Enfin reconnu, le e-sport devra désormais faire ses preuves. En tout cas, du côté du ministère des sports, on y croit. De gauche à droite : Fausto Reid-Amaru, président de l'AS E-sport, Nahema Temarii, ministre des sports et de la jeunesse, et Teva Reid-Amaru, vice président de l'AS E-sport.
Tahiti, le 27 septembre 2023 – Lors de son discours à l'ouverture de la session budgétaire à l'assemblée de la Polynésie française la semaine dernière, le président Moetai Brotherson s'est engagé à soutenir l'e-sport en Polynésie française. Une première pour un gouvernement local, mais surtout un grand pas en avant pour cette discipline encore en mal de reconnaissance. Fausto Reid-Amaru, membre fondateur de l'AS E-sport en Polynésie, revient pour Tahiti Infos sur les perspectives d'avenir d'un tel secteur.
Le Pays a annoncé dernièrement qu'il soutiendra désormais la pratique de l'e-sport en Polynésie. C’est une grande victoire pour la communauté de gamers ici à Tahiti ?
“Absolument. Avant nous, il y avait déjà eu des associations et des tentatives d'événements autour de l’e-sport, mais à l'époque c'était peut-être prématuré. Dans les représentations collectives, et au sein des gouvernements, on ne comprenait pas. Il était sûrement difficile pour eux de réaliser et d'apprécier l'essence même de ces sports modernes. Avec l'arrivée des nouvelles technologies, et de la fibre notamment, cela a débloqué beaucoup de choses.”
À l'étranger, ces sports sont reconnus et pratiqués depuis de nombreuses années déjà. Pourquoi est-ce que cela a pris autant de temps pour arriver jusqu'à Tahiti ?
“Il y a plusieurs raisons à cela. D'une part, dans l'esprit des gens, les préjugés persistent. Pour bon nombre de personnes, et notamment les parents, un gamer est une personne fainéante, assise sur son canapé à manger des popcorns et qui ne s'arrête de jouer que pour aller aux toilettes. Le problème, c'est la diabolisation que l'on donne aux jeux vidéo. C'est l'effet “Les dents de la mer”, les gens voient un film et se font une idée de la mer qui n'est pas la réalité. C'est ce qui se passe avec les jeux vidéo. D'autre part, pendant longtemps, la connexion internet à Tahiti ne permettait pas aux joueurs d'exprimer pleinement leur capacité et leur talent de gamer, tout simplement. Aujourd'hui, heureusement, la roue tourne.”
Parlez-nous de cette communauté de gamers. L'e-sport en Polynésie, c'est quoi et pour qui ?
“C'est une question importante que nous a également posée la ministre des Sports, Nahema Temarii. Pour y répondre, nous avons préféré l'inviter directement à notre dernier événement qui s'est déroulé au mois d'août dernier, afin qu'elle voit de ses propres yeux ce qu'il en est. À sa grande surprise, non seulement l'événement fédérait beaucoup de jeunes, mais surtout d'horizons divers et variés. Lorsque l'on pense aux jeux vidéo en ligne, on pense à des ordinateurs ultra-équipés qui coûtent une brique. Or aujourd'hui, avec l'avènement des smartphones, l'e-sport est devenu très accessible. D'ailleurs, nos actions aujourd'hui s'orientent beaucoup vers ce support.”
On parle ici de sport et donc d'athlètes. Où se situe le niveau actuel des Polynésiens dans ce secteur ?
“Pour le moment, on ne peut pas dire que nous soyons au niveau des grands pays et c'est normal au vu de nos moyens. En revanche, très récemment, deux joueurs se sont remarquablement illustrés lors d'une compétition nationale sur le jeu Fortnite. Les joueurs devaient réaliser le meilleur score en 3 heures et dix parties maximum. L'un, sous le pseudonyme ‘SPZ’, s'est hissé à la 22e place sur 40 000 participants en sept parties, et le deuxième, ‘MAUZA’, s'est classé 1 198e en participant à seulement deux parties. Une première pour la Polynésie. Ils ont montré que c'est possible et qu'avec un cadre et un accompagnement plus poussé, nous pouvons y arriver.”
Vous parliez des moyens, quels sont-ils actuellement ? Et qu'est-ce que vous espérez obtenir avec l'aide du gouvernement ?
“Actuellement, nos événements se déroulent dans le bâtiment de Air Formation à Faa'a, dans une salle que l'on nous prête gracieusement. Mais voilà, les moyens sont quasi-inexistants. Lorsque la ministre est venue, elle a pu voir de ses propres yeux : les jeunes étaient assis par terre, téléphone en main et concentrés sur leur partie. On peut essayer de monter la meilleure équipe associative possible, si derrière, les moyens ne suivent pas, nous ne ferons rien. Ou peu. Donc avant toutes choses, nous espérons obtenir des subventions afin de nous équiper, en termes d'espace, de logistique et de matériel. Mais on sait que l'on devra attendre, les subventions ne seront accordées que l'année prochaine.
