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La télérelève s'implante sur le réseau d'eau de Papeete


Le "centre visio" de la Polynésienne des eaux, d'où sont surveillées les installations de traitement d'eau et d'assainissement ainsi que les réseaux de distribution. Crédit photo : Thibault Segalard.
Le "centre visio" de la Polynésienne des eaux, d'où sont surveillées les installations de traitement d'eau et d'assainissement ainsi que les réseaux de distribution. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 22 mars 2023 – Pour célébrer la journée mondiale de l'eau, la Polynésienne des eaux a organisé une matinée d'information dans ses locaux mercredi. Cet événement a été l'occasion de présenter le lancement de la télérelève sur Papeete. Ce système va permettre de contrôler en temps réel le réseau d'eau de la ville et ainsi identifier plus rapidement et précisément les éventuelles fuites.
 
A l'occasion de la journée mondiale de l'eau ce mercredi, la Polynésienne des eaux a organisé, dans ses locaux, une matinée d'information et de sensibilisation à la préservation de l'eau. Devant des élèves du collège de Taunoa conviés pour l'événement et quelques curieux, les techniciens de l'entreprise ont pris le temps, à travers trois ateliers, d'expliquer pas à pas leur métier et les différentes installations et innovations de la société. Ainsi, les visiteurs ont pu participer à un atelier de détection de fuite mais ils ont également eu l'opportunité de découvrir le “centre visio”, d'où sont surveillées les installations de traitement d'eau et d'assainissement ainsi que les réseaux de distribution. L'activité principale a quant à elle été la présentation du sujet phare de la journée, la télérelève.
 
Pour la journée mondiale de l'eau, on souhaite mettre en avant les innovations qui sont mises en place par nos équipes pour préserver la ressource. On lance donc aujourd'hui officiellement le déploiement de la télérelève sur Papeete”, s'est félicité le directeur de la Polynésienne des eaux, Mathieu Desêtres. Ce nouveau dispositif permettra un contrôle en temps réel du réseau de la ville pour améliorer les détections de fuite et les différents problèmes. Les clients pourront également avoir accès à leur consommation. “Les émetteurs sont déjà en place et la télérelève fonctionne déjà depuis quelques mois, nous attendions juste de finaliser les derniers détails. On en a installé 10 000 sur toute la zone de Papeete, tous les foyers ayant une facture d'eau de la Polynésienne des eaux pourront donc profiter de ce service gratuit”, a expliqué Mathieu Desêtres. Le maire de Papeete Michel Buillard avait également fait le déplacement pour cet événement. L'eau dans sa globalité étant de compétence communale, il s'est également réjoui de l'arrivée de ce dispositif dans sa commune. “Après Bora Bora, on est les seconds à mettre en place ce système. Dans un contexte de sobriété énergétique, je crois qu'il faut qu'on adopte un comportement d'autocontrôle sur tout ce qu'on fait. On a de la chance d'avoir de l'eau à Tahiti et il nous appartient de bien la traiter et de ne pas la gaspiller” a-t-il souligné. Pour lui, la télérelève fera faire “des économies” à la population et facilitera le travail de la ville sur les canalisations.
Signe du progrès de la gestion de l'eau au fenua, depuis 1992, la production d'eau est passée de 18 millions de m3 à seulement 6, tandis que la consommation par abonné a elle aussi diminuée, passant de 600 à 205 m3 par an.
 
“On passe à l'étape supérieure”
 
La Polynésienne des eaux collabore avec les dix communes de Polynésie qui distribue 100% d'eau potable toute l'année. “Nous sommes une entreprise de service qui travaille pour les collectivités locales dans le cadre d'une délégation de service public” a précisé Mathieu Desêtres. L'entreprise peut accompagner les communes sur des “thématiques diverses” ou alors “exploiter la totalité du réseau” comme c'est le cas à Pirae, Papeete, Moorea ou Bora Bora. Elle fournit également des services de traitement, d'assainissement et d'alimentation d'eau pour des “lotissements et des zones industrielles".
 
