Tahiti, le 15 septembre 2024 – Après l'annonce de nouvelles pistes cyclables allant du front de mer de Papeete à Arue, le Pays évoque désormais son projet de réfection des grands axes routiers afin d'y implanter des voies réservées aux transports en commun. Si des solutions sont effectivement attendues de la part des usagers, ces derniers ont, pour le moment, du mal à y voir clair et restent sceptiques face à la complexité des mesures proposées.
S'il y a au moins une chose sur laquelle les pouvoirs publics et la population sont d'accord concernant les problèmes de circulation, c'est qu'il est temps de faire quelque chose. Au front depuis plusieurs mois sur la problématique, le ministre en charge des Transports et des Grands travaux, Jordy Chan, semble d'ailleurs bien décidé à mettre le pied à l'étrier et à entamer concrètement de grands chantiers. Seul problème : la complexité des solutions apportées.
Pour rappel, le Pays annonçait déjà au mois d'août la réfection prochaine des avenues Prince Hinoi et Charles de Gaulle afin de permettre la mise en place de pistes cyclables allant du front de mer de Papeete jusqu'au camp militaire de Arue. Des travaux étalés sur 3,7 km et qui bénéficieront d'une enveloppe d'un milliard de francs. Également rediscutée depuis peu, l'installation de “pôles d'échanges multimodaux” et de parking relais aux entrées de Papeete. L'objectif : permettre aux usagers d’y laisser leur voiture en privilégiant un mode de transport alternatif, commun et durable. Et enfin, la semaine dernière, le Pays a fait part de son désir de mettre en place des voies réservées uniquement aux bus afin de favoriser l'utilisation des transports en commun. Une mesure somme toute légitime mais qui, dans les faits, suppose une succession d'aménagements complexes.
En effet, contraintes par une voierie hétérogène et une volonté d'éviter toute expropriation, ces nouvelles voies de bus susciteront des aménagements différents selon la portion de route concernée. De son côté, le ministre des Grands travaux assure vouloir jouer sur la largeur du terre-plein central mais aussi des voies actuelles. Ces voies réservées pourraient être soit latérales, soit centrales, aménagées dans les deux sens ou dans un seul avec la possibilité d'une circulation alternée en fonction des heures… un micmac technique qui ne rassure en rien la population locale.
S'il y a au moins une chose sur laquelle les pouvoirs publics et la population sont d'accord concernant les problèmes de circulation, c'est qu'il est temps de faire quelque chose. Au front depuis plusieurs mois sur la problématique, le ministre en charge des Transports et des Grands travaux, Jordy Chan, semble d'ailleurs bien décidé à mettre le pied à l'étrier et à entamer concrètement de grands chantiers. Seul problème : la complexité des solutions apportées.
Pour rappel, le Pays annonçait déjà au mois d'août la réfection prochaine des avenues Prince Hinoi et Charles de Gaulle afin de permettre la mise en place de pistes cyclables allant du front de mer de Papeete jusqu'au camp militaire de Arue. Des travaux étalés sur 3,7 km et qui bénéficieront d'une enveloppe d'un milliard de francs. Également rediscutée depuis peu, l'installation de “pôles d'échanges multimodaux” et de parking relais aux entrées de Papeete. L'objectif : permettre aux usagers d’y laisser leur voiture en privilégiant un mode de transport alternatif, commun et durable. Et enfin, la semaine dernière, le Pays a fait part de son désir de mettre en place des voies réservées uniquement aux bus afin de favoriser l'utilisation des transports en commun. Une mesure somme toute légitime mais qui, dans les faits, suppose une succession d'aménagements complexes.
En effet, contraintes par une voierie hétérogène et une volonté d'éviter toute expropriation, ces nouvelles voies de bus susciteront des aménagements différents selon la portion de route concernée. De son côté, le ministre des Grands travaux assure vouloir jouer sur la largeur du terre-plein central mais aussi des voies actuelles. Ces voies réservées pourraient être soit latérales, soit centrales, aménagées dans les deux sens ou dans un seul avec la possibilité d'une circulation alternée en fonction des heures… un micmac technique qui ne rassure en rien la population locale.
“Il n'y a pas la place, c'est tout”
“Du côté de Arue, malgré les trottoirs, les quatre voies, et même la cinquième voie annexe sur une certaine portion de la route, il est difficile pour les joggeurs et les vélos de circuler sans devoir éviter une voiture garée sur le trottoir”, témoigne Linda, sexagénaire retraitée et résidente à Arue. “À certains endroits, les gens ont été obligés d'installer des piquets métalliques devant leur trottoir pour s'assurer que les gens ne puissent pas se garer et laisser la place aux piétons, et notamment aux scolaires qui, tous les matins et tous les après-midis, vont et rentrent à pied de l'école. Si nous sommes obligés de prendre ce type de mesures alors qu'en théorie nous sommes une commune où il y a de la place, je vois mal la route être aménagée davantage. Dédier une voie uniquement pour les bus, au vu de leur taille… Il n'y a pas la place, c'est tout !”
