Mexicali, Mexique | AFP | mercredi 30/05/2023 - Rescapée d'une overdose, Helena se prépare une dose d'héroïne entre les murs de la "Sala", une salle de shoot à Mexicali, dans le nord du Mexique, qui tente de protéger les toxicomanes des ravages du fentanyl.
Depuis qu'elle a frôlé le pire, Helena redoute la présence de cet opiacé de synthèse qui tue massivement aux Etats-Unis, juste de l'autre côté de la frontière.
A la Sala, elle peut faire tester la drogue qu'elle achète dans la rue, pour savoir ce qu'elle consomme. Le résultat est positif au fentanyl, lui confirme-t-on sans surprise.
"Tous les tests sont positifs", déclare Said Slim, coordonnateur de Verter, l'ONG qui a créé la Sala en 2018 pour protéger les usagers.
Le visage marqué par l'addiction, Helena raconte comment elle a échappé de peu à l'overdose, alors qu'elle venait de s'injecter sa dose habituelle d'héroïne, une drogue qu'elle consomme depuis 20 ans.
"Ils m'ont donné une ampoule", dit-elle en évoquant la naloxone, un antidote qui peut arrêter temporairement les effets des drogues opioïdes.
En fréquentant la Sala, salle de consommation de moindre risque pionnière en Amérique latine, Helena, qui vit en faisant des ménages, a réduit de moitié sa dose quotidienne.
La Sala ouvre ses portes à des personnes sans domicile fixe ou des travailleurs du sexe, et les accueille avec chaleur, par leur prénom. L'ONG leur remet des kits pour éviter les transmissions d'hépatite ou de VIH.
- "Toujours un être humain"-
"J'ai l'impression d'être toujours un être humain", affirme Ricardo, 59 ans, l'air fatigué mais serein.
Comme Helena, ce marchand ambulant qui consomme de l'héroïne depuis 26 ans est un survivant du fentanyl.
"Quand on a remplacé l'héroïne - l'originale, pour ainsi dire - par un mélange avec du fentanyl, j'ai subi une overdose dont j'ai échappé par la grâce de Dieu", raconte-t-il.
Le fentanyl "t'anesthésie" et "te laisse pratiquement endormi", décrit-il. "Je l'ai vécu dans ma propre chair".
Overdoses
A Mexicali, à la frontière des Etats-Unis, la police enregistre entre trois et six morts de toxicomanes présumés par jour, d'après Carlos Romero, un officiel.
"Il s'agit souvent d'overdoses", précise-t-il. "La présence de fentanyl a beaucoup progressé dans la ville".
Les overdoses représentent jusqu'à 25% des situations d'urgences, affirme Julio Buenrostro, le coordinateur de la Croix Rouge.
La naloxone permet de "sauver des vies", confirme-t-il. "Sans naloxone, un patient tarde à sortir de la crise", explique Gloria Puente, technicienne au service des urgences de la Croix Rouge, qui demande l'appui du gouvernement.
Faute d'accès régulier à ce médicament, le personnel médical, les pompiers et les policiers frappent à la porte de Verter, qui importe la naloxone des Etats-Unis où elle est en vente libre.
Le président mexicain Lopez Obrador a critiqué la vente libre de naloxone aux Etats-Unis: "Au lieu d'aller au fond des choses, on s'en remet à des palliatifs".
A l'origine un analgésique d'usage médical aux Etats-Unis, le fentanyl est une nouvelle pomme de discorde avec le Mexique.
Washington affirme que les cartels mexicains en dominent la production et le trafic. De son côté, le président mexicain pointe que les composants chimiques sont importés de Chine.
Mexico a annoncé vendredi un accord avec la Chine et la Corée du Sud pour lutter contre le trafic.
Au total 67% des 107.375 morts par overdose aux Etats-Unis en 2021 impliquaient "des opioïdes synthétiques", selon l'agence américaine anti-drogue (DEA).
Le fentanyl est le premier responsable de la mort des moins de 50 ans, plus que tout autre cause "y compris les maladies cardiaques, le cancer, les homicides, le suicide, et d'autres types d'accidents", lit-on sur le site de la DEA. Il est "approximativement 100 fois plus puissant que la morphine et 50 fois plus puissant que l'héroïne comme analgésique".
