TAHITI, le 8 mars 2020 - La pièce Le Dernier ogre présentée ce week-end dans le cadre du festival Te Vevo a abordé le thème de l’alimentation. Il a touché au cœur et au corps pour encourager à la réflexion sur ce thème qui suscite d’innombrables questions aux répercussions individuelles et collectives.
La soirée va se découper en trois parties, a annoncé Guillaume Gay de la compagnie du Caméléon, samedi soir. "Paul Wamo, poète et slameur, va nous proposer une lecture performance. Ensuite, vous sera présentée la pièce Le Dernier ogre. Enfin, nous pourrons échanger sur cette pièce, mais également sur le thème plus général de l’alimentation."
Nourrir le ventre, nourrir la tête
Guillaume Gay s’éclipse. Paul Wamo, assis en fond de scène dans l’obscurité se lève, il s’avance. Il s’approche du micro pour prendre la parole. Il a écrit un texte spécialement pour l’événement, s’interrogeant sur l’alimentation, ses codes, sa transmission : "Il y a : nourrir le ventre et nourrir la tête. Il y a : la nourriture spirituelle et la nourriture en barquette. Il y a : avaler un message et avaler du ma’a ", a-t-il placé avant de se présenter. "Je m’appelle Paul Wamo Taneisi, je viens de l’île de Lifou en Calédonie. Chez nous, on dit qu’avoir un mauvais ventre, c’est avoir un mauvais fond."
Contenter son corps, le geste quotidien, qui passe pour une habitude, voire un automatisme, n’est pourtant pas banal. Il se répète, il s’apprend, il évolue, il révèle une culture, des envies, des prises de conscience, des choix, une certaine liberté. Surtout, il a des répercussions. Sur la santé, le bien-être, le moral et, dans une certaine mesure, sur l’environnement.
Manger, c’est être, ou non, en rapport direct à la nature. "Et quand on retravaille ce rapport à la nature, cela nous empêche de détruire celle dont notre vie dépend", a souligné un spectateur lors du débat.
Mais avant de lancer le débat, Paul Wamo a été remplacé sur scène par le trio de la compagnie du Cri de l’armoire. Mathias Castagné est entré le premier, guitare à la main. Le son de l’instrument a empli la salle. Un point lumineux a éclairé le coin d’une toile, tendue au fond de la scène. Une onde est passée sur la toile. Comme un souffle. Marien Tillet, auteur, metteur en scène, acteur, a attrapé un micro suspendu pour nourrir l’espace de ses mots.
C’est un ogre que le public a découvert. Un personnage qui, au crépuscule de sa vie, a raconté comment sept jeunes garçons ont tout changé. En parallèle, et grâce à une performance rare, Marien Tillet a incarné un père de famille. Régulièrement, il a lâché le micro suspendu, quitté l’ogre, pour entrer dans la peau d’un second personnage.
Ce second personnage est un homme qui a décidé avec sa femme de quitter la ville pour la campagne. Le couple a opté pour une petite maison composé d’une chambre et d’une pièce commune, peu confortable pour une famille nombreuse donc, mais ouverte sur le lever de soleil. À l’heure du choix, c’est l’astre qui a fait pencher la balance.
"C’est quand même assez étonnant de constater comment, quand on est en situation de faire un choix, se présentent mille raisons logiques qui devraient nous permettre de décider alors que c’est la pensée irrationnelle qui finit par l’emporter", a livré le père de famille au public pris à partie. Dans son cas, c’est le lever de soleil sur un champ d’orge qui a fait pencher la balance.
Pour la famille, le déménagement a été l’occasion de changer son rapport à la vie en général, de l’alimentation en particulier. "Maintenant on cultive ce qu’on manque, on mange ce qu’on tue et on ne gâche plus rien."
Le rêve devient cauchemar
Au fil du temps le public a découvert que l’expérience familiale n’avait rien d’idyllique. Le rêve a tourné au cauchemar. Marien Tillet s’explique : "En écrivant la pièce, je voulais montrer comment on entre dans une pensée dont on n’arrive plus à se sortir. Je voulais parler des jusqu’au-boutiste, qui ont d’excellentes raisons au départ, mais qui n’évoluent pas. Alors que, en cours de chemin, la vie intervient, tout change."
Sur la toile, Samuel Poncet a repris en direct et à sa manière les mots de l’ogre. Il a illustré le conte qui a fini par croiser l’histoire de vie de cette famille au beau projet.
Le trio a questionné son public jusqu’au malaise abordant divers sujets de poids. Comment composer son assiette et pourquoi la composer ainsi ? Le consommateur décide-t-il finalement de ce qu’il mange et si oui, sur quels critères ?
Pourquoi choisir, ou non, la viande ? Et, si oui, pourquoi ne pas manger de la chair humaine ? "Qu’est-ce qui fait que mon corps est un espace sacré, un espace plus sacré que n’importe quel autre animal ?", a interrogé le père de famille devant le corps sans vie de son nouveau-né.
Que dire à ses enfants ? Jusqu’où les impliquer ? Jusqu’où des parents peuvent-ils aller pour les protéger ? L’ogre, père aimant, aurait-il commis l’irréparable si les sept garçons n’avaient pas pénétré son antre ?
Les questions sont multiples, les réponses innombrables, personnelles, en perpétuelle évolution. Mais pour vivre en communauté, pour construire une société, elles sont indispensables.
