aller "vers un système plus autoritaire" et "favorable à Poutine".