Sölden, Autriche | AFP | vendredi 26/10/2023 - Le petit monde du ski alpin se retrouve ce week-end à Sölden, en Autriche, pour les traditionnels géants d'ouverture de la Coupe du monde, top départ d'une saison menacée encore une fois d'être rattrapée par les réalités environnementales.
Sur les images des webcams du glacier du Rettenbach, d'où s'élanceront les skieurs pour cette première étape dans le Tyrol autrichien, la langue blanche qui dessine la piste de ski fait tache au milieu d'un paysage rocailleux quasiment dénué de neige.
Pas de quoi inquiéter à Sölden, qui accueille depuis trente ans le rendez-vous automnal. La Fédération internationale de ski (FIS) a effectué la semaine dernière son "snow control" de rigueur et a donné son feu vert à la tenue des épreuves, en partie annulées l'année dernière à cause des conditions météo.
Mais au moment où les glaciers autrichiens reculent à toute vitesse sous l'effet du changement climatique, une telle compétition aussi tôt dans la saison ne fait plus l'unanimité.
"Nos glaciers ne doivent pas être victimes de projets de prestige", a dénoncé Greenpeace, accusant les organisateurs d'avoir utilisé des pelleteuses sur le Rettenbach pour préparer la piste.
Le sujet a fait réagir jusqu'au gouvernement autrichien. "C'est incompréhensible de continuer à commencer à tout prix en octobre, personne ne comprend pourquoi il faut absolument skier sur ce qu'il reste du glacier dans ces circonstances", a estimé la ministre autrichienne de l'environnement, Leonore Gewessler.
Le cas Zermatt
A quelques centaines de kilomètres à l'ouest de Sölden, sur un autre glacier et dans un autre pays, les critiques se ressemblent.
Mi-novembre, les premières descentes de la saison doivent avoir lieu lors d'une étape inédite entre Zermatt (Suisse) et Cervinia (Italie). Annoncée en grande pompe, cette course spectaculaire au pied de l'iconique Cervin avait été annulée en 2022, faute de neige.
La neige est bien tombée cette année mais les révélations dans la presse suisse de travaux potentiellement illicites sur le glacier qui accueillera la course ont été largement relayées, poussant plusieurs associations à saisir les autorités locales qui ont finalement ordonné l'arrêt des travaux en dehors du domaine skiable autorisé.
Là encore, les organisateurs nient en bloc avoir outrepassé les autorisations et répètent que ces décisions n'auront pas d'incidences sur la tenue des épreuves.
Pour les athlètes, l'équation est difficile. "On aime notre sport, on aime notre milieu donc quand on voit ce qui se passe à Zermatt, on se sent affecté", a réagi jeudi soir Alexis Pinturault lors d'un point presse à Sölden. "On est les premiers concernés par le réchauffement climatique (...) On a envie de préserver notre milieu et en même temps on a envie de continuer notre activité. La question, c'est comment on peut arriver à faire tout ça au mieux", a résumé le vainqueur du gros globe de cristal en 2021.
Pour lui, reculer le départ de la saison est "un vrai sujet", d'autant qu'il est possible de skier "jusqu'en juin sans problème" sur certains glaciers. Mais commencer plus tard implique d'autres problèmes, notamment des "possibilités d'entraînement qui diminuent" pour les athlètes et les enjeux pour "toute l'économie du ski qui est derrière", souligne le Français.
"Réveillez-vous"
En février, des centaines de skieurs professionnels, dont la star américaine Mikaela Shiffrin, avaient signé une lettre préparée par l'association "Protect Our Winters" (POW) demandant à la FIS d'intensifier ses efforts environnementaux.
La même association a lancé une pétition la semaine dernière -signée depuis par quelque 30.000 personnes- pour demander à la Fédération de "se réveiller", estimant que les images à Sölden et à Zermatt avaient "choqué" et "nuisent à la crédibilité des sports d'hiver".
"Vos actions nuisent à la réputation de la FIS, mais aussi à l'avenir du ski et à la crédibilité de tous ceux qui tentent véritablement de lutter pour l'action climatique", s'est agacée la FIS dans un communiqué, rappelant ses objectifs en matière de réduction carbone et ses quelques mesures déjà prises en la matière, du report d'une semaine du début de la saison à la nomination d'une responsable "durabilité".
Côté sportif, la course aux globes sera l'objectif principal cette saison en l'absence de Mondiaux ou de Jeux olympiques. Mikaela Shiffrin, quintuple vainqueure du globe de cristal, et le Suisse Marco Odermatt, victorieux en 2022 et en 2023, font encore figures d'immenses favoris.
