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La parole aux Aborigènes


La parole aux Aborigènes
TAHITI, le 7 juillet 2020 - Au Petit théâtre de la Maison de la culture, la soirée de jeudi sera consacrée à l’Australie. La présentation du livre Sourde colère de Stan Grant et la projection du documentaire qu’il a écrit, The Australian dream, ouvriront une fenêtre sur le monde aborigène.

L’histoire de l’Australie a 65 000 ans à en croire les dernières datations. Un jour, hier à l’échelle de cette histoire, les Européens sont arrivés entraînant une fracture. Le peuple Aborigène a perdu sa Terre, sa culture, son identité. Stan Grant, dans un livre poignant, raconte.

Stan Grant est un journaliste reconnu en Australie. Présentateur de télévision, auteur de plusieurs ouvrages et réalisateur, il a écrit The Australian dream (voir encadré). Il a par ailleurs signé un essai, Sourde colère, un Aborigène indigné pour aborder les questions raciales, culturelles et identitaires qu’il vit au plus profond de son être.

Ce livre, traduit de l’anglais par David Fauquemberg est paru chez Au Vent des îles. "Stan Grant, en tant qu’Aborigène, s’est aperçu que son pays était en guerre", explique Christian Robert qui le publie. "Son propos est de dire, voilà ce que c’est d’être Aborigène aujourd’hui."

Le journaliste décrit, avec toute la passion qui l’anime, l’adversité, la colère, la honte, les épreuves. Ses mots sont comme des cris, vifs et sans détour. Ils ouvrent les yeux.

Stan Grant, en introduction, dit : "Ce que j’ai à dire n’est pas facile et n’a aucune raison de l’être. Ce sont des choses qui malmènent ce que nous sommes. Ce sont les choses qui poussent des gens au suicide, qui nous envoient dans des prisons."

Dans son texte, la colère ne gronde plus, elle éclate, elle revient sur le sang qui a coulé, les douleurs, les larmes, les vies volées tandis que, insiste-t-il, "l’Australie n’est toujours pas parvenue à décider si nous avons été colonisés ou envahis".

En l’espace d’une génération, les civilisations de la côte Est – plus anciennes que les pharaons – ont été dévastées. "Des nations qui peuplaient toute l’Australie et n’avaient jamais vu d’homme blanc (…) n’ont tout simplement jamais existé aux yeux des britanniques."

Et le massacre n’est pas terminé. Alors que le géant minier Rio Tinto a infligé il y a peu un dommage irréversible à des grottes préhistoriques (habitées il y a plus de 46 000 ans), son concurrent BHP a été autorisé à détruire des sites aborigènes.

Sourde colère, un Aborigène indigné n’est pas une lecture conseillée, elle est recommandée pour que le massacre s’arrête, en Australie comme ailleurs.

Elever la voix

Le documentaire The Australian dream, réalisé par Daniel Gordon, raconte Adam Goodes, un joueur de football parmi les plus titrés d’Australie. Il a été présenté au Fifo 2020, remportant le 2e prix spécial du jury ainsi que le prix du public.

Son histoire révèle les limites du rêve national et pose des questions fondamentales sur le racisme et la discrimination dans le sport en Australie de nos jours. Aborigène lui-même, il n’a donc pas été épargné.

À l’occasion du Fifo, l’un des producteurs du documentaire, Nick Batzias, a participé à une rencontre Inside the doc. Suliane Favennec, journaliste, rapportait alors ses propos : "Il y a toujours une minorité violente qui va élever la voix et c’est notre devoir de parler plus fort que ces minorités-là."

Puis, "avec ce film, on a justement essayé de parler de la vérité de cette partie du rêve australien brisé. Mais parfois, la vérité fait mal. (…) La deuxième chose importante pour le film était de mettre en première ligne la voix aborigène. Dans le film, on entend des voix aborigènes qui ne sont ni dans la défensive ni dans l’agressivité, ce sont des voix simplement qui résonnent".

La parole aux Aborigènes
Programme de la soirée Fifo

Le jeudi 9 juillet à 18 heures au Petit théâtre de la Maison de la culture.
Présentation du livre Sourde colère, un Aborigène indigné paru Au Vent des îles.
Projection du documentaire The Australian dream de Daniel Gordon.
Duplex avec Stan Grant (en présence d’un interprète).

Soirée gratuite, entrée libre sous réserve des disponibilités.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 7 Juillet 2020 à 08:11 | Lu 1247 fois