Cannes, France | AFP | mercredi 14/05/2024 - Déambuler dans un sauna gay, explorer le corps humain avec Cate Blanchett, incarner une super-héroïne bousculée par son cycle menstruel: le 77e Festival de Cannes lance sa première compétition d'œuvres immersives... et ça secoue!
Ce n'est pas la première fois que le plus grand rendez-vous mondial du cinéma se frotte aux réalités virtuelles ou augmentées. En 2017, Alejandro González Iñárritu, avait montré, en réalité virtuelle, "Carne y Arena", première œuvre immersive jamais présentée dans la sélection officielle d'un grand festival.
Mais, à Cannes, c'est la première fois qu'un prix sera décerné, le 23 mai, à ce type d'œuvres, évaluées par un jury international venu du 7e art et de l'art immersif, avec une cérémonie de clôture spécifique (le palmarès du festival classique est dévoilé le 25 mai). Un tel prix existe déjà à Venise.
Parmi les huit films engagés dans cette nouvelle compétition, il y a de tout, de la réalité virtuelle dernier cri -- avec casque qui permet de voyager dans plusieurs dimensions -- à l'expérience interactive sans équipement.
Dans la première catégorie, on trouve "Traversing the Mist", du Taïwanais Tung-Yen Chou, dans le cadre d'un sauna gay onirique et sensuel (interdit aux moins de 18 ans), où les participants ressentent physiquement les déplacements dans chaque étage, couloir ou pièce. Sans oublier le trouble, dans la peau d'un habitué, dénudé, de croiser le regard des autres usagers.
"Dialogue avec les écrans"
Dans la seconde, il y a "En Amour", des Français Claire Bardainne et Adrien Mondot, évocation poétique autour du sentiment amoureux. Pas d'équipement ici. Mais en se déplaçant ou en effleurant les écrans, le spectateur peut influer sur les particules lumineuses projetées dans l'œuvre.
"L'image devient une sorte de partenaire avec laquelle jouer, le corps peut entrer en dialogue avec les écrans, le sol" décrit pour l'AFP Claire Bardainne. Le tout sur une musique composée par Laurent Bardainne (son cousin) entre électro et pop.
Les possibilités de ces nouveaux formats semblent infinies. "Je pense qu'on vit l'époque du noir et blanc de cette phase de la technologie", analyse ainsi pour l'AFP le Britannique Barnaby Steel, un des co-créateurs de "Evolver".
Cette co-production entre Royaume-Uni, France et Etats-Unis propose d'explorer l'intérieur d'une cage thoracique, guidé par la voix-respiration de Cate Blanchett ("Carol", "Tár").
"C'est presque fabriquer des chaussures en marchant", renchérit pour l'AFP Adrien Mondot, qui vient de l'informatique mais possède aussi un bagage de jongleur.
Il ne faut pas s'attendre pour l'heure à des retombées financières dignes des blockbusters comme les franchises Marvel ou James Bond.
L'investissement est encore trop lourd pour accéder aux masses du grand public. Il faut compter environ 200 à 500 euros pour chaque casque utilisé à Cannes pour la séance de "Maya: naissance d'une super-héroïne" (4 utilisateurs maximum par séance pendant le Festival).
"Pieuvre géante, endométriose"
Cette production entre France, Royaume-Uni et Etats-Unis, ouverte aux plus de 13 ans, met le spectateur à la place d'une jeune fille d'origine indienne, à Londres, qui est confrontée à l'arrivée de ses premières règles, entre harcèlement scolaire, diktats et croyances dans sa famille.
Ce bouleversement dans la vie de Maya porte un message fort de combativité et d'espoir. Le film de 33 minutes oscille entre réalisme des scènes au lycée et monde fantastique où il faut lutter contre démons et forces obscures. Le spectateur devient acteur en ouvrant ses paumes: littéralement, le pouvoir est entre les mains de chacun pour aider toute jeune fille à passer dans le monde adulte.
"A un moment, il y a une pieuvre géante à affronter, et le spectateur peut ressentir les secousses de ce combat: ce monstre, c'est l'endométriose dont je souffre et qui me tenaille les entrailles", décortique auprès de l'AFP Poulomi Basu, l'autrice née à Calcutta (Inde).
"Il y a un peu de mon histoire, celle d'autres femmes, c'est un voyage de la honte à la prise de pouvoir", résume-t-elle.
