Le programme est changé pour les élèves de 6e, 5e, 4e et de 3e dès cette rentrée. L'objectif est d'améliorer le taux de réussite au brevet et de limiter le décrochage scolaire.
PAPEETE, le 10 août 2016. La réforme du collège était très attendue. Les élèves auront de nouveaux programmes, de nouveaux manuels, de nouveaux emplois du temps, une langue vivante 2 en 5e (en 4e jusqu'alors). Ils bénéficieront de deux nouveaux dispositifs : l’accompagnement personnalisé (AP) et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) – des projets croisant plusieurs disciplines. Explications.
1. Quelles sont les grandes nouveautés ?
Les collégiens ont repris les chemins de leur établissement scolaire ce mercredi. Avec cette rentrée, les élèves auront de nouveaux programmes et donc de nouveaux manuels.
La 2e langue vivante sera désormais enseignée à partir de la 5e alors que la seconde langue vivante était aujourd'hui au programme des emplois du temps en 4e.
Les deux autres grandes nouveautés sont l’accompagnement personnalisé (AP) et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), ce sont des projets qui font appels aux compétences de plusieurs disciplines.
2. Pourquoi une réforme ?
"Le collège tel qu'il fonctionne ne marche pas assez pour tout le monde", explique Jean-Louis Baglan, vice-recteur de la Polynésie française. "Lorsqu'on regarde l'ensemble des évaluations, en particulier au niveau européen, on constate que la France est bien placée pour les élèves qui réussissent bien. Mais avec les élèves en plus grande difficulté c'est plus compliqué. De plus, les écarts se creusent. Il ne s'agit pas de culpabiliser les enseignants. Le raccourci serait trop rapide de dire que c'est leur faute. Quand on dit ça, on n'accuse personne et surtout on se met tous à égalité devant ce problème."
Est-ce l'échec du collège unique ? Le vice-recteur répond non. "Ce qu'on reconnait, c'est qu'on n'a pas assez mis en place un collège pour tous, pour chacun. Derrière le collège unique, on n'a pas été attentifs au fait qu'on pouvait faire des enseignements diversifiés dans ce collège. Il faut que cette réforme permette de réduire les écarts."
Au niveau national, le Snes-FSU (Syndicat national des enseignements de second degré- Fédération syndicale unitaire) s'est opposé à cette réforme. "Le Snes-FSU reconnaît qu'une réforme est nécessaire. Mais celle-ci a été imposée sans écouter vraiment les enseignants. C'est notre reproche", expliquait-on ce mercredi au Snes Polynésie. Celui-ci répondra d'ailleurs à l'appel à la grève du Snes-FSU, principal syndicat d'enseignant du second degré en France, le 8 septembre.
3. Va-t-elle se mettre en place facilement ?
Des enseignants du Snes-FSU dénoncent le manque de formations. "On nous demande de renouveler nos pratiques, mais on ne nous donne pas de formations disciplinaires et pédagogiques dignes de ce nom pour enseigner d'une autre manière", regrette-t-on au Snes Polynésie. "On nous demande d'utiliser le numérique. Mais tous les enseignants ne savent pas utiliser les tablettes. En une demi-journée ou une journée de formation, on ne peut pas apprendre. C'est du saupoudrage." Le vice-recteur tient à les rassurer : "Il faut laisser du temps à la réforme pour se mettre en place. Il y a une obligation de la mettre en place, mais il faut aussi une marge d'autonomie", indique Jean-Louis Baglan. "Une réforme qui ne serait appropriée que par quelques-uns ne servirait à rien. Il faut que l'ensemble des équipes se l'approprie."
Lors de l'année scolaire 2015-2016, quatre jours de formations ont déjà été organisés pour les enseignants. "Nous avons aussi mis en place un plan de formation continue pour l'ensemble des professeurs", précise Eric Sigward, inspecteur d'académie pédagogique régional de mathématiques. "Les établissements ont, en plus, la capacité de faire une demande de formations qui auraient lieu localement."
