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Le 29 Juin toujours férié, le 2 Juillet célébré


Tahiti, le 20 juin 2023 - C'est le 29 juin 1985 que la première fête de l'autonomie a été célébrée sous Gaston Flosse. Une date devenue alors un jour férié mais qui fait toujours débat. En place depuis le mois dernier, le gouvernement de Moetai Brotherson maintient cette date fériée. Mais elle reste, pour les indépendantistes, synonyme de “jour de deuil”. L’exécutif entend également inviter les autonomistes à une petite célébration à la présidence par “respect” pour cette frange de la population.
 
“Cette année on retiendra le 29-Juin mais dès le départ, le choix de cette date a toujours fait polémique et il faudra y réfléchir”, confiait le président Moetai Brotherson à Tahiti Infos en mai dernier à l'occasion du 10e anniversaire de la réinscription de la Polynésie française sur la liste Onusienne de pays à décoloniser. Pour les indépendantistes en effet, la date du 29 juin s'assimile au contraire à un “jour de deuil” puisqu'il correspond à l'annexion de la Polynésie par la France en 1880. "Évidemment pour le Tavini, c'est un jour de deuil, mais je pense qu'aujourd'hui, il faut respecter ceux qui, parmi nous, ne sont pas convaincus du bien-fondé de l'indépendance et qui pensent que l'autonomie est la meilleure voie”, poursuivait-il. C'est pourquoi il entend organiser une petite cérémonie à la présidence.

“Petite cérémonie” à la présidence, hommage à Faa'a

Ce que nous a confirmé la vice-présidente, Éliane Tevahitua ce lundi, après avoir évoqué le sujet en pré-conseil des ministres. “Il est vrai qu'il n'y aura pas de défilé comme on a pu voir les années précédentes mais il y aura cette petite cérémonie par rapport aux autonomistes pour qui cette date est importante.” En parallèle, et comme chaque année, le Tavini organisera aussi sa cérémonie d'hommage à Faa'a à 18 heures, depuis la mairie jusqu'à la stèle de Tavararo.

Il se pourrait même, selon Éliane Tevahitua, que le haut-commissaire vienne y déposer une gerbe. Ce serait une première et “c'est un effort que nous apprécions”, souligne-t-elle. Mais, c'est coiffée de sa casquette de ministre de la Culture qu'Éliane Tevahitua célèbrera le 29-Juin puisqu'elle sera à la soirée d'ouverture du Heiva i Tahiti dont le programme a été finalisé depuis quelques temps déjà par les équipes de Te Fare Tauhiti Nui.

Si le gouvernement prend le train en marche, puisqu'il n'est nommé que depuis le mois dernier, une réflexion est néanmoins menée sur le choix de cette date dans les années à venir. Faudra-t-il la maintenir ? La remplacer par un 2-Juillet en commémoration du tout premier tir des essais nucléaires ?  “On y réfléchit. On fête bien la guerre de 14-18, la Seconde Guerre mondiale, mais par rapport aux Polynésiens, cette date du 2 juillet marque un tournant dans l'histoire de la Polynésie.”

Faire du 2 juillet une date officielle dédiée à la solidarité

Pour Éliane Tevahitua, l'idée est donc de faire du 2 juillet une date officielle, mais pas forcément un jour férié. Plutôt un jour dédié à la solidarité à l'instar de ce qui se fait en métropole pour le lundi de Pentecôte. Il s'agit d'une journée de travail non rémunérée ayant vocation à financer des actions en faveur des personnes âgées ou handicapées. “Ça peut être également pour les SDF, les enfants... des actions ponctuelles, d'année en année”, envisage la vice-présidente qui précise que “rien n'est figé pour l'instant” et qui envisage de marquer cet événement en instaurant “une minute de silence” dans les administrations et les institutions, et “pourquoi pas une mise en berne du drapeau polynésien”. Le gouvernement doit préciser les choses “dans les jours à venir”.

Tapura-Amuitahiraa attendent de voir, AHIP dit oui

Du côté des autonomistes, on attend justement ces précisions avant de se prononcer. Le président du Tapura Huiraatira, Édouard Fritch préfère consulter son groupe avant de faire un quelconque commentaire. Joint par Tahiti Infos, le “père” de cette fête de l'autonomie, Gaston Flosse, attend quant à lui de savoir s'il sera invité et dans quelles conditions. “Si c'est à la présidence, juste un petit cocktail, c'est une cérémonie presque privée...c'est politique... Si c'est au monument aux morts avenue Pouvanaa a Oopa, là...”, ça se réfléchit.

Pour A Here ia Porinetia le choix est déjà fait. “Nous sommes un parti autonomiste et si nous sommes invités nous y participerons, évidemment, puisque c'est la journée qui symbolise l'autonomie de notre pays et qu'il faut la marquer”, a expliqué Nicole Sanquer à Tahiti Infos.

Un référendum local

Quant au choix de la date du 29 juin, si elle comprend qu'il puisse y avoir “un débat”, elle estime que “c'est la date choisie par les Polynésiens depuis des années” et que si on devait la changer, “un référendum local serait la meilleure solution”.
Interrogé sur ce fameux choix pour célébrer l'autonomie, Gaston Flosse préfère nous “raconter toute l'histoire du 29-Juin” dès qu'il saura réellement ce que prévoit le gouvernement. Si cette date pose question, c'est que le 29-Juin ne correspond à aucun statut d'autonomie. Pour mémoire, avant le statut de 2004 (revu en 2019) il y a d'abord eu le statut d'autonomie obtenu par Pouvanaa a Oopa le 22 juillet 1957, puis le statut d'autonomie de gestion de Francis Sanford le 12 juillet 1977, et enfin, celui de Gaston Flosse en 1984 qui avait donc choisi la date du 29 juin pour célébrer ce statut d'autonomie interne, sauf qu'il n'a été promulgué que le 6 septembre. Quant à celui de 1996 qui renforçait l'autonomie en octroyant de nouvelles compétences à la Polynésie, il a été promulgué le 21 mai.  

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 20 Juin 2023 à 16:13 | Lu 2768 fois