La télérelève va vraiment nous faire passer à l'étape supérieure en matière de contrôle de consommation. On va pouvoir encore améliorer le taux de rendement (la part de l’eau qui est réellement utilisée par les consommateurs, ndlr) du réseau de Papeete qui est déjà l'un des meilleurs du fenua avec 75%” a expliqué le directeur de la Polynésienne des eaux. “Avant, il y avait des relevés de compteur seulement une à deux fois par an. Imaginez qu'une fuite se déclare le lendemain du contrôle, on va atteindre plusieurs mois avant de la détecter et le client va se retrouver avec une facture d'eau de plusieurs millions de Fcfp. Bien que dans ces cas des aides soient disponibles, elles ne couvrent pas totalement la somme et certains foyers ne peuvent pas les assumer. C'est comme ça que l'on se trouve dans des situations d'impayés et de précarité hydrique”. Avec ces nouveaux émetteurs, les fuites seront donc détectées en seulement quelques jours, “on contrôle les volumes d'eau la nuit, car c'est le moment où on ne consomme pas. Si le débit est constant sur 24 heures pendant deux ou trois jours, c'est qu'il y a une fuite”. Une fuite de 80 m³ par jour a d'ailleurs déjà été identifiée sur le compteur communal de l'école de Paofai.
 
Chlore et turbidité
 
Cette matinée a également été l'occasion pour Mathieu Desêtre de s'épancher sur les problèmes que rencontre la Polynésie en matière de gestion et de production d'eau. Le principal problème reste la difficulté qu'ont les communes de fournir une eau potable toute l'année à leur population. “Beaucoup de collectivités ne sont pas encore prêtes à mettre du chlore dans leur canalisation. Sans ça, même si l'eau que l'on met au départ est propre, elle ne sera plus potable à l'arrivée. C'est le mode de fonctionnement que nous utilisons et c'est selon l'OMS, la plus grande avancée en matière d'accès à l'eau potable”. Outre ce souci-là, la difficulté majeure quant à la captation de l'eau en Polynésie, réside dans les eaux de “couleur chocolat”, “l'eau captée dans les rivières devient sale quand il pleut. Certaines collectivités ne disposent malheureusement pas des traitements nécessaires ici pour enlever cette turbidité et toutes ces matières qui peuvent constituer cette eau". Pour le cas de Moorea par exemple, commune en délégation de service public avec la Polynésienne des eaux, deux usines ont été mises en place afin de pouvoir capter, traiter et rendre potable l'eau malgré la turbidité. Et une troisième est en projet.

Tapu, “chercheur de fuite” de la Polynésienne des eaux

Tapu présente son métier au jeune du collège de Taunoa. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tapu présente son métier au jeune du collège de Taunoa. Crédit photo : Thibault Segalard.
En quoi consiste ton métier ?

“Je suis chercheur de fuite à la Polynésienne des eaux depuis 2015. Moi, je me repose beaucoup sur les méthodes de détection acoustique. Avec des appareils, je vais percevoir les bruits que font les fuites, et en fonction des sons, je vais pouvoir déterminer leur position sur le réseau que j'étudie. Si j'ai de bonnes connaissances de réseau d'eau sur lequel je travaille, c’est-à-dire du matériau de la canalisation, de la profondeur ou encore son diamètre, je peux être assez précis.”
 
Tu as gagné un prix dans le cadre de ton travail ?

“Oui effectivement, je suis allé représenter la Polynésienne des eaux à la conférence des entreprises de l'eau et de l'assainissement du Pacifique qui s'est déroulé cette année à Fidji. J'ai été élu à cette occasion jeune professionnel de l'eau de l'année 2023. C'est toujours gratifiant de recevoir ce genre de prix, mais l'important c'est de savoir que je fais bien mon métier car il me passionne. Ce que je préfère, c'est les rencontres avec les personnes, les défis du quotidien et la satisfaction des collègues et des clients quand tu trouves une fuite recherchée depuis longtemps.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mercredi 22 Mars 2023 à 18:12 | Lu 977 fois