"Le fentanyl est la plus grande menace de drogue mortelle à laquelle notre nation ait jamais fait face", alerte l'administratrice de la DEA Anne Milgram.
Depuis qu'elle a frôlé le pire, Helena redoute la présence de cet opiacé de synthèse qui tue massivement aux Etats-Unis, juste de l'autre côté de la frontière.
A la Sala, elle peut faire tester la drogue qu'elle achète dans la rue, pour savoir ce qu'elle consomme. Le résultat est positif au fentanyl, lui confirme-t-on sans surprise.
"Tous les tests sont positifs", déclare Said Slim, coordonnateur de Verter, l'ONG qui a créé la Sala en 2018 pour protéger les usagers.
Le visage marqué par l'addiction, Helena raconte comment elle a échappé de peu à l'overdose, alors qu'elle venait de s'injecter sa dose habituelle d'héroïne, une drogue qu'elle consomme depuis 20 ans.
"Ils m'ont donné une ampoule", dit-elle en évoquant la naloxone, un antidote qui peut arrêter temporairement les effets des drogues opioïdes.
En fréquentant la Sala, salle de consommation de moindre risque pionnière en Amérique latine, Helena, qui vit en faisant des ménages, a réduit de moitié sa dose quotidienne.
La Sala ouvre ses portes à des personnes sans domicile fixe ou des travailleurs du sexe, et les accueille avec chaleur, par leur prénom. L'ONG leur remet des kits pour éviter les transmissions d'hépatite ou de VIH.
- "Toujours un être humain"-
"J'ai l'impression d'être toujours un être humain", affirme Ricardo, 59 ans, l'air fatigué mais serein.
Comme Helena, ce marchand ambulant qui consomme de l'héroïne depuis 26 ans est un survivant du fentanyl.
"Quand on a remplacé l'héroïne - l'originale, pour ainsi dire - par un mélange avec du fentanyl, j'ai subi une overdose dont j'ai échappé par la grâce de Dieu", raconte-t-il.
Le fentanyl "t'anesthésie" et "te laisse pratiquement endormi", décrit-il. "Je l'ai vécu dans ma propre chair".
Overdoses
A Mexicali, à la frontière des Etats-Unis, la police enregistre entre trois et six morts de toxicomanes présumés par jour, d'après Carlos Romero, un officiel.
"Il s'agit souvent d'overdoses", précise-t-il. "La présence de fentanyl a beaucoup progressé dans la ville".
Les overdoses représentent jusqu'à 25% des situations d'urgences, affirme Julio Buenrostro, le coordinateur de la Croix Rouge.
La naloxone permet de "sauver des vies", confirme-t-il. "Sans naloxone, un patient tarde à sortir de la crise", explique Gloria Puente, technicienne au service des urgences de la Croix Rouge, qui demande l'appui du gouvernement.
Faute d'accès régulier à ce médicament, le personnel médical, les pompiers et les policiers frappent à la porte de Verter, qui importe la naloxone des Etats-Unis où elle est en vente libre.
Le président mexicain Lopez Obrador a critiqué la vente libre de naloxone aux Etats-Unis: "Au lieu d'aller au fond des choses, on s'en remet à des palliatifs".
A l'origine un analgésique d'usage médical aux Etats-Unis, le fentanyl est une nouvelle pomme de discorde avec le Mexique.
Washington affirme que les cartels mexicains en dominent la production et le trafic. De son côté, le président mexicain pointe que les composants chimiques sont importés de Chine.
Mexico a annoncé vendredi un accord avec la Chine et la Corée du Sud pour lutter contre le trafic.
Au total 67% des 107.375 morts par overdose aux Etats-Unis en 2021 impliquaient "des opioïdes synthétiques", selon l'agence américaine anti-drogue (DEA).
Le fentanyl est le premier responsable de la mort des moins de 50 ans, plus que tout autre cause "y compris les maladies cardiaques, le cancer, les homicides, le suicide, et d'autres types d'accidents", lit-on sur le site de la DEA. Il est "approximativement 100 fois plus puissant que la morphine et 50 fois plus puissant que l'héroïne comme analgésique".
"Le fentanyl est la plus grande menace de drogue mortelle à laquelle notre nation ait jamais fait face", alerte l'administratrice de la DEA Anne Milgram.