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Le Fifo s’ouvre avec les courts-métrages


Tahiti, le 6 février 2022 - Le Fifo a traditionnellement commencé samedi avec une après-midi et une soirée consacrées aux courts-métrages. Des "préliminaires" remplis d’émotions avec les documentaires de Fenêtre-sur-courts et les films de la Nuit de la fiction.
 
Le court, c’est les montagnes russes des émotions. On a envie de rire, envie de pleurer, on est scotché, abasourdis… Comme chaque année, le Fifo à démarré avec Fenêtres-sur-courts et la Nuit de la fiction. Deux rendez-vous qui préparent à ce grand shaker d’émotions qu’est le Fifo. Fenêtres-sur-courts a commencé avec Dawn Raids, l’histoire tragique des émigrés des îles du Pacifique venus travailler en Nouvelle-Zélande. La politique d’immigration se durcit et les îliens sont harcelés par la police néo-zélandaise. Une tension qui trouve son paroxysme dans l’élection du parti national à la tête du pays en 1975. Les enfants des parents samoan, tongien ou originaires des Cook se souviennent… C’est aussi la naissance des Polynesian Panthers, inspirés des Black Panthers, qui font également des descentes à l’aube chez les policiers pour les harceler. 
 
Plusieurs courts-métrages sont consacrés à la Nouvelle-Zélande comme Would a good man die ? sur l’assassinat en pleine nuit de Cecil Hector Larsen, sur l’île de Niue, alors qu’il y règne en dictateur froid et cruel depuis dix ans, au nom de la Nouvelle-Zélande. Ou encore When nobody was looking sur la torture d’enfants emprisonnés sous de faux prétextes. Cette prise en charge par l’État dans les années 1970 est aujourd’hui l’objet d’une enquête grâce au travail du Dr Olivier Sutherland. Et enfin The Mau movement of Sāmoa sur la résistance des Samoans face à la colonisation néo-zélandaise qui a amené la première ministre Helen Clarck à présenter des excuses au nom du gouvernement néo-zélandais en 2002.
 
"À chaque fois tu apprends des choses"
 
Deux autres courts-métrages s’intéressent aux légendes et à la spiritualité avec ‘Aumākua sur les esprits gardiens de Hawaii et Kapaemahu qui raconte l’histoire de quatre êtres extraordinaires, des mahu, venus déposer leur don de guérison à Waikīkī. The Rogers est la première organisation du Pacifique qui regroupe les fa’atama, les hommes transgenres des Samoa. Avec Haka Haha, on s’intéresse aux regards des Néo-zélandais portés sur les Haka que les Occidentaux s’amusent à reproduire avec plus ou moins de réussite à travers le monde : "On ne peut pas vraiment l’appeler Haka… C’est Caca. Haka Caca." Voilà qui résume bien les prestations de ceux qui ne connaissent rien au Haka. Le film se termine sur un Haka néo-zélandais plutôt impressionnant. À la sortie, les spectateurs semblaient ravis : "C’était vachement bien ! À chaque fois tu apprends des choses", résument deux jeunes femmes.
 
En soirée, dix films ont été projetés pendant la Nuit de la fiction. Autre ambiance, place à la création et à l’imagination des auteurs et réalisateurs de l’Océanie. Film futuriste, d’horreur, biographique… Il y en avait pour tous les goûts, suscitant parfois les réactions du public, ne s’attendant pas à cette fin abrupte ou ce cent-pied qui veut sortir de terre, appelé par un démon qui a pris possession du corps d’une jeune fille. Le court-métrage de fiction est comme une nouvelle pour la littérature : c’est rapide, intense et parfois abrupt. 
 
Les votes ouverts toute la semaine
 
Un film d’animation faisait partie de la série : Spark. Il n’a pas échappé à la règle : alors que les spectateurs étaient en plein vol, le rêve s’arrête brutalement, explosé par un avion beaucoup plus gros qui vient aplatir le tout-petit. D’autres films s’appuient sur des faits réels comme Kama’āina qui parle de ce campement autogéré où Auntie Twinkle accueille les exclus de la société, ou encore Hawaiian Soul, une biographie du chanteur et activiste George Helm, qui s’est battu pour stopper les entrainements militaires sur Kaho’olawe, une île de l’archipel hawaiien. À la sortie du Grand théâtre, les spectateurs vont glisser leur bulletin de vote dans l’urne pour le meilleur court-métrage documentaire et de fiction. D’autres refusent de le faire tout de suite : "J’ai besoin de réfléchir", explique une femme, vite rassurée : l’urne restera toute la semaine du festival, elle peut prendre son temps. Une autre spectatrice trouve la formule résumant Fenêtre-sur-courts et la Nuit de la fiction : "C’est court ! Mais c’est bien." Exactement !
 

Journée scolaire et soirée Du livre à l'écran

En raison de la situation sanitaire, la première journée du festival est la seule journée uniquement dédiée aux établissements scolaires, de 8 à 16 heures sans pass vaccinal, mais dans le respect des gestes barrières. Durant cette journée, ils pourront visionner plusieurs films en compétition et hors compétition et rencontrer les réalisateurs, producteurs ou protagonistes de certains de ces films ainsi que quelques court-métrages du OFF. L’éco-musée de Moorea, Te Fare Natura, sera également sur le village du Fifo pour proposer deux ateliers : Fenua 360°, une immersion virtuelle dans les écosystèmes polynésiens grâce aux casques de réalité augmentée et un jeu de plateau pour comprendre les migrations dans le Pacifique.
 
Dans le cadre de la soirée Du livre à l’écran, un long-métrage sera projeté pour clôturer la journée. L’émouvant long-métrage Cousins, adapté du roman de l’auteure māori Patricia Grace. La projection sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Briar Grace-Smith. Une soirée à ne pas manquer à 19 heures au Grand théâtre. Entrée libre en présentiel dans la limite des places disponibles, dans le respect des mesures sanitaires en vigueur (pass sanitaire). Le film ne sera pas disponible dans la version numérique du festival.
 

Rédigé par Fifo le Dimanche 6 Février 2022 à 21:54 | Lu 762 fois