PARIS, 8 février 2012 (AFP) - Le bruit créé par le trafic maritime ne perturbe pas seulement l'habitat et le comportement des baleines, il affecte aussi directement leur organisme en provoquant chez elles un "stress chronique", révèle pour la première fois une étude publiée mercredi.
Pour établir un lien direct entre le niveau sonore et celui des hormones liées au stress chez les baleines, il aura fallu un brusque ralentissement du trafic maritime provoqué par les attentats du 11 septembre 2001, soulignent les chercheurs américains à l'origine de cette découverte.
Prospection pétrolière, sonars, augmentation du trafic maritime: les activités humaines ont considérablement accru la pollution sonore sous-marine au cours des 50 dernières années.
L'essentiel de cette pollution sonore provient des hélices et moteurs des navires de commerce et se situe "dans les basses fréquences, entre 20 et 200 Hertz". Le problème est que ces fréquences sont aussi celles utilisées par les plus grands des cétacés pour communiquer entre eux, rappelle l'étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Dans le nord-est du Pacifique, le bruit de fond basse fréquence (en-dessous de 80 Hz) a par exemple augmenté 10 à 12 décibels depuis les années 1960, parallèlement au doublement de la flotte commerciale mondiale.
Les spécialistes avaient déjà démontré que cette pollution sonore contraignait les baleines franches à augmenter à la fois l'amplitude et la fréquence de leurs signaux, modifiait leur comportement et les obligeait parfois à changer d'habitat. Mais on ignorait encore si ce bruit avait un impact biologique significatif et durable chez ces cétacés. Et sans les attentats du 11 septembre, cela resterait toujours un mystère.
Réduction significative du bruit
Quelques semaines avant ces attentats, des scientifiques avaient entamé une campagne d'étude des baleines franches de l'Atlantique Nord (Eubalaena glacialis) qui se regroupent chaque année dans la baie de Fundy, au Canada, pour y nourrir leurs petits.
En croisant des relevés acoustiques et l'analyse d'excréments de baleines pour y déceler des concentrations d'hormones liées au stress, il s'agissait pour eux de déterminer les liens éventuels entre les deux phénomènes.
Dans les jours qui suivirent le 11 septembre, l'intensité du bruit de fond global dans les eaux de la baie de Fundy avait baissé de 6 décibels, "avec une réduction significative du bruit en-dessous des 150 Hz", dans la zone de basse fréquence utilisée par les baleines pour leurs communications. Cette baisse de la pollution sonore était directement liée à la chute du trafic des gros navires de commerce confirmée par les autorités maritimes locales.
Parallèlement, les analyses fécales montraient une forte chute de leur teneur en glucocorticoïdes, différentes hormones secrétées par les vertébrés en réponse à un stress.
Des analyses similaires ont été menées les années suivantes, jusqu'en 2005, sans qu'une telle baisse en glucocorticoïdes, saisonnière ou même ponctuelle, n'apparaisse.
"A notre connaissance, il n'y avait aucun autre facteur affectant la population (de baleines) pouvant expliquer cette différence hormis la baisse du trafic maritime et de la pollution sonore sous-marine après le 11 septembre", concluent les auteurs.
Les effets biologiques du stress chronique chez les baleines sont peu documentés mais on sait que la production répétée de glucocorticoïdes chez les vertébrés a des effets négatifs sur leur santé (troubles de la croissance, du système immunitaire et de la reproduction).
ban/jca/ai eaf.tmf.frae
Pour établir un lien direct entre le niveau sonore et celui des hormones liées au stress chez les baleines, il aura fallu un brusque ralentissement du trafic maritime provoqué par les attentats du 11 septembre 2001, soulignent les chercheurs américains à l'origine de cette découverte.
Prospection pétrolière, sonars, augmentation du trafic maritime: les activités humaines ont considérablement accru la pollution sonore sous-marine au cours des 50 dernières années.
L'essentiel de cette pollution sonore provient des hélices et moteurs des navires de commerce et se situe "dans les basses fréquences, entre 20 et 200 Hertz". Le problème est que ces fréquences sont aussi celles utilisées par les plus grands des cétacés pour communiquer entre eux, rappelle l'étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Dans le nord-est du Pacifique, le bruit de fond basse fréquence (en-dessous de 80 Hz) a par exemple augmenté 10 à 12 décibels depuis les années 1960, parallèlement au doublement de la flotte commerciale mondiale.
Les spécialistes avaient déjà démontré que cette pollution sonore contraignait les baleines franches à augmenter à la fois l'amplitude et la fréquence de leurs signaux, modifiait leur comportement et les obligeait parfois à changer d'habitat. Mais on ignorait encore si ce bruit avait un impact biologique significatif et durable chez ces cétacés. Et sans les attentats du 11 septembre, cela resterait toujours un mystère.
Réduction significative du bruit
Quelques semaines avant ces attentats, des scientifiques avaient entamé une campagne d'étude des baleines franches de l'Atlantique Nord (Eubalaena glacialis) qui se regroupent chaque année dans la baie de Fundy, au Canada, pour y nourrir leurs petits.
En croisant des relevés acoustiques et l'analyse d'excréments de baleines pour y déceler des concentrations d'hormones liées au stress, il s'agissait pour eux de déterminer les liens éventuels entre les deux phénomènes.
Dans les jours qui suivirent le 11 septembre, l'intensité du bruit de fond global dans les eaux de la baie de Fundy avait baissé de 6 décibels, "avec une réduction significative du bruit en-dessous des 150 Hz", dans la zone de basse fréquence utilisée par les baleines pour leurs communications. Cette baisse de la pollution sonore était directement liée à la chute du trafic des gros navires de commerce confirmée par les autorités maritimes locales.
Parallèlement, les analyses fécales montraient une forte chute de leur teneur en glucocorticoïdes, différentes hormones secrétées par les vertébrés en réponse à un stress.
Des analyses similaires ont été menées les années suivantes, jusqu'en 2005, sans qu'une telle baisse en glucocorticoïdes, saisonnière ou même ponctuelle, n'apparaisse.
"A notre connaissance, il n'y avait aucun autre facteur affectant la population (de baleines) pouvant expliquer cette différence hormis la baisse du trafic maritime et de la pollution sonore sous-marine après le 11 septembre", concluent les auteurs.
Les effets biologiques du stress chronique chez les baleines sont peu documentés mais on sait que la production répétée de glucocorticoïdes chez les vertébrés a des effets négatifs sur leur santé (troubles de la croissance, du système immunitaire et de la reproduction).
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