Hishan El-Barkani, Imam de la mosquée de Papeete
PAPEETE, mardi 15 octobre 2013 – La mosquée de Tahiti a été inaugurée en milieu de matinée à l’occasion de la célébration de "l’Aïd al-adhaa", la fête du sacrifice, le plus important rendez-vous religieux de la foi musulmane.
Au numéro 11 de la rue Gauguin à Papeete, une quarantaine de fidèles s’est pressée dès 9 heures, mardi, pour assister au premier culte célébré à Tahiti par l’Imam Hishan El-Barkani.
La salle d’une soixantaine de mètres carrés qui sert de mosquée est aménagée de manière minimaliste, au premier étage de l’immeuble : murs blancs, large moquette beige clair, séparation au moyen d’un simple rideau de toile de la zone réservée aux femmes, à l’arrière, et de celle dédiée aux hommes, face à l’Imam. Là, on se prosterne en s'orientant à l’ouest, "la direction la plus directe vers La Mecque".
> Lire aussi : La mosquée de Tahiti inaugurée pour l’Aïd al-adhaa
Une foule disparate pour ce premier culte à la mosquée de Papeete. Autant d’hommes que de femmes. Beaucoup de curieux telle Salma, trentenaire d’origine Ethiopienne qui pratique à domicile habituellement : "je suis pratiquante, musulmane, normale", explique-t-elle la tête recouverte d’un foulard rose. Salma a rencontré par hasard l’Imam El-Barkani, dans les jardins de Paofai il y a quelques jours. L’homme se distingue sans peine, dans la foule tahitienne : Chachia blanche sur le crâne en toutes circonstances et longue barbe. Elle l’a interpellé : "Je voulais parler Arabe". Il l’a invitée à célébrer "l’Aïd" à la mosquée de Papeete.
Autre curieux : Ali. Il a appris l’existence de la mosquée en lisant la presse : "un moment plein d’émotion", commente-t-il simplement à la sortie du culte.
Puis il y a le noyau actif des membres du Centre islamique de Tahiti : guère plus d’une demi-douzaine de personnes installées en Polynésie depuis des années.
L’association créée le mois dernier est à l’origine de l’installation de la mosquée, rue Gauguin à Papeete. De ce côté-là, on observe plus de réserve : on laisse s’exprimer le jeune président, Imam à 23 ans et fraîchement débarqué de Seine-Saint-Denis, en septembre. Il se présente de confession Sunnite et s’exprime pour rassurer : "Le sunnisme est le courant majoritaire dans l’Islam. Il correspond à plus de 90% des musulmans dans le monde et s’oppose au Chiisme, tout simplement. (…) Je l’ai dit et je le répète, je combats toute forme de terrorisme et de sectarisme".
La mosquée de Tahiti offre dorénavant cinq célébrations quotidiennes et un rendez-vous hebdomadaire pour la prière du vendredi.
Au numéro 11 de la rue Gauguin à Papeete, une quarantaine de fidèles s’est pressée dès 9 heures, mardi, pour assister au premier culte célébré à Tahiti par l’Imam Hishan El-Barkani.
La salle d’une soixantaine de mètres carrés qui sert de mosquée est aménagée de manière minimaliste, au premier étage de l’immeuble : murs blancs, large moquette beige clair, séparation au moyen d’un simple rideau de toile de la zone réservée aux femmes, à l’arrière, et de celle dédiée aux hommes, face à l’Imam. Là, on se prosterne en s'orientant à l’ouest, "la direction la plus directe vers La Mecque".
> Lire aussi : La mosquée de Tahiti inaugurée pour l’Aïd al-adhaa
Une foule disparate pour ce premier culte à la mosquée de Papeete. Autant d’hommes que de femmes. Beaucoup de curieux telle Salma, trentenaire d’origine Ethiopienne qui pratique à domicile habituellement : "je suis pratiquante, musulmane, normale", explique-t-elle la tête recouverte d’un foulard rose. Salma a rencontré par hasard l’Imam El-Barkani, dans les jardins de Paofai il y a quelques jours. L’homme se distingue sans peine, dans la foule tahitienne : Chachia blanche sur le crâne en toutes circonstances et longue barbe. Elle l’a interpellé : "Je voulais parler Arabe". Il l’a invitée à célébrer "l’Aïd" à la mosquée de Papeete.
