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La tournée du président et ses ministres interroge


La tournée du président et ses ministres  interroge
Décidée en Conseil des ministres le 3 octobre dernier, la campagne d’information administrative et gouvernementale, intitulée Te mana o te rima («le pouvoir des mains»), a démarré tambours battants dès le début de cette semaine, lundi et mardi, par la Presqu’île : Taravao (Taiarapu Est) puis Vaira’o (Taiarapu Ouest). Elle reprendra désormais sur un rythme hebdomadaire : tous les mardis, jusqu’à mi novembre. Campagne électorale déguisée pour certains, pêche aux idées et besoin de communiquer pour d’autres, le communiqué officiel de présentation de cette tournée programmée pour l’instant uniquement à Tahiti et Moorea est celui-ci : "La récession économique nous oblige à revoir notre choix de société, le modèle de développement que nous voulons léguer aux futures générations. Et chacun d’entre nous dispose de moyens ou d’idées importants. Le souhait du Président, c’est de partager et d’échanger». Mais la formule choisie est lourde : 9 heures à 17heures dans une commune, avec une matinée de discours et de débats suivie d’un après-midi en ateliers thématiques, n’attire pas vraiment les foules selon les comptes-rendus de la presse écrite.

La formule initiale telle qu’exposée dans le communiqué de presse de présentation de cette tournée, très statique, avec un rendez-vous dans une salle de la commune pour échanger avec la population, a d’ailleurs déjà évolué. Des visites sur le terrain sont organisées, comme à l’hôpital de Taravao mardi. Enfin, des plantations d’arbres fruitiers avec les écoliers des communes concernées, agrémentent ces longues matinées de discours. L’occasion d’un bain de foule plus revigorant qu’une salle clairsemée, puisqu’aux heures choisies de cette tournée, la partie de la population qui jouit encore d’avoir un emploi, travaille. A Vaira’o, mardi, ce sont donc essentiellement les écoliers qui ont assisté à ces plantations d’arbres fruitiers par le président du Pays ou ses ministres et même, par le président de l’Assemblée de Polynésie française, Jacqui Drollet.




Oscar Temaru et Jacqui Drollet.
Oscar Temaru et Jacqui Drollet.
MELANGE DES GENRES

L’occasion de relever qu’une nouvelle modification a été opérée dans le programme de cette tournée Te mana o te rima : de gouvernementale et administrative, la voici devenue également législative, avec la présence du président de l’assemblée de Polynésie française. Ce qui ne manque pas d’interpeller, une nouvelle fois, sur les relations particulièrement étroites qu’entretiennent sur le territoire, gouvernement (pouvoir exécutif) et assemblée de la Polynésie (pouvoir législatif). L’une devant habituellement être un contre-pouvoir ou, au moins le contrôleur attesté du premier.
Un rôle que l’assemblée de la Polynésie française n’assume toujours pas. Dans son rapport publié la semaine dernière, la Chambre territoriale des comptes est assez critique dans ce sens : «En ce qui concerne le contrôle de l’action du gouvernement, l’Assemblée n’a pas encore réellement intégré cette dimension. Ainsi, il a été constaté que le débat d’orientation budgétaire relève plus de l’exercice formel que d’un réel débat. De même, l’Assemblée n’est plus invitée à débattre des rapports de la CTC sur la gestion de la Polynésie française ou de ses SEM depuis plusieurs années. Enfin, la commission de contrôle budgétaire et financier, qui doit notamment rendre des avis sur les projets d’aides publiques depuis la loi organique de 2007, n’a pas encore pris toute sa place. Elle rend des avis favorables à 95 % et la majorité des projets sur lesquels elle devait statuer aux termes de la loi ont été écartés de ses attributions en 2010». L’assemblée de Polynésie française devient alors une simple chambre d’enregistrement, dérive perçue également par les auteurs de la nouvelle loi organique du 1er août 2011 qui modifie le mode électoral du territoire.

Selon le politologue Sémir Al Wardi, la principale innovation du nouveau mode de scrutin de la loi Penchard
est, justement, de permettre une émancipation de l’assemblée de Polynésie française par rapport au gouvernement, afin que le mélange des genres entre exécutif et législatif ne soit pas aussi aisé qu’aujourd’hui. Dans une conférence à Papeete, il y a une quinzaine de jours, l’universitaire rappelait qu’à compter du résultat des prochaines élections territoriales de 2013, le président de l’assemblée de Polynésie française et son bureau (les vice-présidents), seront inamovibles pour la durée complète de leur mandat de 5 ans. Sémir Al Wardi analysait cette mesure comme l’installation d’un véritable contre-pouvoir face au gouvernement, et il prédisait : «Vous verrez, l’assemblée de Polynésie française va prendre son indépendance par rapport à l’exécutif». Une émergence salutaire ?

La tournée du président et ses ministres  interroge
Les prochaines étapes de la tournée gouvernementale


Teva i Uta & Papara : Mardi 16 octobre
Hitia o te Raet Mahina : Mardi 23 octobre
-Paea et Punaauia : Mardi 30 Octobre
-Faaa : Mardi 6 novembre
Moorea : Mardi 13 novembre

Les lieux de réunions seront communiqués ultérieurement

Un logo spécialement créé pour cette tournée.
Un logo spécialement créé pour cette tournée.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 10 Octobre 2012 à 14:23 | Lu 2236 fois