4. C'est quoi le cycle 3 ?
Le cycle 3 va désormais regrouper les CM1, CM2 et 6. Le cycle 4 sera composé des 5e, 4e et 3e. "On va mettre en place ce qui répond à ce qu'on a appelé la liaison CM2-6e", explique le vice-recteur. "Il y a une rupture entre ce qui se passe à l'école et au collège sur le plan pédagogique. C'est un des facteurs de l'échec scolaire. Ce n'est pas le seul mais c'est un des éléments. A l'école, vous avez un maître pour toutes les disciplines. Au collège, il y a un enseignant pour chaque discipline. Cela pose le problème de la continuité pédagogique y compris disciplinaire. Maintenant, comme c'est un cycle, il y a un programme pour celui-ci. Cela oblige de fait, l'ensemble des professeurs et des collèges à travailler ensemble."
5. C'est quoi l'accompagnement personnalisé ?
La réforme du collège crée des temps d'accompagnement personnalisé (AP) pour tous les élèves.
En 6e, 3 heures chaque semaine. De la 5e à la 3e, 1 heure minimale. Ces temps permettront de s'assurer de la maîtrise des savoirs fondamentaux. Ce n'est pas du soutien scolaire. "C'est le moment où on a la possibilité tout en progressant dans son programme de modifier des pratiques d'enseignement et d'accompagner les élèves pour leur apprendre à apprendre", décrit Eric Sigward. C'est le conseil pédagogique du collège qui répartit ces heures d'accompagnement personnalisé. Certains établissements pourront ainsi attribuer ces heures aux maths, d'autres aux français…
6. C'est quoi les EPI ?
La réforme prévoit que chaque élève devra suivre, de la 5e à la 3e, des enseignements pratiques interdisciplinaires dans au moins six des huit thématiques retenues par le ministère de l'Education : corps, santé, bien-être, sécurité ; culture et création artistiques ; transition écologique et développement durable ; information, communication, citoyenneté ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ; monde économique et professionnel ; sciences, technologie et société. "Les EPI obligent les enseignants à travailler ensemble de manière pluridisciplinaire sur des projets. L'élèves verra qu'il a en face de lui une équipe et qu'on abordera les différentes disciplines à travers les projets", met en avant le vice-recteur.
C'est le conseil pédagogique de chaque établissement qui choisit les 6 EPI qu'il proposera.
Concernant la mise en place des EPI, quelques interrogations se posent sur la mise en place des emplois du temps des professeurs. "On nous dit que le pédagogique doit prévaloir sur l'organisationnel. Mais au niveau de l'organisation, on nous fait comprendre que les emplois du temps seront compliqués. On nous fait donc comprendre qu'il ne faut pas choisir de la co-intervention", confie un membre du Snes. "Le discours est là, mais dans la pratique pour appliquer les API et les EPI il y a des difficultés au niveau de l'organisation."
7. Des nouveaux manuels ?
Les programmes changent en même temps dans tous les niveaux (6e, 5e, 4e et 3e) alors qu'avant c'était progressif. Les manuels vont-ils tous changer ? "Les programmes sont des programmes de cycles. Nous ne poussons pas à modifier les manuels scolaires dès à présent. Nous avons suffisamment de ressources pour préparer les programmes", répond Eric Sigward. "Il y a des négociations fortes avec les éditeurs pour favoriser des manuels numériques. Si on commence par acheter tous du papier, cela n'incitera pas les éditeurs à le faire", ajoute le vice-recteur.
8. Et le brevet ?
Cette refonte du programme aura un impact sur le diplôme national du brevet. Les élèves de 3e qui passeront leur brevet en 2017 verront "la nature des épreuves et la façon d'évaluer les élèves changer", indique Eric Sigward. "On crée deux pôles d'épreuves : un littéraire et un scientifique. Les différentes épreuves de ces pôles seront construites selon un fil directeur. Les épreuves resteront identiques, mais il y aura un fil conducteur sur le contenu des épreuves. Par exemple, pour le pôle sciences. Il y aura une épreuve de mathématiques et une épreuve de technologie- sciences physiques et sciences de la vie et de la terre. On pourrait imaginer l'étude d'un mécanisme en technologie sur l'ensemble de ces trois épreuves puisque cet outil serait étudié d'un point de vue mathématiques, physique et biologique." Une manière de montrer aux collégiens à quoi servent concrètement les matières étudiées.