Autre curieux : Ali. Il a appris l’existence de la mosquée en lisant la presse : "un moment plein d’émotion", commente-t-il simplement à la sortie du culte.
Puis il y a le noyau actif des membres du Centre islamique de Tahiti : guère plus d’une demi-douzaine de personnes installées en Polynésie depuis des années.
L’association créée le mois dernier est à l’origine de l’installation de la mosquée, rue Gauguin à Papeete. De ce côté-là, on observe plus de réserve : on laisse s’exprimer le jeune président, Imam à 23 ans et fraîchement débarqué de Seine-Saint-Denis, en septembre. Il se présente de confession Sunnite et s’exprime pour rassurer : "Le sunnisme est le courant majoritaire dans l’Islam. Il correspond à plus de 90% des musulmans dans le monde et s’oppose au Chiisme, tout simplement. (…) Je l’ai dit et je le répète, je combats toute forme de terrorisme et de sectarisme".
La mosquée de Tahiti offre dorénavant cinq célébrations quotidiennes et un rendez-vous hebdomadaire pour la prière du vendredi.
Réaction du prêtre de la cathédrale de Papeete
"Nous croyons au même Dieu, même si nous n’avons pas une égale façon de le regarder"
Comment la communauté catholique perçoit-elle l’installation d’une mosquée à Papeete ?
Père Christophe : C’est bien que chacun puisse prier selon ses traditions et selon son rythme.
L’imam annonce d’éventuelles rencontres avec les chrétiens de Polynésie dans le cadre d’un partage théologique. Y participerez-vous ?
Père Christophe : Ah oui, il n’y a aucun souci. Cela se fait partout. Ce n’est pas propre à la Polynésie. Le Pape François, les Papes en général, prononcent un message spécifique adressé aux musulmans à l’occasion de l’Aïd. Il n’y a aucune difficulté à ce qu’il y ait une communication : nous croyons au même Dieu, même si nous n’avons pas une égale façon de le regarder.
Comment percevez-vous l’émotion populaire, assez vindicative, qui s’est exprimée lors de l’annonce dans les médias de l’ouverture de la mosquée de Tahiti ?
Père Christophe : D’abord, je trouve cela assez surprenant dans la mesure où les réactions – enfin, celles que j’ai lues – sont des réactions qu’on penserait plus à leur place en métropole, où il y a une confrontation entre l’Islam et le christianisme. Ici cette confrontation n’existe pas puisque l’implantation de l’Islam est très embryonnaire. Donc je ne vois pas très bien. C’est à mon avis plus des peurs qui s'expriment et ne sont à mon avis pas très fondées, ou reposent sur des clichés.
Il me semble qu’il est un peu prématuré pour avoir des réactions de peur aussi prononcées.
Ensuite, il faut bien distinguer les courants extrémistes de l’Islam, qui est une religion millénaire et qui a des valeurs, même si nous ne partageons pas ces valeurs.
"Nous croyons au même Dieu, même si nous n’avons pas une égale façon de le regarder"
Comment la communauté catholique perçoit-elle l’installation d’une mosquée à Papeete ?
Père Christophe : C’est bien que chacun puisse prier selon ses traditions et selon son rythme.
L’imam annonce d’éventuelles rencontres avec les chrétiens de Polynésie dans le cadre d’un partage théologique. Y participerez-vous ?
Père Christophe : Ah oui, il n’y a aucun souci. Cela se fait partout. Ce n’est pas propre à la Polynésie. Le Pape François, les Papes en général, prononcent un message spécifique adressé aux musulmans à l’occasion de l’Aïd. Il n’y a aucune difficulté à ce qu’il y ait une communication : nous croyons au même Dieu, même si nous n’avons pas une égale façon de le regarder.
