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La mission du Fer de Lance en Nouvelle-Calédonie refait surface


Présent sur cette photo, Franck Bainimarama pourrait être remplacé par Ratu Inoke Kubuabola. Credit photo : Ministere de l'Information de la Republique de Fiji
Présent sur cette photo, Franck Bainimarama pourrait être remplacé par Ratu Inoke Kubuabola. Credit photo : Ministere de l'Information de la Republique de Fiji
SUVA, mercredi 8 août 2012 (Flash d’Océanie) – Un projet de mission en Nouvelle-Calédonie, sous l’égide du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL), annoncé par cette organisation en juin 2012 mais ensuite « reporté », pourrait finalement avoir lieu avant la mi-août 2012, rapporte mercredi Radio New Zealand International, citant de « bonnes sources ».
Alors que le premier projet prévoyait que cette délégation mélanésienne soit conduite par le Contre-amiral Premier ministre fidjien Franck Bainimarama, qui dirige cet archipel depuis son putsch du 5 décembre 2006, la dernière mouture mentionnerait toujours que ce groupe soit placé sous présidence de Fidji (qui assure actuellement la Présidence du GMFL), mais de son chef de la diplomatie, Ratu Inoke Kubuabola.
Le GMFL comprend quatre États Mélanésiens (Fidji, Vanuatu, îles Salomon et Papouasie-Nouvelle-Guinée) et comme cinquième membre le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie.
Cette mission, tout comme de précédentes menées par le GMFL, s’inscrit dans un objectif d’évaluation de l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa, signé en mai 1998 en Nouvelle-Calédonie entre partis locaux favorables à l’indépendance et ceux y étant opposés, ainsi qu’avec le gouvernement français.
Cette feuille de route trace depuis un chemin d’autonomie élargie pour la Nouvelle-Calédonie, avec la création d’un gouvernement local, d’un Congrès (Parlement), d’un processus progressif de transfert de compétences de l’État vers les autorités local, avec à la clé une fenêtre d’opportunité pour un référendum d’autodétermination entre 2014 et 2018.

Le premier projet de visite, sous la houlette du Contre-amiral, avait été annoncé pour fin juin 2012.
Mais la visite avait ensuite été « reportée », Fidji et le siège du GMFL à Port-Vila citant comme principale cause le fait que des « évolutions politiques » étaient entre-temps intervenues dans le paysage néo-calédonien.
Parmi ces évolutions : le fait qu’un ancien Président de gouvernement de Nouvelle-Calédonie et chef de file du parti Calédonie Ensemble, Philippe Gomès, ainsi que Mme Sonia Lagarde, du même parti, ont tous deux été élus députés à l’Assemblée Nationale française à l’issue des législatives de juin 2012.

Dès les premières annonces concernant ce projet de visite du GMFL, en mars 2012 (après le sommet des dirigeants de ce groupement subrégional, à Suva), M. Gomès, s’était positionné en fer de lance d’une opposition locale au fait que le dirigeant fidjien conduise ce groupe mélanésien dans le cadre de cette mission en Nouvelle-Calédonie.
M. Gomès avait alors saisi le ministère français des affaires étrangères.
Lors d’une visite à Paris, début juillet 2012, dans le cadre de leur nouveau mandat électif, les deux nouveaux députés avaient par ailleurs rencontré des responsables du nouveau gouvernement français pour réitérer, entre autres sujets, leur opposition à ce projet de mission GMFL menée par le Contre-amiral fidjien.
M. Gomès avait toutefois souligné que ce n’était pas la mission GMFL en elle-même qui faisait problème, mais le fait qu’elle soit conduite par « quelqu’un qui a conquis le pouvoir par la force des armes en dehors de tout respect des échéances démocratiques ».
En visite à Paris lui aussi début juillet 2012, Roch Wamytan Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et membre du FLNKS, lors d’un passage au Quai d’Orsay (ministère français des affaires étrangères) recevait lui aussi confirmation que la notion d’une mission en Nouvelle-Calédonie du GMFL, si elle était conduite par le Contre-amiral fidjien, ne se situait pas dans le domaine de l’acceptable.
Le « report » de la mission du GMFL en Nouvelle-Calédonie, annoncé fin juin 2012, avait suscité une visite à Port-Vila (Vanuatu, siège de cette organisation), puis à Suva, de la part de Victor Tutugoro, membre du bureau politique du FLNKS.
Lors de son passage à Suva, M. Tutugoro avait alors reçu des « assurances » de la part du Contre-amiral concernant l’engagement du GMFL sur le dossier de la Nouvelle-Calédonie.

Le sujet s’était aussi invité lors des célébrations de la fête nationale française du 14 juillet 2012, à Suva.
Lors de la réception donnée à cette occasion par l’ambassadeur de France, Gilles Montagnier, ce dernier avait consacré une « parenthèse » dans son discours officiel à un rappel du principe de non-ingérence.
« La France, grâce à ses trois collectivités territoriales, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie Française et Wallis et Futuna est un pays du Pacifique Sud », avait-il alors rappelé.
« À ce sujet, j’ouvre une parenthèse et je dis solennellement ceci. Dans ces trois collectivités existe un débat politique, comme dans toute démocratie. Ce débat est un débat de politique intérieure française et doit être considéré comme tel par nos amis. Si, un jour, ces collectivités devaient revoir leurs relations avec la France, ce serait sur la base d’un vote majoritaire des populations concernées, sur le principe que reconnaissent toutes les démocraties, ‘un homme, une voix’ et non sous la pression de tel ou tel pays ou de tel ou de tel groupe de pays », avait-il ajouté.


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Rédigé par PAD le Mercredi 8 Août 2012 à 05:57 | Lu 1115 fois