PAPEETE, le 23 octobre 2014. L'Agence française de développement vient de publier une grande enquête. Entretien avec Jean Hourcourigaray et Stéphane Bitot, deux des rédacteurs du rapport (lire notre article Quelles énergies renouvelables pour la Polynésie et le Pacifique Sud
« Pour ce rapport nous voulions recueillir des données qui permettront d'intégrer la politique énergétique de la Polynésie française et des autres territoires français du Pacifique à la politique énergétique régionale, voir ce qui a été fait pour éviter les écueils et, là où c'est possible, reproduire les bons projets. Mais dans les milieux naturels, chaque nouveau projet sera un prototype adapté au site, et quand on fait fi des études du site, c'est là qu'il y a eu des échecs patents.»
À propos de l'objectif du gouvernement polynésien d'avoir 50% d'énergies renouvelables en 2020, ils assurent qu'il est « difficile, mais réalisable avec le barrage de la Papeiha (dans la vallée de Vaiha). Si on fait un barrage minimaliste c'est foutu, mais si on fait un gros barrage avec une capacité de stocker de l'énergie, c'est possible. »
Mais la vallée de la Papeiha est riche d'une faune et d'une flore endémiques protégées et est culturellement imprégnée d'histoire. Sur l'impact environnemental de ce projet, le spécialiste veut prendre une vision globale : « Tout ce qui ne sera pas sacrifié à la Papeiha sera sacrifié à la Punaruu en fioul brulé dans nos poumons ! Je ne parle pas de tuer la rivière, je parle de maximiser la production d'énergies renouvelables là où il y a des capacités. Mais celui qui fera ce barrage sera obligé de donner des garanties écologiques. »
Pour le développement du renouvelable dans les atolls, c'est un mixte solaire / huile de coprah qui emporte leur préférence : « Il y a un vrai potentiel dans les atolls avec l'huile de coprah, mais en Polynésie c'est le modèle économique et le monopole de l'Huilerie de Tahiti qui posent problème. La production actuelle de coprah dans les Tuamotu ainsi qu'à Taha'a, sauf les îles où il y a de gros hôtels, est suffisante pour satisfaire l'essentiel des besoins en électricité. On peut presser le coprah sur place et générer l'électricité dans des groupes électrogènes, ce qui évitera les bateaux remplis de fioul à l'aller et de coprah au retour. Les restes de coco servent à nourrir les cochons ou les poissons. Si on utilisait les subventions à l'Huilerie de Tahiti pour fabriquer de l'huile dans les îles, on économiserait beaucoup de pétrole. Au Vanuatu, il n'y a pas de subventions, ils le font depuis 20 ans avec succès et ça régénère leurs cocoteraies. La technologie est mûre. »
Ils ajoutent que « pour assurer la diversité des approvisionnements, il faut mixer avec de l'énergie solaire. Surtout que le prix des batteries va être divisé par deux dans les cinq ans. »
Il reste deux archipels : « Aux Marquises, le bois et les micro-barrages pourraient facilement satisfaire les besoins. Il y a tellement de ressources là-bas... On pourrait être à 100 % de renouvelables en 2020 facilement, et ce serait rentable. Aux Australes il y a du vent, et c'est dommage que nous n'ayons pas eu de retour sur les éoliennes installées à Rurutu... »
Pour conclure, les deux experts sont optimistes : « Aujourd'hui, cette transition énergétique est possible en Polynésie, et les bailleurs de fonds internationaux sont demandeurs de bons projets à financer. Le problème ce n'est pas les fonds ni la technologie, mais le savoir-faire. »
« Pour ce rapport nous voulions recueillir des données qui permettront d'intégrer la politique énergétique de la Polynésie française et des autres territoires français du Pacifique à la politique énergétique régionale, voir ce qui a été fait pour éviter les écueils et, là où c'est possible, reproduire les bons projets. Mais dans les milieux naturels, chaque nouveau projet sera un prototype adapté au site, et quand on fait fi des études du site, c'est là qu'il y a eu des échecs patents.»
À propos de l'objectif du gouvernement polynésien d'avoir 50% d'énergies renouvelables en 2020, ils assurent qu'il est « difficile, mais réalisable avec le barrage de la Papeiha (dans la vallée de Vaiha). Si on fait un barrage minimaliste c'est foutu, mais si on fait un gros barrage avec une capacité de stocker de l'énergie, c'est possible. »
Mais la vallée de la Papeiha est riche d'une faune et d'une flore endémiques protégées et est culturellement imprégnée d'histoire. Sur l'impact environnemental de ce projet, le spécialiste veut prendre une vision globale : « Tout ce qui ne sera pas sacrifié à la Papeiha sera sacrifié à la Punaruu en fioul brulé dans nos poumons ! Je ne parle pas de tuer la rivière, je parle de maximiser la production d'énergies renouvelables là où il y a des capacités. Mais celui qui fera ce barrage sera obligé de donner des garanties écologiques. »
Pour le développement du renouvelable dans les atolls, c'est un mixte solaire / huile de coprah qui emporte leur préférence : « Il y a un vrai potentiel dans les atolls avec l'huile de coprah, mais en Polynésie c'est le modèle économique et le monopole de l'Huilerie de Tahiti qui posent problème. La production actuelle de coprah dans les Tuamotu ainsi qu'à Taha'a, sauf les îles où il y a de gros hôtels, est suffisante pour satisfaire l'essentiel des besoins en électricité. On peut presser le coprah sur place et générer l'électricité dans des groupes électrogènes, ce qui évitera les bateaux remplis de fioul à l'aller et de coprah au retour. Les restes de coco servent à nourrir les cochons ou les poissons. Si on utilisait les subventions à l'Huilerie de Tahiti pour fabriquer de l'huile dans les îles, on économiserait beaucoup de pétrole. Au Vanuatu, il n'y a pas de subventions, ils le font depuis 20 ans avec succès et ça régénère leurs cocoteraies. La technologie est mûre. »
Ils ajoutent que « pour assurer la diversité des approvisionnements, il faut mixer avec de l'énergie solaire. Surtout que le prix des batteries va être divisé par deux dans les cinq ans. »
Il reste deux archipels : « Aux Marquises, le bois et les micro-barrages pourraient facilement satisfaire les besoins. Il y a tellement de ressources là-bas... On pourrait être à 100 % de renouvelables en 2020 facilement, et ce serait rentable. Aux Australes il y a du vent, et c'est dommage que nous n'ayons pas eu de retour sur les éoliennes installées à Rurutu... »
Pour conclure, les deux experts sont optimistes : « Aujourd'hui, cette transition énergétique est possible en Polynésie, et les bailleurs de fonds internationaux sont demandeurs de bons projets à financer. Le problème ce n'est pas les fonds ni la technologie, mais le savoir-faire. »