1. Quelles sont les grandes nouveautés ?
Les collégiens ont repris les chemins de leur établissement scolaire ce mercredi. Avec cette rentrée, les élèves auront de nouveaux programmes et donc de nouveaux manuels.
La 2e langue vivante sera désormais enseignée à partir de la 5e alors que la seconde langue vivante était aujourd'hui au programme des emplois du temps en 4e.
Les deux autres grandes nouveautés sont l’accompagnement personnalisé (AP) et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), ce sont des projets qui font appels aux compétences de plusieurs disciplines.
2. Pourquoi une réforme ?
"Le collège tel qu'il fonctionne ne marche pas assez pour tout le monde", explique Jean-Louis Baglan, vice-recteur de la Polynésie française. "Lorsqu'on regarde l'ensemble des évaluations, en particulier au niveau européen, on constate que la France est bien placée pour les élèves qui réussissent bien. Mais avec les élèves en plus grande difficulté c'est plus compliqué. De plus, les écarts se creusent. Il ne s'agit pas de culpabiliser les enseignants. Le raccourci serait trop rapide de dire que c'est leur faute. Quand on dit ça, on n'accuse personne et surtout on se met tous à égalité devant ce problème."
Est-ce l'échec du collège unique ? Le vice-recteur répond non. "Ce qu'on reconnait, c'est qu'on n'a pas assez mis en place un collège pour tous, pour chacun. Derrière le collège unique, on n'a pas été attentifs au fait qu'on pouvait faire des enseignements diversifiés dans ce collège. Il faut que cette réforme permette de réduire les écarts."
Au niveau national, le Snes-FSU (Syndicat national des enseignements de second degré- Fédération syndicale unitaire) s'est opposé à cette réforme. "Le Snes-FSU reconnaît qu'une réforme est nécessaire. Mais celle-ci a été imposée sans écouter vraiment les enseignants. C'est notre reproche", expliquait-on ce mercredi au Snes Polynésie. Celui-ci répondra d'ailleurs à l'appel à la grève du Snes-FSU, principal syndicat d'enseignant du second degré en France, le 8 septembre.
3. Va-t-elle se mettre en place facilement ?
Des enseignants du Snes-FSU dénoncent le manque de formations. "On nous demande de renouveler nos pratiques, mais on ne nous donne pas de formations disciplinaires et pédagogiques dignes de ce nom pour enseigner d'une autre manière", regrette-t-on au Snes Polynésie. "On nous demande d'utiliser le numérique. Mais tous les enseignants ne savent pas utiliser les tablettes. En une demi-journée ou une journée de formation, on ne peut pas apprendre. C'est du saupoudrage." Le vice-recteur tient à les rassurer : "Il faut laisser du temps à la réforme pour se mettre en place. Il y a une obligation de la mettre en place, mais il faut aussi une marge d'autonomie", indique Jean-Louis Baglan. "Une réforme qui ne serait appropriée que par quelques-uns ne servirait à rien. Il faut que l'ensemble des équipes se l'approprie."
Lors de l'année scolaire 2015-2016, quatre jours de formations ont déjà été organisés pour les enseignants. "Nous avons aussi mis en place un plan de formation continue pour l'ensemble des professeurs", précise Eric Sigward, inspecteur d'académie pédagogique régional de mathématiques. "Les établissements ont, en plus, la capacité de faire une demande de formations qui auraient lieu localement."
