PAPEETE, le 3 février 2015 - Emmanuel Djibaou est directeur du centre culturel Djibaou de Nouvelle-Calédonie et membre du jury du Fifo.
Le centre culturel Djibaou de Nouméa est chargé de collecter toutes les traces vidéos et écrite concernant la culture kanak, et les diffuse régulièrement. Son directeur est donc par la force des choses un connaisseur en documentaires. Mais ce fils d'un grand indépendantiste kanak et spécialiste de l'histoire de son pays a une vision beaucoup moins technique de ce média que d'autres membres du jury, réalisateurs et producteurs. Il voit plutôt son rôle culturel et sociétal.
Tahiti Infos : Voyez-vous des parallèles entre les cultures kanak et polynésienne ?
Emmanuel Djibaou : "Nous avons un héritage commun qui est celui des ombres et des lumières de la colonisation, (le mythe du 'bon sauvage' qui nous a façonnés…) Et aussi la manière dont aujourd'hui on se projette dans un projet de développement humain, celui des insularités. Celui qui consiste à avoir tout simplement une parole qui perdure et qui nous permette d'exister aux yeux du monde. Faire perdurer le fruit d'une expérience qui a duré 2000 ans, autant que l'expérience continentale.
Le Fifo, par le lien qui s'est tissé entre les Kanak, les Maohi et plus largement les insulaires, va servir de tête de pont pour les peuples des petites îles d'Océanie que l'on n'entend pas, c'est un combat de tous les jours."
Qu'est-ce que les cultures insulaires comme les nôtres ont à apporter au reste du monde à travers ces documentaires ?
"Je pense que la Calédonie et la Polynésie – parce que c'est nous qui parlons un peu plus fort – pouvons apporter le fait que sur nos îles nous avons développé un rapport particulier à l'environnement, à l'autre, une temporalité différente… Nous retrouvons à l'échelle humaine l'ensemble des grands problèmes sociétaux que traversent les continents : la démographie, l'urbanisme, les addictions, les violences, la prise de conscience du changement climatique dont nous voyons déjà les conséquences… Sur tous ces sujets nous avons une voix plus forte, et il faut parler pour Nauru, pour Tuvalu…"
Quel va être votre rôle au sein du jury du Fifo ?
"Et bien dans le jury je suis un kanak, un des seuls "native-didgeridoo" comme on dit, donc j'aurai ce regard différent. Je pense que ça veut dire que ce que je cherche dans les films, c'est qu'on ne parle pas à ma place. J'aime bien comprendre par moi-même, et que la valeur porte essentiellement sur la prise de responsabilité sur le devenir de nos sociétés. Que ce soit une prise en charge par nos aînés, par nos élites ou par la population, le quidam."
Le centre culturel Djibaou de Nouméa est chargé de collecter toutes les traces vidéos et écrite concernant la culture kanak, et les diffuse régulièrement. Son directeur est donc par la force des choses un connaisseur en documentaires. Mais ce fils d'un grand indépendantiste kanak et spécialiste de l'histoire de son pays a une vision beaucoup moins technique de ce média que d'autres membres du jury, réalisateurs et producteurs. Il voit plutôt son rôle culturel et sociétal.
Tahiti Infos : Voyez-vous des parallèles entre les cultures kanak et polynésienne ?
Emmanuel Djibaou : "Nous avons un héritage commun qui est celui des ombres et des lumières de la colonisation, (le mythe du 'bon sauvage' qui nous a façonnés…) Et aussi la manière dont aujourd'hui on se projette dans un projet de développement humain, celui des insularités. Celui qui consiste à avoir tout simplement une parole qui perdure et qui nous permette d'exister aux yeux du monde. Faire perdurer le fruit d'une expérience qui a duré 2000 ans, autant que l'expérience continentale.
Le Fifo, par le lien qui s'est tissé entre les Kanak, les Maohi et plus largement les insulaires, va servir de tête de pont pour les peuples des petites îles d'Océanie que l'on n'entend pas, c'est un combat de tous les jours."
Qu'est-ce que les cultures insulaires comme les nôtres ont à apporter au reste du monde à travers ces documentaires ?
"Je pense que la Calédonie et la Polynésie – parce que c'est nous qui parlons un peu plus fort – pouvons apporter le fait que sur nos îles nous avons développé un rapport particulier à l'environnement, à l'autre, une temporalité différente… Nous retrouvons à l'échelle humaine l'ensemble des grands problèmes sociétaux que traversent les continents : la démographie, l'urbanisme, les addictions, les violences, la prise de conscience du changement climatique dont nous voyons déjà les conséquences… Sur tous ces sujets nous avons une voix plus forte, et il faut parler pour Nauru, pour Tuvalu…"
Quel va être votre rôle au sein du jury du Fifo ?
"Et bien dans le jury je suis un kanak, un des seuls "native-didgeridoo" comme on dit, donc j'aurai ce regard différent. Je pense que ça veut dire que ce que je cherche dans les films, c'est qu'on ne parle pas à ma place. J'aime bien comprendre par moi-même, et que la valeur porte essentiellement sur la prise de responsabilité sur le devenir de nos sociétés. Que ce soit une prise en charge par nos aînés, par nos élites ou par la population, le quidam."