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La lutte contre le réchauffement s'accélère avec l'entrée en vigueur de l'accord de Paris


L'accord de Paris pour lutter contre le réchauffement entrera en vigueur dans 30 jours, soit moins d'un an après son adoption par 195 pays, une rapidité inédite alors qu'une course contre la montre est engagée pour lutter contre les dérèglements climatiques.

"72 pays représentant 56,75% des émissions ont maintenant ratifié l'accord de Paris! L'entrée en vigueur aura lieu dans 30 jours", a tweeté, ravie, Patricia Espinosa, la secrétaire générale de la Convention climat des Nations unies. 

Pour entrer en vigueur, l'accord conclu en décembre lors de la COP21, à Paris, devait être ratifié par 55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. 

Le dépôt des instruments de ratification mercredi par la France, l'Allemagne, la Hongrie, l'Autriche, le Portugal, la Slovaquie et Malte a permis de franchir le seuil des 55%, selon Ségolène Royal, la ministre française de l'Environnement et présidente de la COP21.

L'accord entrera donc en vigueur dans trente jours, soit avant le coup d'envoi de la COP22 à Marrakech (7-18 novembre).  

"Avoir réussi à ce qu'il entre en vigueur si rapidement est un record" pour un traité international, a déclaré à l'AFP Ségolène Royal, la ministre française de l'Environnement et présidente de la COP21. 

Pour le protocole de Kyoto, voté en 1997, ce processus avait pris huit ans.

Cette rapidité "démontre un élan politique sans précédent en faveur de l'action climatique", a réagi au nom des Petits états insulaires Thoriq Ibrahim, le ministre de  l'Energie des Maldives.

"Nous appelons tous les pays à ratifier aussi rapidement que possible pour que l'accord de Paris soit vraiment universel", a-t-il ajouté en évoquant "une course contre la montre".

Le président américain Barack Obama a salué "une journée historique dans la lutte pour protéger notre planète pour les générations futures", lors d'une brève allocution depuis les jardins de la Maison Blanche.

Les 195 pays et l'Union européenne se sont accordés en décembre pour agir afin de limiter la hausse de la température mondiale "bien en deçà de 2°C" par rapport au niveau pré-industriel et même à "poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5°C".

Mais le thermomètre mondial a déjà gagné 1°C et rester sous les 2°C représente un défi. A 2°C, les impacts du réchauffement seront déjà lourds. Au delà, certaines zones de la planète deviendraient inhabitables, provoquant migrations et instabilité politique.

           - Impulsion sino-américaine -

Les scientifiques estiment que les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 à 70% d'ici 2050 pour rester en dessous de la barre des 2°C et qu'il faut agir au plus vite en se détournant des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) et en misant sur l'efficacité énergétique.

Or, les engagements actuels des pays mettent la planète sur une trajectoire de +3 à +4°C. 

Les petits Etats insulaires, très menacés par la montée des eaux, avaient été parmi les premiers à ratifier l'accord de Paris.

Mais c'est la volonté rapidement affichée par Pékin et Washington qui a donné le tempo, alors qu'en décembre dernier, personne ne parlait d'une entrée en vigueur avant deux ou trois ans.

Les Etats-Unis et la Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète (environ 40% à eux deux), sont passés à l'acte début septembre à l'occasion du G20 en Chine, entrainant dans leur sillage des pays comme le Brésil et mettant la pression sur les autres.

L'Inde, 3e émetteur mondial, a ratifié dimanche dernier, jour de l'anniversaire de Gandhi.

Longtemps leader au niveau de l'action climatique, l'Union européenne, ralentie par une procédure à 28, a craint d'arriver à la COP22 sans avoir ratifié.

Finalement, un accord politique inattendu a permis à l'Union européenne d'entériner cette ratification, finalisée par un vote au Parlement mardi. Exceptionnellement les Etats européens ayant déjà ratifié au niveau national ont pu déposer leur instrument de ratification à l'Onu mercredi, sans attendre que l'ensemble des 28 pays membres le fassent conjointement.

Mercredi, le Canada a aussi ratifié l'accord via un vote au Parlement. 

Parmi les gros pollueurs, le Japon (3,8% des émissions mondiales) et la Russie (7,5%) sont à la traîne.  

avec AFP


Rédigé par RB le Jeudi 6 Octobre 2016 à 04:04 | Lu 367 fois