La soirée va se découper en trois parties, a annoncé Guillaume Gay de la compagnie du Caméléon, samedi soir. "Paul Wamo, poète et slameur, va nous proposer une lecture performance. Ensuite, vous sera présentée la pièce Le Dernier ogre. Enfin, nous pourrons échanger sur cette pièce, mais également sur le thème plus général de l’alimentation."
Nourrir le ventre, nourrir la tête
Guillaume Gay s’éclipse. Paul Wamo, assis en fond de scène dans l’obscurité se lève, il s’avance. Il s’approche du micro pour prendre la parole. Il a écrit un texte spécialement pour l’événement, s’interrogeant sur l’alimentation, ses codes, sa transmission : "Il y a : nourrir le ventre et nourrir la tête. Il y a : la nourriture spirituelle et la nourriture en barquette. Il y a : avaler un message et avaler du ma’a ", a-t-il placé avant de se présenter. "Je m’appelle Paul Wamo Taneisi, je viens de l’île de Lifou en Calédonie. Chez nous, on dit qu’avoir un mauvais ventre, c’est avoir un mauvais fond."
Contenter son corps, le geste quotidien, qui passe pour une habitude, voire un automatisme, n’est pourtant pas banal. Il se répète, il s’apprend, il évolue, il révèle une culture, des envies, des prises de conscience, des choix, une certaine liberté. Surtout, il a des répercussions. Sur la santé, le bien-être, le moral et, dans une certaine mesure, sur l’environnement.
Manger, c’est être, ou non, en rapport direct à la nature. "Et quand on retravaille ce rapport à la nature, cela nous empêche de détruire celle dont notre vie dépend", a souligné un spectateur lors du débat.
Mais avant de lancer le débat, Paul Wamo a été remplacé sur scène par le trio de la compagnie du Cri de l’armoire. Mathias Castagné est entré le premier, guitare à la main. Le son de l’instrument a empli la salle. Un point lumineux a éclairé le coin d’une toile, tendue au fond de la scène. Une onde est passée sur la toile. Comme un souffle. Marien Tillet, auteur, metteur en scène, acteur, a attrapé un micro suspendu pour nourrir l’espace de ses mots.
C’est un ogre que le public a découvert. Un personnage qui, au crépuscule de sa vie, a raconté comment sept jeunes garçons ont tout changé. En parallèle, et grâce à une performance rare, Marien Tillet a incarné un père de famille. Régulièrement, il a lâché le micro suspendu, quitté l’ogre, pour entrer dans la peau d’un second personnage.
Ce second personnage est un homme qui a décidé avec sa femme de quitter la ville pour la campagne. Le couple a opté pour une petite maison composé d’une chambre et d’une pièce commune, peu confortable pour une famille nombreuse donc, mais ouverte sur le lever de soleil. À l’heure du choix, c’est l’astre qui a fait pencher la balance.
"C’est quand même assez étonnant de constater comment, quand on est en situation de faire un choix, se présentent mille raisons logiques qui devraient nous permettre de décider alors que c’est la pensée irrationnelle qui finit par l’emporter", a livré le père de famille au public pris à partie. Dans son cas, c’est le lever de soleil sur un champ d’orge qui a fait pencher la balance.
Pour la famille, le déménagement a été l’occasion de changer son rapport à la vie en général, de l’alimentation en particulier. "Maintenant on cultive ce qu’on manque, on mange ce qu’on tue et on ne gâche plus rien."
Le rêve devient cauchemar
Au fil du temps le public a découvert que l’expérience familiale n’avait rien d’idyllique. Le rêve a tourné au cauchemar. Marien Tillet s’explique : "En écrivant la pièce, je voulais montrer comment on entre dans une pensée dont on n’arrive plus à se sortir. Je voulais parler des jusqu’au-boutiste, qui ont d’excellentes raisons au départ, mais qui n’évoluent pas. Alors que, en cours de chemin, la vie intervient, tout change."
Sur la toile, Samuel Poncet a repris en direct et à sa manière les mots de l’ogre. Il a illustré le conte qui a fini par croiser l’histoire de vie de cette famille au beau projet.
Le trio a questionné son public jusqu’au malaise abordant divers sujets de poids. Comment composer son assiette et pourquoi la composer ainsi ? Le consommateur décide-t-il finalement de ce qu’il mange et si oui, sur quels critères ?
Pourquoi choisir, ou non, la viande ? Et, si oui, pourquoi ne pas manger de la chair humaine ? "Qu’est-ce qui fait que mon corps est un espace sacré, un espace plus sacré que n’importe quel autre animal ?", a interrogé le père de famille devant le corps sans vie de son nouveau-né.
Que dire à ses enfants ? Jusqu’où les impliquer ? Jusqu’où des parents peuvent-ils aller pour les protéger ? L’ogre, père aimant, aurait-il commis l’irréparable si les sept garçons n’avaient pas pénétré son antre ?
Les questions sont multiples, les réponses innombrables, personnelles, en perpétuelle évolution. Mais pour vivre en communauté, pour construire une société, elles sont indispensables.
Pratique
Au Petit théâtre de la Maison de la culture, ce dimanche à 17 heures.
Au Petit théâtre de la Maison de la culture, ce dimanche à 17 heures.