Mais si la taille des bus, et donc des voies dédiées, inquiète, les pistes cyclables ont également du mal à faire l'unanimité. “Qui sera sur ces pistes ? Les vélos, très bien, mais et les scooters ? Les vélos et trottinettes électriques ? Qui viendra contrôler tout ça ? Personne ? On n'a pas les moyens de vérifier le respect de l'utilisation de ces voies. Et qu'on se le dise, ici à Tahiti, on ne peut décemment pas compter sur le sens civique des gens”, affirme Martial, quinquagénaire et chauffeur de poids lourd expérimenté, qui voit également d'un mauvais œil l'instauration de voies réservées uniquement aux transports en commun. “Je pense que c'est une mauvaise idée dans le sens où il n'y a pas assez de bus pour justifier de tels travaux. La plupart du temps, ces voies resteront désertes et j'en reviens à l'incivisme des gens qui n'hésiteront pas une seule seconde à s'engouffrer dedans.” Inspiré, l'homme va même plus loin : “Je pense que si ces voies sont bel et bien mises en place, elles devraient également bénéficier aux chauffeurs de poids lourds. Car pour toutes les entreprises privées travaillant dans la logistique et le transport, les heures de travail de nuit sont nombreuses et coûtent cher, et donc pouvoir utiliser ces voies de bus de jour représenterait un tournant majeur. Je pense qu'il serait intéressant également de développer une voie de ce genre sur la RDO, où les chauffeurs de poids lourd pourraient circuler à leur rythme, sans embêter la population de Faa'a en bas. On peut désengorger Faa'a de cette manière-là aussi.”
Pour d'autres, ces mesures ne sont que le reflet d'une mauvaise foi des politiques. “Je n'arrive pas bien à comprendre comment et où exactement ces voies réservées aux bus seront installées. Pour moi, les politiques n'ont juste pas l'audace de faire ce qu'il faut”, fustige Hiti, jeune trentenaire et résidente de la commune de Faa'a. “ Je voyage beaucoup et partout ailleurs les villes s'équipent de tramways, qu'ils soient souterrains ou aériens. Je comprends qu'il soit question ici de gros moyens financiers à débloquer, mais il faut être lucide : pas besoin d'être ingénieur pour se rendre compte qu'il n'y a plus d'espace exploitable en surface. Faire une voie ou deux réservées aux bus, c'est encore une mesure pansement. Idem pour les pistes cyclables, avec les températures qui ne cesseront jamais d'augmenter, personne ne prendra la peine de prendre son vélo dans les années à venir. Pour moi, l'avenir, c'est la mise en place d'un réseau souterrain.”
Mais si la taille des bus, et donc des voies dédiées, inquiète, les pistes cyclables ont également du mal à faire l'unanimité. “Qui sera sur ces pistes ? Les vélos, très bien, mais et les scooters ? Les vélos et trottinettes électriques ? Qui viendra contrôler tout ça ? Personne ? On n'a pas les moyens de vérifier le respect de l'utilisation de ces voies. Et qu'on se le dise, ici à Tahiti, on ne peut décemment pas compter sur le sens civique des gens”, affirme Martial, quinquagénaire et chauffeur de poids lourd expérimenté, qui voit également d'un mauvais œil l'instauration de voies réservées uniquement aux transports en commun. “Je pense que c'est une mauvaise idée dans le sens où il n'y a pas assez de bus pour justifier de tels travaux. La plupart du temps, ces voies resteront désertes et j'en reviens à l'incivisme des gens qui n'hésiteront pas une seule seconde à s'engouffrer dedans.” Inspiré, l'homme va même plus loin : “Je pense que si ces voies sont bel et bien mises en place, elles devraient également bénéficier aux chauffeurs de poids lourds. Car pour toutes les entreprises privées travaillant dans la logistique et le transport, les heures de travail de nuit sont nombreuses et coûtent cher, et donc pouvoir utiliser ces voies de bus de jour représenterait un tournant majeur. Je pense qu'il serait intéressant également de développer une voie de ce genre sur la RDO, où les chauffeurs de poids lourd pourraient circuler à leur rythme, sans embêter la population de Faa'a en bas. On peut désengorger Faa'a de cette manière-là aussi.”
Pour d'autres, ces mesures ne sont que le reflet d'une mauvaise foi des politiques. “Je n'arrive pas bien à comprendre comment et où exactement ces voies réservées aux bus seront installées. Pour moi, les politiques n'ont juste pas l'audace de faire ce qu'il faut”, fustige Hiti, jeune trentenaire et résidente de la commune de Faa'a. “ Je voyage beaucoup et partout ailleurs les villes s'équipent de tramways, qu'ils soient souterrains ou aériens. Je comprends qu'il soit question ici de gros moyens financiers à débloquer, mais il faut être lucide : pas besoin d'être ingénieur pour se rendre compte qu'il n'y a plus d'espace exploitable en surface. Faire une voie ou deux réservées aux bus, c'est encore une mesure pansement. Idem pour les pistes cyclables, avec les températures qui ne cesseront jamais d'augmenter, personne ne prendra la peine de prendre son vélo dans les années à venir. Pour moi, l'avenir, c'est la mise en place d'un réseau souterrain.”