La leptospirose se transmet à l'homme en contact avec de l'eau souillée par l'urine d'animaux eux-mêmes infectés. Grave dans sa phase aigüe, elle provoque des atteintes hépatiques, rénales, neuroméningées ou pulmonaires.
PAPEETE, le 14 juin 2017 - Le malade, transporté par les pompiers et hospitalisé pour une forte fièvre et des courbatures un dimanche d'avril 2013 à l'hôpital de Moorea, avait été renvoyé chez lui avec du paracétamol dans l'attente des résultats d'analyse mais malgré une suspicion de leptospirose. Son état s'était brutalement dégradé.
Le tribunal administratif a condamné mardi la Polynésie française, en sa qualité de gestionnaire de l'hôpital de Moorea, à verser une indemnité de 2, 45 millions de francs à un homme âgé de 63 ans aujourd'hui, victime de graves complications suite à sa prise en charge médicale tardive dans le traitement d'une suspicion de leptospirose, contractée en avril 2013 lors d'une pêche aux chevrettes. Le Pays a aussi été condamné à verser plus de 11 millions de francs à la CPS, en remboursement des frais engagés dans le traitement de ces complications.
Le patient, 59 ans à l'époque, avait été transporté par les pompiers à l'hôpital de Moorea le dimanche 21 avril 2013 pour une forte fièvre et des courbatures. Le médecin de permanence l'avait renvoyé à son domicile avec du paracétamol et la prescription d'examens biologiques afin de rechercher les marqueurs de la dengue et de la leptospirose, en lui demandant de revenir le jeudi suivant ou plus tôt en cas de douleur. La leptospirose avait finalement été diagnostiquée le mercredi par le laboratoire d'analyse, mais l'état de santé du quinquagénaire s'était déjà brutalement dégradé. De graves complications cardiaques, rénales et pulmonaires avaient nécessité son évacuation d'urgence au service de réanimation du CHPF.
La prise en charge insuffisante selon le rapport d'expertise
Selon l'expert sollicité dans l'instruction de cette affaire, "la prise en charge du patient a été insuffisante et non conforme aux règles de l'art". Le rapport relève "que dans le cas d'une suspicion de leptospirose, révélée en l'espèce par les examens prescrits, il est conforme aux règles de l'art de mettre immédiatement en route un traitement probabiliste de principe, qui réduit les risques de complications s'il s'agit de leptospirose et peut, dans le cas contraire, être arrêté après deux ou trois jours en ayant fait encourir au patient des risques infinitésimaux au regard de ceux d'un traitement tardif". L'expert qui précise aussi que les leptospires "peuvent être identifiés dans le sang dès le premier jour de la maladie ce qui permet de mettre en place une antibiothérapie précoce réduisant la durée et la sévérité des complications".
Pour sa défense, la Polynésie française a fait valoir que le malade n'était pas retourné à l'hôpital malgré l'aggravation de son état, "un comportement fautif". Le Pays suggère aussi que l'état de santé antérieur du patient, en longue maladie depuis de 2006 pour des problèmes cardiaques, a pu avoir son rôle dans la gravité des complications. Des arguments rejetés par le tribunal administratif.
En conséquences de ces complications neurosensorielles et multiviscérales, le patient avait dû supporter de lourds traitements en réanimation : coma artificiel, intubation, respiration par machine, perfusions multiples et épuration extra-rénale. Des souffrances évaluées "à 5 sur 7" par l'expert, accompagnées d'épisodes infectieux surajoutés et d'un syndrome dépressif persistant encore aujourd'hui suite "à un événement traumatisant".
Le tribunal administratif a condamné mardi la Polynésie française, en sa qualité de gestionnaire de l'hôpital de Moorea, à verser une indemnité de 2, 45 millions de francs à un homme âgé de 63 ans aujourd'hui, victime de graves complications suite à sa prise en charge médicale tardive dans le traitement d'une suspicion de leptospirose, contractée en avril 2013 lors d'une pêche aux chevrettes. Le Pays a aussi été condamné à verser plus de 11 millions de francs à la CPS, en remboursement des frais engagés dans le traitement de ces complications.
Le patient, 59 ans à l'époque, avait été transporté par les pompiers à l'hôpital de Moorea le dimanche 21 avril 2013 pour une forte fièvre et des courbatures. Le médecin de permanence l'avait renvoyé à son domicile avec du paracétamol et la prescription d'examens biologiques afin de rechercher les marqueurs de la dengue et de la leptospirose, en lui demandant de revenir le jeudi suivant ou plus tôt en cas de douleur. La leptospirose avait finalement été diagnostiquée le mercredi par le laboratoire d'analyse, mais l'état de santé du quinquagénaire s'était déjà brutalement dégradé. De graves complications cardiaques, rénales et pulmonaires avaient nécessité son évacuation d'urgence au service de réanimation du CHPF.
La prise en charge insuffisante selon le rapport d'expertise
Selon l'expert sollicité dans l'instruction de cette affaire, "la prise en charge du patient a été insuffisante et non conforme aux règles de l'art". Le rapport relève "que dans le cas d'une suspicion de leptospirose, révélée en l'espèce par les examens prescrits, il est conforme aux règles de l'art de mettre immédiatement en route un traitement probabiliste de principe, qui réduit les risques de complications s'il s'agit de leptospirose et peut, dans le cas contraire, être arrêté après deux ou trois jours en ayant fait encourir au patient des risques infinitésimaux au regard de ceux d'un traitement tardif". L'expert qui précise aussi que les leptospires "peuvent être identifiés dans le sang dès le premier jour de la maladie ce qui permet de mettre en place une antibiothérapie précoce réduisant la durée et la sévérité des complications".
Pour sa défense, la Polynésie française a fait valoir que le malade n'était pas retourné à l'hôpital malgré l'aggravation de son état, "un comportement fautif". Le Pays suggère aussi que l'état de santé antérieur du patient, en longue maladie depuis de 2006 pour des problèmes cardiaques, a pu avoir son rôle dans la gravité des complications. Des arguments rejetés par le tribunal administratif.
En conséquences de ces complications neurosensorielles et multiviscérales, le patient avait dû supporter de lourds traitements en réanimation : coma artificiel, intubation, respiration par machine, perfusions multiples et épuration extra-rénale. Des souffrances évaluées "à 5 sur 7" par l'expert, accompagnées d'épisodes infectieux surajoutés et d'un syndrome dépressif persistant encore aujourd'hui suite "à un événement traumatisant".