Outils, établi, boîte de rangement, les stagiaires apprennent à tout façonner eux-mêmes, sans vis (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 18 décembre 2024 – Fabriquer ses propres outils et son établi à partir de bois recyclé avant de se lancer dans des projets de plus grande envergure, c’est l’enjeu de la première formation en menuiserie-ébénisterie dispensée au CFPA de Taravao par Jean-Philippe Andriot, maître-artisan connu pour avoir transmis sa passion à une vingtaine de détenus de Tatutu. À terme, les 12 stagiaires devraient être en mesure de “se lancer à leur compte avec peu de moyens”.
C’est une nouvelle formation proposée au centre de formation professionnelle pour adultes de Taravao. Pendant six mois, du 26 août au 28 février, douze stagiaires originaires de tous les archipels et âgés de 17 à 51 ans sont initiés aux bases de la menuiserie-ébénisterie par Jean-Philippe Andriot. Formateur en métiers du bois, il a commencé à exercer pour le CFPA au sein du centre de détention de Tatutu, à Papeari, où il a formé une vingtaine de détenus en deux ans, en vue de leur réinsertion.
C’est une nouvelle formation proposée au centre de formation professionnelle pour adultes de Taravao. Pendant six mois, du 26 août au 28 février, douze stagiaires originaires de tous les archipels et âgés de 17 à 51 ans sont initiés aux bases de la menuiserie-ébénisterie par Jean-Philippe Andriot. Formateur en métiers du bois, il a commencé à exercer pour le CFPA au sein du centre de détention de Tatutu, à Papeari, où il a formé une vingtaine de détenus en deux ans, en vue de leur réinsertion.
“On décortique chaque étape en classe et je leur apprends le métier à travers la pratique”, explique Jean-Philippe Andriot.
Savoir-faire et autonomie
Le maître-artisan met en œuvre une pédagogie d’apprentissage sur-mesure. “Je fais en sorte de les rendre autonomes pour la suite. J’ai une approche cognitive : on décortique chaque étape en classe et je leur apprends le métier à travers la pratique, en leur faisant fabriquer leurs propres outils. Quand ils sont arrivés, il n’y avait rien sur le plateau technique : ils ont fabriqué une règle et une équerre pour pouvoir faire le plan de l’établi, qu’ils ont réalisé sans aucune vis, qu’avec des chevilles en bois fabriquées manuellement et des assemblages traditionnels”, explique Jean-Philippe Andriot, qui cite en exemple la charpente de Notre-Dame, rebâtie selon le même principe. Si l’atelier dispose de quelques machines, les premiers outils exploités (raboteuse, scie, perceuse) étaient essentiellement manuels. “Ils doivent être capables de travailler dans un environnement où il n’y a pas d’électricité et le strict minimum de ressources, comme dans certaines îles, pour être le moins dépendants possible des approvisionnements”.
Le résultat est déjà au rendez-vous, tant au niveau de la qualité des productions que du degré d’application des apprentis. Après la réalisation d’un maillet, ils planchent actuellement sur la création de leur boîte à outils. Équipés, ils pourront ainsi aborder la prochaine étape, qui consistera à façonner un premier élément de mobilier : une chaise-longue d’extérieur. Si les matériaux de récupération, comme des palettes, sont privilégiés, le travail de bois nobles fait aussi partie du cursus.
“Démarrer de zéro”
“On a deux formations de menuiserie : menuisier-agenceur à Pirae avec un titre professionnel, et menuisier-ébéniste ici en préqualification. On voulait proposer autre chose et leur permettre de pouvoir se lancer à leur compte avec peu de moyens”, souligne Mihiarii Wohler, responsable de l’unité de Taravao. “La préqualification, c’est aussi un sas sur le savoir-faire et le savoir-être. Cette approche nous intéresse beaucoup : on risque de la mettre en place dans d’autres domaines”, poursuit Jean-Michel Blanchemanche, en tant que directeur général du CFPA, qui totalise 1 100 “apprenants” en 2024 et une quarantaine de formations à la carte, tous sites confondus.
Dans quelques semaines, les futurs menuisiers-ébénistes auront l’occasion de mettre leurs acquis en pratique dans le cadre d’un stage en entreprise. “L’idée, c’est aussi de faire revivre ce corps de métier de la petite menuiserie. Je les encourage à créer leur entreprise, d’autant qu’ils sont maintenant capables de démarrer de zéro. Ils sont déjà plus confiants”, conclut leur formateur, qui entrevoit divers débouchés, entre la création et la réparation. La prochaine session devrait s’ouvrir dans un an, selon la demande.
Kohutini Haiti, 35 ans, de Nuku Hiva, et Faimano Toarii-Toofa, 22 ans, de Tautira, stagiaires : “Acquérir plus d’expérience”
Kohutini : “J’ai travaillé deux ans dans la menuiserie, mais j’avais envie d’acquérir plus d’expérience. Je ne savais pas faire grand-chose : c’était plus du bricolage. Ça va me permettre de suivre le chemin de mon grand-père, qui était un grand sculpteur. J’aimerais rentrer chez moi et monter mon entreprise, ou trouver du travail à la scierie de Nuku Hiva.”
Faimano : “Je me suis découvert une passion pour la menuiserie. Je suis très fière de ce que j’ai réalisé pour l’instant. Pour commencer et gagner en expérience, j’aimerais trouver un emploi dans ce domaine. Je suis toujours à la recherche d’un stage : je suis motivée et j’ai envie d’apprendre !”
Faimano : “Je me suis découvert une passion pour la menuiserie. Je suis très fière de ce que j’ai réalisé pour l’instant. Pour commencer et gagner en expérience, j’aimerais trouver un emploi dans ce domaine. Je suis toujours à la recherche d’un stage : je suis motivée et j’ai envie d’apprendre !”