Comment percevez-vous l’émotion populaire, assez vindicative, qui s’est exprimée lors de l’annonce dans les médias de l’ouverture de la mosquée de Tahiti ?
Père Christophe : D’abord, je trouve cela assez surprenant dans la mesure où les réactions – enfin, celles que j’ai lues – sont des réactions qu’on penserait plus à leur place en métropole, où il y a une confrontation entre l’Islam et le christianisme. Ici cette confrontation n’existe pas puisque l’implantation de l’Islam est très embryonnaire. Donc je ne vois pas très bien. C’est à mon avis plus des peurs qui s'expriment et ne sont à mon avis pas très fondées, ou reposent sur des clichés.
Il me semble qu’il est un peu prématuré pour avoir des réactions de peur aussi prononcées.
Ensuite, il faut bien distinguer les courants extrémistes de l’Islam, qui est une religion millénaire et qui a des valeurs, même si nous ne partageons pas ces valeurs.
Réaction d'une tahitienne convertie à l'Islam
Khadija, 35 ans, musulmane depuis 7 ans
Vous étiez de confession protestante. Qu’est-ce qui a motivé votre démarche de conversion à l’Islam ?
Une recherche spirituelle. Cette religion m’apporte beaucoup d’apaisement, il faut la connaître. Elle a beaucoup de respect. Ce qui compte pour moi c’est d’être bien : être positive et ne pas me laisser influencer par les gens ; ne pas écouter les mauvaises langues.
Qui vous a conduit dans cette démarche ?
Mon mari. Il est musulman de religion.
Comment a réagi votre entourage à votre conversion ?
Au niveau de ma famille, mes frères et sœurs ont réagi. Maintenant ils sont gênés parce qu’ils me voient heureuse et qu’eux ne le sont pas.
Ce matin vous avez assisté à la conversion d’une habitante de Moorea, lors du culte ?
Oui, j’ai eu beaucoup d’émotion. J’ai beaucoup pleuré. Elle-même ne se rend pas compte : ce n’est que le début pour elle. Je lui ai dit : "surtout ne fais pas attention aux gens, lorsqu’ils te diront des choses, bla-bla-bla-bla-bla … Reste positive".
Comptez-vous venir régulièrement à la mosquée ?
Les femmes ne sont pas tenues de venir régulièrement à la mosquée, on peut prier à la maison. C’est plutôt les hommes. Mais je viendrai. Ce matin pour moi, c’était comme d’habitude : je prie régulièrement à la maison.
Khadija, 35 ans, musulmane depuis 7 ans
Vous étiez de confession protestante. Qu’est-ce qui a motivé votre démarche de conversion à l’Islam ?
Une recherche spirituelle. Cette religion m’apporte beaucoup d’apaisement, il faut la connaître. Elle a beaucoup de respect. Ce qui compte pour moi c’est d’être bien : être positive et ne pas me laisser influencer par les gens ; ne pas écouter les mauvaises langues.
Qui vous a conduit dans cette démarche ?
Mon mari. Il est musulman de religion.
Comment a réagi votre entourage à votre conversion ?
Au niveau de ma famille, mes frères et sœurs ont réagi. Maintenant ils sont gênés parce qu’ils me voient heureuse et qu’eux ne le sont pas.
Ce matin vous avez assisté à la conversion d’une habitante de Moorea, lors du culte ?
Oui, j’ai eu beaucoup d’émotion. J’ai beaucoup pleuré. Elle-même ne se rend pas compte : ce n’est que le début pour elle. Je lui ai dit : "surtout ne fais pas attention aux gens, lorsqu’ils te diront des choses, bla-bla-bla-bla-bla … Reste positive".
Comptez-vous venir régulièrement à la mosquée ?
Les femmes ne sont pas tenues de venir régulièrement à la mosquée, on peut prier à la maison. C’est plutôt les hommes. Mais je viendrai. Ce matin pour moi, c’était comme d’habitude : je prie régulièrement à la maison.