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La prime pouvoir d'achat finalement plébiscitée


Tahiti, le 31 janvier 2023 – Après une année 2022 marquée par une forte inflation à 8,5%, le bilan des négociations salariales annuelles menées dans les huit secteurs d'activité économique en Polynésie montre une forte appétence des entreprises pour un mix entre revalorisations de salaires et dispositif de la “prime pouvoir d'achat”.
 
C'est une disposition prévue par le code du travail polynésien. Chaque fin d'années la direction du travail invite les représentants du patronat et des salariés de chaque secteur d'activité économique du fenua à engager des “négociations salariales annuelles” dans le cadre prévu par leurs conventions collectives respectives. Concrètement, la direction du travail établit un planning de deux à trois rendez-vous entre octobre et novembre pour convenir d'éventuelles revalorisations salariales par branches. Une fois ces discussions générales terminées, les confédérations syndicales de salariés peuvent encore reprendre des négociations plus avancées dans les différentes sociétés d'un secteur économique en prenant pour base minimale de négociations les accords de branche trouvés devant la direction du travail.
 
Les bas salaires mieux revalorisés
 
Ce contexte étant posé, Tahiti Infos a pu consulter le bilan des négociations salariales par branche pour 2023. Et celui-ci est intéressant à plus d'un titre cette année. D'abord parce qu'il montre les efforts fournis par les entreprises polynésiennes pour répondre à une inflation colossale de 8,5% en 2022, selon l'ISPF, et à une quadruple hausse du Smig de 10,62% entre le 1er décembre 2021 et le 1er janvier 2023. Plus concrètement, rappelons qu'il s'agit d'une augmentation de 16 242 Fcfp du salaire minimum sur un peu plus d'une année.
 
Ensuite, ce bilan général des négociations par branches illustre bien les deux positions exprimées durant cette période de négociations par les partenaires sociaux. Si les syndicats ont regretté que le niveau des revalorisations salariales n'a pas atteint le niveau total de l'inflation, le patronat répond que la hausse du Smig a pleinement compensé cette inflation et que les augmentations de salaires ont été décidées pour suivre l'inflation sur les minimas salariaux. Il y a donc globalement une baisse de pouvoir d'achat pour les Polynésiens, mais compensée par des revalorisations sur les plus bas salaires. Enfin, ce bilan montre aussi le très fort recours des partenaires sociaux au dispositif de la “prime pouvoir d'achat”, proposé en cours d'année par le Medef et le ministère de l'Économie et des Finances, et dont la validité vient d'être confirmée avec la promulgation du texte au JOPF.
 
Des mix primes-revalorisations
 
Pour ce qui est du détail des huit branches – industrie, commerce, automobile, banque, construction, assurance, hôtellerie et hydrocarbures – les négociations ont abouti à des situations assez différentes selon les secteurs. Première catégorie à mettre à part : l'industrie. Il s'agit du seul secteur qui n'a débouché sur aucun accord global. Selon nos informations, trois premières réunions de négociations avaient abouti à un relatif consensus sur un recours unique à la prime pouvoir d'achat, après une revalorisation de la grille salariale du secteur de +6 178 Fcfp au mois de juillet dernier. Mais au cours d'une quatrième réunion organisée en décembre, la CSIP a refusé l'accord et les négociations ont été arrêtées. Les négociations se sont donc tenues en interne dans chaque société avec des revalorisations et/ou primes pouvoir d'achat.
 
Dans les autres secteurs d'activité, l'hôtellerie est tombée d'accord sur une revalorisation de 9 500 Fcfp ou de 10 000 Fcfp en fonction de l'évolution des discussions sur les questions de l'ancienneté. Dans la construction, l'accord porte sur 7 020 Fcfp d'augmentation sur chaque catégorie de la grille salariale datant de 2018 et une augmentation de la “prime panier”. Dans le secteur automobile, les salariés seront augmentés de 3 000 à 5 909 Fcfp selon les catégories, avec 12 000 Fcfp de prime exceptionnelle de fin d'année en 2022 et 45 500 Fcfp (NDLR, et non 130 000 Fcfp comme nous l'évoquions initialement) de prime pouvoir d'achat en 2023. Dans le commerce, l'accord porte sur 3 881 Fcfp d'augmentation et des primes pouvoir d'achat réparties sur l'année de 500 à 7 762 Fcfp. Pour le secteur bancaire, la valeur du point a été augmentée de 2 Fcfp avec 130 000 Fcfp de prime pouvoir d'achat. Dans les assurances, enfin, c'est 5 000 Fcfp d'augmentation et 60 000 Fcfp de prime pouvoir d'achat. Et dans le secteur des hydrocarbures, l'accord a été trouvé sur 3 858 Fcfp avec 20 000 Fcfp de prime pouvoir d'achat.
 
On comprend mieux que l'annonce de l'absence de recours devant le Conseil d'État contre la loi du Pays sur la prime pouvoir d'achat et sa promulgation la semaine dernière aient pu en soulager plus d'un.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 1 Février 2023 à 20:01 | Lu 1828 fois