4. C'est quoi le cycle 3 ?
Le cycle 3 va désormais regrouper les CM1, CM2 et 6. Le cycle 4 sera composé des 5e, 4e et 3e. "On va mettre en place ce qui répond à ce qu'on a appelé la liaison CM2-6e", explique le vice-recteur. "Il y a une rupture entre ce qui se passe à l'école et au collège sur le plan pédagogique. C'est un des facteurs de l'échec scolaire. Ce n'est pas le seul mais c'est un des éléments. A l'école, vous avez un maître pour toutes les disciplines. Au collège, il y a un enseignant pour chaque discipline. Cela pose le problème de la continuité pédagogique y compris disciplinaire. Maintenant, comme c'est un cycle, il y a un programme pour celui-ci. Cela oblige de fait, l'ensemble des professeurs et des collèges à travailler ensemble."
5. C'est quoi l'accompagnement personnalisé ?
La réforme du collège crée des temps d'accompagnement personnalisé (AP) pour tous les élèves.
En 6e, 3 heures chaque semaine. De la 5e à la 3e, 1 heure minimale. Ces temps permettront de s'assurer de la maîtrise des savoirs fondamentaux. Ce n'est pas du soutien scolaire. "C'est le moment où on a la possibilité tout en progressant dans son programme de modifier des pratiques d'enseignement et d'accompagner les élèves pour leur apprendre à apprendre", décrit Eric Sigward. C'est le conseil pédagogique du collège qui répartit ces heures d'accompagnement personnalisé. Certains établissements pourront ainsi attribuer ces heures aux maths, d'autres aux français…
6. C'est quoi les EPI ?
La réforme prévoit que chaque élève devra suivre, de la 5e à la 3e, des enseignements pratiques interdisciplinaires dans au moins six des huit thématiques retenues par le ministère de l'Education : corps, santé, bien-être, sécurité ; culture et création artistiques ; transition écologique et développement durable ; information, communication, citoyenneté ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ; monde économique et professionnel ; sciences, technologie et société. "Les EPI obligent les enseignants à travailler ensemble de manière pluridisciplinaire sur des projets. L'élèves verra qu'il a en face de lui une équipe et qu'on abordera les différentes disciplines à travers les projets", met en avant le vice-recteur.
C'est le conseil pédagogique de chaque établissement qui choisit les 6 EPI qu'il proposera.
Concernant la mise en place des EPI, quelques interrogations se posent sur la mise en place des emplois du temps des professeurs. "On nous dit que le pédagogique doit prévaloir sur l'organisationnel. Mais au niveau de l'organisation, on nous fait comprendre que les emplois du temps seront compliqués. On nous fait donc comprendre qu'il ne faut pas choisir de la co-intervention", confie un membre du Snes. "Le discours est là, mais dans la pratique pour appliquer les API et les EPI il y a des difficultés au niveau de l'organisation."
7. Des nouveaux manuels ?
Les programmes changent en même temps dans tous les niveaux (6e, 5e, 4e et 3e) alors qu'avant c'était progressif. Les manuels vont-ils tous changer ? "Les programmes sont des programmes de cycles. Nous ne poussons pas à modifier les manuels scolaires dès à présent. Nous avons suffisamment de ressources pour préparer les programmes", répond Eric Sigward. "Il y a des négociations fortes avec les éditeurs pour favoriser des manuels numériques. Si on commence par acheter tous du papier, cela n'incitera pas les éditeurs à le faire", ajoute le vice-recteur.
8. Et le brevet ?
Cette refonte du programme aura un impact sur le diplôme national du brevet. Les élèves de 3e qui passeront leur brevet en 2017 verront "la nature des épreuves et la façon d'évaluer les élèves changer", indique Eric Sigward. "On crée deux pôles d'épreuves : un littéraire et un scientifique. Les différentes épreuves de ces pôles seront construites selon un fil directeur. Les épreuves resteront identiques, mais il y aura un fil conducteur sur le contenu des épreuves. Par exemple, pour le pôle sciences. Il y aura une épreuve de mathématiques et une épreuve de technologie- sciences physiques et sciences de la vie et de la terre. On pourrait imaginer l'étude d'un mécanisme en technologie sur l'ensemble de ces trois épreuves puisque cet outil serait étudié d'un point de vue mathématiques, physique et biologique." Une manière de montrer aux collégiens à quoi servent concrètement les matières étudiées.