Sur les images des webcams du glacier du Rettenbach, d'où s'élanceront les skieurs pour cette première étape dans le Tyrol autrichien, la langue blanche qui dessine la piste de ski fait tache au milieu d'un paysage rocailleux quasiment dénué de neige.
Pas de quoi inquiéter à Sölden, qui accueille depuis trente ans le rendez-vous automnal. La Fédération internationale de ski (FIS) a effectué la semaine dernière son "snow control" de rigueur et a donné son feu vert à la tenue des épreuves, en partie annulées l'année dernière à cause des conditions météo.
Mais au moment où les glaciers autrichiens reculent à toute vitesse sous l'effet du changement climatique, une telle compétition aussi tôt dans la saison ne fait plus l'unanimité.
"Nos glaciers ne doivent pas être victimes de projets de prestige", a dénoncé Greenpeace, accusant les organisateurs d'avoir utilisé des pelleteuses sur le Rettenbach pour préparer la piste.
Le sujet a fait réagir jusqu'au gouvernement autrichien. "C'est incompréhensible de continuer à commencer à tout prix en octobre, personne ne comprend pourquoi il faut absolument skier sur ce qu'il reste du glacier dans ces circonstances", a estimé la ministre autrichienne de l'environnement, Leonore Gewessler.
Le cas Zermatt
A quelques centaines de kilomètres à l'ouest de Sölden, sur un autre glacier et dans un autre pays, les critiques se ressemblent.
Mi-novembre, les premières descentes de la saison doivent avoir lieu lors d'une étape inédite entre Zermatt (Suisse) et Cervinia (Italie). Annoncée en grande pompe, cette course spectaculaire au pied de l'iconique Cervin avait été annulée en 2022, faute de neige.
La neige est bien tombée cette année mais les révélations dans la presse suisse de travaux potentiellement illicites sur le glacier qui accueillera la course ont été largement relayées, poussant plusieurs associations à saisir les autorités locales qui ont finalement ordonné l'arrêt des travaux en dehors du domaine skiable autorisé.
Là encore, les organisateurs nient en bloc avoir outrepassé les autorisations et répètent que ces décisions n'auront pas d'incidences sur la tenue des épreuves.
Pour les athlètes, l'équation est difficile. "On aime notre sport, on aime notre milieu donc quand on voit ce qui se passe à Zermatt, on se sent affecté", a réagi jeudi soir Alexis Pinturault lors d'un point presse à Sölden. "On est les premiers concernés par le réchauffement climatique (...) On a envie de préserver notre milieu et en même temps on a envie de continuer notre activité. La question, c'est comment on peut arriver à faire tout ça au mieux", a résumé le vainqueur du gros globe de cristal en 2021.
Pour lui, reculer le départ de la saison est "un vrai sujet", d'autant qu'il est possible de skier "jusqu'en juin sans problème" sur certains glaciers. Mais commencer plus tard implique d'autres problèmes, notamment des "possibilités d'entraînement qui diminuent" pour les athlètes et les enjeux pour "toute l'économie du ski qui est derrière", souligne le Français.
"Réveillez-vous"
En février, des centaines de skieurs professionnels, dont la star américaine Mikaela Shiffrin, avaient signé une lettre préparée par l'association "Protect Our Winters" (POW) demandant à la FIS d'intensifier ses efforts environnementaux.
La même association a lancé une pétition la semaine dernière -signée depuis par quelque 30.000 personnes- pour demander à la Fédération de "se réveiller", estimant que les images à Sölden et à Zermatt avaient "choqué" et "nuisent à la crédibilité des sports d'hiver".
"Vos actions nuisent à la réputation de la FIS, mais aussi à l'avenir du ski et à la crédibilité de tous ceux qui tentent véritablement de lutter pour l'action climatique", s'est agacée la FIS dans un communiqué, rappelant ses objectifs en matière de réduction carbone et ses quelques mesures déjà prises en la matière, du report d'une semaine du début de la saison à la nomination d'une responsable "durabilité".
Côté sportif, la course aux globes sera l'objectif principal cette saison en l'absence de Mondiaux ou de Jeux olympiques. Mikaela Shiffrin, quintuple vainqueure du globe de cristal, et le Suisse Marco Odermatt, victorieux en 2022 et en 2023, font encore figures d'immenses favoris.