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La préservation du lagon de Bora Bora, l'affaire de tous


Bora Bora, le 19 juillet 2021 - La reprise des activités touristiques à Bora Bora bat son plein. Le sourire est revenu sur les lèvres d’une grande partie des habitants de la Perle du Pacifique tributaire économiquement du tourisme. Mais ce n’est pas sans mal pour l’écologie et la santé du lagon, impacté malgré lui par les effets secondaires de toute cette agitation. La société Espace Bleu, entre autres, tente de remettre un peu d’ordre et un peu d’équilibre.
 
 
En 2019, Lucille et Jérôme Sowinski quittent leur métropole natale avec leurs deux enfants pour se lancer dans une aventure toute nouvelle pour eux : la gestion d’une société chargée de l'entretien et de la maintenance des jardins de corail dans la plupart des hôtels de Bora Bora. Espace Bleu est à vendre, alors le couple motivé ne tarde pas à se lancer dans l’aventure. Après deux années d’activité, le bilan de la société est très positif. Jérôme explique que les hôtels sont soumis à des restrictions écologiques draconiennes et doivent faire appel à des sociétés spécialisées dans ce domaine pour pouvoir faire évoluer leur petit paradis luxueux. Espace Bleu est l’une d’entre elles. La société, créée en 2000, a pour objectif principal de protéger et de restaurer les récifs coralliens.

Les projets à Bora Bora se multiplient, les contraintes aussi


Les hôtels de la Perle du Pacifique ont engagé ces dernières années des travaux importants pour développer leurs structures. Ces travaux ne se font pas sans l’aval d’une validation écologique. L’entreprise Espace Bleu, agrémentée, est donc sollicitée pour répondre à ces obligations.
 
Le dernier projet en date est celui du Bloody Mary’s, institution incontournable de Bora Bora qui prospérait uniquement dans la restauration jusqu’à présent. La vingtaine de bungalows envisagés sur pilotis dans le lagon ne peut pas prendre racine sans provoquer quelques dégâts subaquatiques. Lucille et Jérôme, aidés par leurs fidèles patentés, ont été missionnés pour minimiser cet impact. Ils doivent déplacer les colonies coralliennes qu’ils remettront en place une fois les travaux achevés (hormis une petite partie remise à l’aire marine éducative). Cette opération est délicate car le corail est un animal et donc soumis au stress. Jérôme révèle que « les écosystèmes coralliens sont de hauts lieux de biodiversité reposant sur un équilibre fragile », il est donc primordial de les manipuler avec précaution. Il rajoute que cette étude est différente des autres missions qui sont attribuées à sa société car c’est une création. Il lui est donc facile d’appliquer de nouvelles méthodes de travail, notamment l’exclusion du béton comme support pour le corail. Il renchérit sur l’élaboration du bouturage (naissance d’une colonie corallienne à partir d’un fragment), qu’il peut préparer avec du matériel 100% écologique (fil de coco par exemple). Une méthode qu’il applique de plus en plus sur les autres complexes hôteliers de l’île.
 
Le Conrad, le Four Seasons, les Intercontinental (Moana et Thalasso), le Bora Bora by Pearl Resort, le Maitai (ainsi que le Taha'a Relais et Château sur l'île de Taha'a), possèdent également une foule de récifs coralliens sous leurs bungalows. Ils sont régulièrement entretenus et choyés par les membres de l’équipe d’Espace Bleu, mais un élément est aussi important que l’intervention des professionnels, celle des visiteurs. Ils doivent impérativement se rendre compte que le corail n’est pas un caillou ou une roche allant au grès des courants, mais réellement un animal vivant.
 
Cette année une nouvelle entreprise a été créée par les responsables d’Espace Bleu : Sea Narea. Elle est chargée de mener des actions d'éducation et de sensibilisation quant à la préservation du corail. Des animations à destination des clients des hôtels permettent d’expliquer ce qu'est le corail et pourquoi il est essentiel de le préserver (voir la vidéo : https://www.facebook.com/InterContinentalBoraBoraResortThalassoSpa/videos/4010185699079500). Des actions de ce type sont également menées bénévolement dans les établissements scolaires de la Perle du Pacifique.

La santé des fonds marins à Bora Bora
 
Jérôme avoue que cet intérêt pour la préservation du corail doit s’appliquer à toute la population de Bora Bora. Il faudrait, dit-il, que « chacun entretienne sa parcelle de lagon placée devant chez lui. Inutile d’être un grand biologiste marin pour apporter sa pierre à l’édifice, un peu de bon sens et de prise de conscience de la fragilité du site devrait être salvateur. ». Il insiste sur l’importance de « retirer régulièrement tout ce qui gêne le bon développement des coraux, comme les sédiments qui se déposent sur le corail et étouffent les polypes le composant, ou encore les déchets pris dans les coraux. » Peut-être faudrait-il aussi réguler le Stegastes (également appelé poisson-fermier), un poisson herbivore et territorial qui « cultive » son algue sur les coraux. Après quelques semaines, le corail est totalement recouvert d’algues et finit par mourir.
 
À Bora Bora, probablement plus qu’ailleurs en Polynésie, les fonds marins sont fragilisés par l’activité humaine avec notamment un important impact du tourisme. Cette activité humaine est le premier facteur de dégradation de la faune et de la flore marine : bateaux, jets ski, filets de pêche, déchets, pollution plastique, etc. Il semble évident que la société Espace Bleu, qui travaille en étroite collaboration avec le CRIOBE, laboratoire de recherche situé à Moorea, se bat pour freiner cette évolution inquiétante du lagon de Bora Bora, mais elle ne peut y arriver sans l’aide de chacun d’entre nous. L'affaire de tous.

Rédigé par Nij le Lundi 19 Juillet 2021 à 13:46 | Lu 1319 fois