Quels sont les objectifs à moyen et long terme pour l'AS E-sport ?
“Notre objectif premier est de démocratiser la pratique de l'e-sport mobile en Polynésie française et de permettre à la jeunesse polynésienne de s'occuper de façon saine. Après, nous sommes attentifs, si certains d'entre eux montrent un certain potentiel, nous les pousserons et les accompagnerons sur la scène nationale. Notre but sera de tout mettre en œuvre afin de promouvoir notre sport mais également nos athlètes. Sinon, le prochain événement, ce sera le dimanche 5 novembre au bâtiment Air formation à Faa'a, route de l'aéroport qui rejoint la RDO, en face du restaurant chinois Océan. Ce sera un événement essentiellement sur mobile, sur des jeux comme Call of Duty Mobile en mode multi-joueurs ou battle royal, et si possible on intègrera de l'arcade avec des jeux comme Tekken 7 ou Fifa. Nous communiquerons très prochainement sur le sujet pour confirmer tout ça.”
Le Pays a annoncé dernièrement qu'il soutiendra désormais la pratique de l'e-sport en Polynésie. C’est une grande victoire pour la communauté de gamers ici à Tahiti ?
“Absolument. Avant nous, il y avait déjà eu des associations et des tentatives d'événements autour de l’e-sport, mais à l'époque c'était peut-être prématuré. Dans les représentations collectives, et au sein des gouvernements, on ne comprenait pas. Il était sûrement difficile pour eux de réaliser et d'apprécier l'essence même de ces sports modernes. Avec l'arrivée des nouvelles technologies, et de la fibre notamment, cela a débloqué beaucoup de choses.”
À l'étranger, ces sports sont reconnus et pratiqués depuis de nombreuses années déjà. Pourquoi est-ce que cela a pris autant de temps pour arriver jusqu'à Tahiti ?
“Il y a plusieurs raisons à cela. D'une part, dans l'esprit des gens, les préjugés persistent. Pour bon nombre de personnes, et notamment les parents, un gamer est une personne fainéante, assise sur son canapé à manger des popcorns et qui ne s'arrête de jouer que pour aller aux toilettes. Le problème, c'est la diabolisation que l'on donne aux jeux vidéo. C'est l'effet “Les dents de la mer”, les gens voient un film et se font une idée de la mer qui n'est pas la réalité. C'est ce qui se passe avec les jeux vidéo. D'autre part, pendant longtemps, la connexion internet à Tahiti ne permettait pas aux joueurs d'exprimer pleinement leur capacité et leur talent de gamer, tout simplement. Aujourd'hui, heureusement, la roue tourne.”
Parlez-nous de cette communauté de gamers. L'e-sport en Polynésie, c'est quoi et pour qui ?
“C'est une question importante que nous a également posée la ministre des Sports, Nahema Temarii. Pour y répondre, nous avons préféré l'inviter directement à notre dernier événement qui s'est déroulé au mois d'août dernier, afin qu'elle voit de ses propres yeux ce qu'il en est. À sa grande surprise, non seulement l'événement fédérait beaucoup de jeunes, mais surtout d'horizons divers et variés. Lorsque l'on pense aux jeux vidéo en ligne, on pense à des ordinateurs ultra-équipés qui coûtent une brique. Or aujourd'hui, avec l'avènement des smartphones, l'e-sport est devenu très accessible. D'ailleurs, nos actions aujourd'hui s'orientent beaucoup vers ce support.”
On parle ici de sport et donc d'athlètes. Où se situe le niveau actuel des Polynésiens dans ce secteur ?
“Pour le moment, on ne peut pas dire que nous soyons au niveau des grands pays et c'est normal au vu de nos moyens. En revanche, très récemment, deux joueurs se sont remarquablement illustrés lors d'une compétition nationale sur le jeu Fortnite. Les joueurs devaient réaliser le meilleur score en 3 heures et dix parties maximum. L'un, sous le pseudonyme ‘SPZ’, s'est hissé à la 22e place sur 40 000 participants en sept parties, et le deuxième, ‘MAUZA’, s'est classé 1 198e en participant à seulement deux parties. Une première pour la Polynésie. Ils ont montré que c'est possible et qu'avec un cadre et un accompagnement plus poussé, nous pouvons y arriver.”
Vous parliez des moyens, quels sont-ils actuellement ? Et qu'est-ce que vous espérez obtenir avec l'aide du gouvernement ?
“Actuellement, nos événements se déroulent dans le bâtiment de Air Formation à Faa'a, dans une salle que l'on nous prête gracieusement. Mais voilà, les moyens sont quasi-inexistants. Lorsque la ministre est venue, elle a pu voir de ses propres yeux : les jeunes étaient assis par terre, téléphone en main et concentrés sur leur partie. On peut essayer de monter la meilleure équipe associative possible, si derrière, les moyens ne suivent pas, nous ne ferons rien. Ou peu. Donc avant toutes choses, nous espérons obtenir des subventions afin de nous équiper, en termes d'espace, de logistique et de matériel. Mais on sait que l'on devra attendre, les subventions ne seront accordées que l'année prochaine.