"La technologie permet d'aller vers de nouveaux territoires, la réalité virtuelle devient un agent provocateur pour faire réagir chacun", conclut Poulomi Basu.
Ce n'est pas la première fois que le plus grand rendez-vous mondial du cinéma se frotte aux réalités virtuelles ou augmentées. En 2017, Alejandro González Iñárritu, avait montré, en réalité virtuelle, "Carne y Arena", première œuvre immersive jamais présentée dans la sélection officielle d'un grand festival.
Mais, à Cannes, c'est la première fois qu'un prix sera décerné, le 23 mai, à ce type d'œuvres, évaluées par un jury international venu du 7e art et de l'art immersif, avec une cérémonie de clôture spécifique (le palmarès du festival classique est dévoilé le 25 mai). Un tel prix existe déjà à Venise.
Parmi les huit films engagés dans cette nouvelle compétition, il y a de tout, de la réalité virtuelle dernier cri -- avec casque qui permet de voyager dans plusieurs dimensions -- à l'expérience interactive sans équipement.
Dans la première catégorie, on trouve "Traversing the Mist", du Taïwanais Tung-Yen Chou, dans le cadre d'un sauna gay onirique et sensuel (interdit aux moins de 18 ans), où les participants ressentent physiquement les déplacements dans chaque étage, couloir ou pièce. Sans oublier le trouble, dans la peau d'un habitué, dénudé, de croiser le regard des autres usagers.
"Dialogue avec les écrans"
Dans la seconde, il y a "En Amour", des Français Claire Bardainne et Adrien Mondot, évocation poétique autour du sentiment amoureux. Pas d'équipement ici. Mais en se déplaçant ou en effleurant les écrans, le spectateur peut influer sur les particules lumineuses projetées dans l'œuvre.
"L'image devient une sorte de partenaire avec laquelle jouer, le corps peut entrer en dialogue avec les écrans, le sol" décrit pour l'AFP Claire Bardainne. Le tout sur une musique composée par Laurent Bardainne (son cousin) entre électro et pop.
Les possibilités de ces nouveaux formats semblent infinies. "Je pense qu'on vit l'époque du noir et blanc de cette phase de la technologie", analyse ainsi pour l'AFP le Britannique Barnaby Steel, un des co-créateurs de "Evolver".
Cette co-production entre Royaume-Uni, France et Etats-Unis propose d'explorer l'intérieur d'une cage thoracique, guidé par la voix-respiration de Cate Blanchett ("Carol", "Tár").
"C'est presque fabriquer des chaussures en marchant", renchérit pour l'AFP Adrien Mondot, qui vient de l'informatique mais possède aussi un bagage de jongleur.
Il ne faut pas s'attendre pour l'heure à des retombées financières dignes des blockbusters comme les franchises Marvel ou James Bond.
L'investissement est encore trop lourd pour accéder aux masses du grand public. Il faut compter environ 200 à 500 euros pour chaque casque utilisé à Cannes pour la séance de "Maya: naissance d'une super-héroïne" (4 utilisateurs maximum par séance pendant le Festival).
"Pieuvre géante, endométriose"
Cette production entre France, Royaume-Uni et Etats-Unis, ouverte aux plus de 13 ans, met le spectateur à la place d'une jeune fille d'origine indienne, à Londres, qui est confrontée à l'arrivée de ses premières règles, entre harcèlement scolaire, diktats et croyances dans sa famille.
Ce bouleversement dans la vie de Maya porte un message fort de combativité et d'espoir. Le film de 33 minutes oscille entre réalisme des scènes au lycée et monde fantastique où il faut lutter contre démons et forces obscures. Le spectateur devient acteur en ouvrant ses paumes: littéralement, le pouvoir est entre les mains de chacun pour aider toute jeune fille à passer dans le monde adulte.
"A un moment, il y a une pieuvre géante à affronter, et le spectateur peut ressentir les secousses de ce combat: ce monstre, c'est l'endométriose dont je souffre et qui me tenaille les entrailles", décortique auprès de l'AFP Poulomi Basu, l'autrice née à Calcutta (Inde).
"Il y a un peu de mon histoire, celle d'autres femmes, c'est un voyage de la honte à la prise de pouvoir", résume-t-elle.
"La technologie permet d'aller vers de nouveaux territoires, la réalité virtuelle devient un agent provocateur pour faire réagir chacun", conclut Poulomi Basu.