PAPEETE, le 19 août - Les scientifiques le soupçonnaient, ils l'ont finalement prouvé : la perle tourne pendant sa formation au sein des tissus de l'huître. Cela pourrait permettre de diminuer l'apparition de certains défauts.
L'étude, publiée dans la revue Royal Society Open Science le 15 juillet dernier(1), a été menée par l'Ifremer en collaboration avec plusieurs partenaires, notamment la société Véga Industrie et l'Université de Polynésie Française. Elle montre "que la perle est animée d'un mouvement de rotation pendant sa formation au sein des tissus de l'huître".
Le traitement mathématique des données a permis d'établir des valeurs de vitesse de rotation des perles. Durant les 40 premiers jours en moyenne, la perle est animée de mouvements chaotiques, interrompus régulièrement par des périodes d'immobilité. Mais peu à peu, ces mouvements deviennent plus permanents, avec toutefois de fortes variations d'intensité selon les individus qui peuvent entraîner la formation de défauts. La vitesse de rotation moyenne a été établie à 1,27 degré d'angle par minute, ce qui correspond à un tour complet en 4h43, avec des variations importantes (de 2h51 à 15 heures pour les valeurs extrêmes). La rotation se poursuit pendant 12 à 18 mois, durant tout le processus de formation de la perle.
Elle tourne, et alors?
"Alors", répond le chercheur Yannick Guéguen premier auteur de l'étude "cela apporte des informations d'ordre fondamental et appliqué". "Au niveau fondamental", précise le chercheur "démontrer la rotation, la quantifier, savoir si c'était un moment continu pendant toute la durée de la formation de la perle, savoir si c'était sur certaines perles et pas d'autres, etc. ouvre de nouvelles pistes de recherche car c'est une première mondiale!" Au niveau appliqué, "maintenant que l'on a caractérisé ce phénomène de rotation et que l'on a mis au point un outil pour le mesurer (le magnétomètre) et, sachant que la rotation de la perle est associée à un certain nombre de défauts des perles (cerclage, comètes...), nous pouvons étudier l'influence des paramètres environnementaux (température, nourriture, lumière, courantologie...) et des pratiques culturales sur ce phénomène de rotation. Les résultats pourront aboutir à des préconisations pour diminuer l'apparition de certains défauts des perles".
(1) "Yes, it turns: experimental evidence of pearl rotation during its formation", Y. Gueguen (Ifremer) and Al. Publiée le 15 juillet 2015 dans Royal Society open science
L'étude, publiée dans la revue Royal Society Open Science le 15 juillet dernier(1), a été menée par l'Ifremer en collaboration avec plusieurs partenaires, notamment la société Véga Industrie et l'Université de Polynésie Française. Elle montre "que la perle est animée d'un mouvement de rotation pendant sa formation au sein des tissus de l'huître".
Le traitement mathématique des données a permis d'établir des valeurs de vitesse de rotation des perles. Durant les 40 premiers jours en moyenne, la perle est animée de mouvements chaotiques, interrompus régulièrement par des périodes d'immobilité. Mais peu à peu, ces mouvements deviennent plus permanents, avec toutefois de fortes variations d'intensité selon les individus qui peuvent entraîner la formation de défauts. La vitesse de rotation moyenne a été établie à 1,27 degré d'angle par minute, ce qui correspond à un tour complet en 4h43, avec des variations importantes (de 2h51 à 15 heures pour les valeurs extrêmes). La rotation se poursuit pendant 12 à 18 mois, durant tout le processus de formation de la perle.
Elle tourne, et alors?
"Alors", répond le chercheur Yannick Guéguen premier auteur de l'étude "cela apporte des informations d'ordre fondamental et appliqué". "Au niveau fondamental", précise le chercheur "démontrer la rotation, la quantifier, savoir si c'était un moment continu pendant toute la durée de la formation de la perle, savoir si c'était sur certaines perles et pas d'autres, etc. ouvre de nouvelles pistes de recherche car c'est une première mondiale!" Au niveau appliqué, "maintenant que l'on a caractérisé ce phénomène de rotation et que l'on a mis au point un outil pour le mesurer (le magnétomètre) et, sachant que la rotation de la perle est associée à un certain nombre de défauts des perles (cerclage, comètes...), nous pouvons étudier l'influence des paramètres environnementaux (température, nourriture, lumière, courantologie...) et des pratiques culturales sur ce phénomène de rotation. Les résultats pourront aboutir à des préconisations pour diminuer l'apparition de certains défauts des perles".
(1) "Yes, it turns: experimental evidence of pearl rotation during its formation", Y. Gueguen (Ifremer) and Al. Publiée le 15 juillet 2015 dans Royal Society open science
Un dispositif d'étude innovant
La forme parfois parfaitement sphérique des perles laissait supposer que lors de sa formation, le nucléus (l'élément autour duquel se forme la perle) subit un mouvement circulaire. Comme il est compliqué de réaliser des observations au sein même des tissus de l'animal, il était jusqu'ici difficile de le prouver. Les chercheurs ont eu l'idée d'observer des perles en formation sur des perles de culture, depuis l'extérieur de l'animal. Pour ce faire, ils ont décidé d'enregistrer les variations du champ magnétique. Des nucléus magnétiques de 6,6 mm de diamètre ont ainsi été introduits dans plusieurs huîtres d'élevage Pinctada margaritifera, l'espèce polynésienne. "Après une période de quatre semaines dans le lagon de Vairao, période nécessaire pour s'assurer de la prise du greffon, nous avons placé les huîtres en position horizontale ou verticale dans un globe en plexigas fixé au fond d'un aquarium", explique Yannick Guéguen. "Puis, les huîtres ont été suivies à l'aide d'un magnétomètre ultra-sensible. De cette façon, la rotation du nucléus, donc de la perle, a pu être mesurée toute les demi-secondes. Durant tout l'enregistrement, de 1 à 50 jours, l'eau de l'aquarium a été enrichie en micro-algues et en oxygène pour simuler les conditions du milieu habituel."
La forme parfois parfaitement sphérique des perles laissait supposer que lors de sa formation, le nucléus (l'élément autour duquel se forme la perle) subit un mouvement circulaire. Comme il est compliqué de réaliser des observations au sein même des tissus de l'animal, il était jusqu'ici difficile de le prouver. Les chercheurs ont eu l'idée d'observer des perles en formation sur des perles de culture, depuis l'extérieur de l'animal. Pour ce faire, ils ont décidé d'enregistrer les variations du champ magnétique. Des nucléus magnétiques de 6,6 mm de diamètre ont ainsi été introduits dans plusieurs huîtres d'élevage Pinctada margaritifera, l'espèce polynésienne. "Après une période de quatre semaines dans le lagon de Vairao, période nécessaire pour s'assurer de la prise du greffon, nous avons placé les huîtres en position horizontale ou verticale dans un globe en plexigas fixé au fond d'un aquarium", explique Yannick Guéguen. "Puis, les huîtres ont été suivies à l'aide d'un magnétomètre ultra-sensible. De cette façon, la rotation du nucléus, donc de la perle, a pu être mesurée toute les demi-secondes. Durant tout l'enregistrement, de 1 à 50 jours, l'eau de l'aquarium a été enrichie en micro-algues et en oxygène pour simuler les conditions du milieu habituel."