Quels sont les objectifs à moyen et long terme pour l'AS E-sport ?
“Notre objectif premier est de démocratiser la pratique de l'e-sport mobile en Polynésie française et de permettre à la jeunesse polynésienne de s'occuper de façon saine. Après, nous sommes attentifs, si certains d'entre eux montrent un certain potentiel, nous les pousserons et les accompagnerons sur la scène nationale. Notre but sera de tout mettre en œuvre afin de promouvoir notre sport mais également nos athlètes. Sinon, le prochain événement, ce sera le dimanche 5 novembre au bâtiment Air formation à Faa'a, route de l'aéroport qui rejoint la RDO, en face du restaurant chinois Océan. Ce sera un événement essentiellement sur mobile, sur des jeux comme Call of Duty Mobile en mode multi-joueurs ou battle royal, et si possible on intègrera de l'arcade avec des jeux comme Tekken 7 ou Fifa. Nous communiquerons très prochainement sur le sujet pour confirmer tout ça.”
Réaction
Nahema Temarii
Ministre des Sports et de la Jeunesse
“On se rend vite compte qu'il s'agit d'une activité ludique fédératrice”
“Aller à la rencontre de l'AS E-sport a été une belle surprise pour moi. Pour être très honnête, je ne m'y connaissais pas du tout en jeux vidéo et donc j'avais une certaine idée préconçue de la chose. Au premier abord, on a du mal à associer les notions “sport” et “jeux vidéo”, mais on se rend vite compte, en s'y intéressant un peu, qu'il s'agit d'une activité ludique fédératrice et qui nécessite une certaine dextérité que l'on obtient qu'après s'être entraîné durement.
Ce qui a retenu notre attention également, c'est le cadre proposé par l'association pour ces jeunes. Cela rejoint complètement la vision et le combat que mène le ministère pour tenir la jeunesse polynésienne éloignée de l'oisiveté, de la rue, des différentes drogues et de ses addictions.
Concrètement, comme je l'ai expliqué à l'AS E-sport, ils pourront faire dans un premier lieu une demande de subvention pour l'année prochaine auprès de notre ministère. Je leur ai conseillé d'essayer de trouver deux autres associations afin de pouvoir créer une fédération et donc de bénéficier de fonds plus importants. De plus, leur démarche rejoint à merveille le programme Génér'action que nous avons commencé cette année avec d'autres sports tels que le MMA ou le futsal. Et dans ce cadre-là, nous serons en mesure de leur proposer très certainement une meilleure salle pour l'organisation d'événements majeurs, à l'exemple de l'amphithéâtre de l'IJSPF. Si le mouvement prend, les possibilités sont nombreuses. Je pense par exemple à une collaboration avec la fédération tahitienne de football, afin d'organiser des championnats sur le jeu Fifa entre autres. Avec du travail, tout est possible.”
Nahema Temarii
Ministre des Sports et de la Jeunesse
“On se rend vite compte qu'il s'agit d'une activité ludique fédératrice”
“Aller à la rencontre de l'AS E-sport a été une belle surprise pour moi. Pour être très honnête, je ne m'y connaissais pas du tout en jeux vidéo et donc j'avais une certaine idée préconçue de la chose. Au premier abord, on a du mal à associer les notions “sport” et “jeux vidéo”, mais on se rend vite compte, en s'y intéressant un peu, qu'il s'agit d'une activité ludique fédératrice et qui nécessite une certaine dextérité que l'on obtient qu'après s'être entraîné durement.
Ce qui a retenu notre attention également, c'est le cadre proposé par l'association pour ces jeunes. Cela rejoint complètement la vision et le combat que mène le ministère pour tenir la jeunesse polynésienne éloignée de l'oisiveté, de la rue, des différentes drogues et de ses addictions.
Concrètement, comme je l'ai expliqué à l'AS E-sport, ils pourront faire dans un premier lieu une demande de subvention pour l'année prochaine auprès de notre ministère. Je leur ai conseillé d'essayer de trouver deux autres associations afin de pouvoir créer une fédération et donc de bénéficier de fonds plus importants. De plus, leur démarche rejoint à merveille le programme Génér'action que nous avons commencé cette année avec d'autres sports tels que le MMA ou le futsal. Et dans ce cadre-là, nous serons en mesure de leur proposer très certainement une meilleure salle pour l'organisation d'événements majeurs, à l'exemple de l'amphithéâtre de l'IJSPF. Si le mouvement prend, les possibilités sont nombreuses. Je pense par exemple à une collaboration avec la fédération tahitienne de football, afin d'organiser des championnats sur le jeu Fifa entre autres. Avec du travail, tout est possible.”