Jour de mauvais temps à Paea le 15 mars 2014. A l'embouchure de la Vaiatu, des body boarders jouent avec les vagues dans l'eau marron en provenance de la rivière.
PAPEETE, le 20 janvier 2015. Les actions de prévention, les messages d'information pour se prémunir de la leptospirose sont ils suffisants en Polynésie française ? Il semblerait que non : certaines mairies semblent même ignorer que la protection des baigneurs -dans toutes circonstances et pas seulement pour prévenir les noyades- sont de leur ressort.
Après chaque gros épisode pluvieux, c'est le même spectacle : aux embouchures des rivières particulièrement et sur plusieurs dizaines de mètres au large, le bleu clair du lagon devient boueux, marron chocolat. Ce qui n'empêche pourtant ni des pêcheurs locaux venus récupérer des prises plus faciles à attraper, ni les body-boarders ou surfeurs si les conditions de houle sont bonnes, de se mettre à l'eau, de se planter les pieds dans le lit de la rivière encore encombré de déchets venus d'on ne sait où, de bien plus haut en amont dans les vallées. Certains ont bien conscience que l'eau n'est pas dans son état normal et rebroussent chemin, d'autres en revanche espèrent qu'une bonne douche de retour au fare suffira à éliminer les éventuelles bactéries qui flottent, invisibles, dans ce bouillon de culture.
En même temps, pourquoi s'affoler ? Le bureau de veille sanitaire du Pays n'a eu que quelques lignes laconiques d'alerte, vendredi dernier, dans son bulletin hebdomadaire au sujet de la leptospirose : "Risque majeur d'épidémie en période de pluie, six cas signalés depuis début janvier 2015, restez vigilant". Comment exercer cette vigilance ? Aucune directive n'est donnée, partant du principe sans doute que cette maladie, récurrente, est connue de tous.
Pourtant, c'est bien la méconnaissance de cette maladie qui aurait coûté la vie à un jeune surfeur de 14 ans, selon les informations révélées en début de semaine par nos confrères de Polynésie 1re non infirmées depuis par les services de santé du Pays. En 2014, c'est bien la méconnaissance de cette maladie et une prise en charge tardive qui a coûté la vie à deux habitants de Moorea. Preuve encore de la méconnaissance du danger de cette bactérie responsable de la leptospirose, lorsque les sols sont lessivés par les grosses pluies : les interdictions de baignade en raison de la mauvaise qualité de l'eau sont extrêmement rares en Polynésie !
Ces interdictions de baignade sont de la responsabilité des maires. Mais peu interviennent à ce niveau. A Hitia'a O Te Ra, il existe bien une interdiction de baignade permanente dans les rivières de la commune lors des intempéries en "raison des risques de noyades. On a déjà eu des morts" précise le secrétariat général de la mairie. Mais rien n'a jamais été fait au regard de la qualité des eaux, particulièrement à l'embouchure de la Papenoo, pourtant un spot de surf très fréquenté.
Même réponse, à Paea. Selon le secrétariat général de la mairie, il n'y a jamais eu d'arrêté municipal d'interdiction de baignade sur la commune en raison de la mauvaise qualité des eaux, parce que la situation ne s'est jamais présentée. Pas même à Orofero, à l'embouchure de la rivière Vaiatu qui apparait pourtant dans le dernier rapport du Centre d'hygiène et de salubrité publique du Pays (effectuant des points de contrôles de la qualité de l'eau de baignade en mer et en rivière) comme problématique. "Mauvaise qualité de m'embouchure de Vaiatu" ; la préconisation du service étant la "mise en place d'un réseau d'assainissement des eaux pluviales". Le prochain rapport de la qualité des eaux de baignade en Polynésie ne sera publié qu'en 2016 : il rendra public les résultats des analyses d'eaux effectuées par le CHSP en 2014 et 2016. Ces analyses doivent néanmoins être affichés au fur et à mesure de leur arrivée au minimum en mairie, à défaut de l'être sur les sites de baignade comme l'exigent pourtant différents articles du Code général des collectivités locales.
Après chaque gros épisode pluvieux, c'est le même spectacle : aux embouchures des rivières particulièrement et sur plusieurs dizaines de mètres au large, le bleu clair du lagon devient boueux, marron chocolat. Ce qui n'empêche pourtant ni des pêcheurs locaux venus récupérer des prises plus faciles à attraper, ni les body-boarders ou surfeurs si les conditions de houle sont bonnes, de se mettre à l'eau, de se planter les pieds dans le lit de la rivière encore encombré de déchets venus d'on ne sait où, de bien plus haut en amont dans les vallées. Certains ont bien conscience que l'eau n'est pas dans son état normal et rebroussent chemin, d'autres en revanche espèrent qu'une bonne douche de retour au fare suffira à éliminer les éventuelles bactéries qui flottent, invisibles, dans ce bouillon de culture.
En même temps, pourquoi s'affoler ? Le bureau de veille sanitaire du Pays n'a eu que quelques lignes laconiques d'alerte, vendredi dernier, dans son bulletin hebdomadaire au sujet de la leptospirose : "Risque majeur d'épidémie en période de pluie, six cas signalés depuis début janvier 2015, restez vigilant". Comment exercer cette vigilance ? Aucune directive n'est donnée, partant du principe sans doute que cette maladie, récurrente, est connue de tous.
Pourtant, c'est bien la méconnaissance de cette maladie qui aurait coûté la vie à un jeune surfeur de 14 ans, selon les informations révélées en début de semaine par nos confrères de Polynésie 1re non infirmées depuis par les services de santé du Pays. En 2014, c'est bien la méconnaissance de cette maladie et une prise en charge tardive qui a coûté la vie à deux habitants de Moorea. Preuve encore de la méconnaissance du danger de cette bactérie responsable de la leptospirose, lorsque les sols sont lessivés par les grosses pluies : les interdictions de baignade en raison de la mauvaise qualité de l'eau sont extrêmement rares en Polynésie !
Ces interdictions de baignade sont de la responsabilité des maires. Mais peu interviennent à ce niveau. A Hitia'a O Te Ra, il existe bien une interdiction de baignade permanente dans les rivières de la commune lors des intempéries en "raison des risques de noyades. On a déjà eu des morts" précise le secrétariat général de la mairie. Mais rien n'a jamais été fait au regard de la qualité des eaux, particulièrement à l'embouchure de la Papenoo, pourtant un spot de surf très fréquenté.
Même réponse, à Paea. Selon le secrétariat général de la mairie, il n'y a jamais eu d'arrêté municipal d'interdiction de baignade sur la commune en raison de la mauvaise qualité des eaux, parce que la situation ne s'est jamais présentée. Pas même à Orofero, à l'embouchure de la rivière Vaiatu qui apparait pourtant dans le dernier rapport du Centre d'hygiène et de salubrité publique du Pays (effectuant des points de contrôles de la qualité de l'eau de baignade en mer et en rivière) comme problématique. "Mauvaise qualité de m'embouchure de Vaiatu" ; la préconisation du service étant la "mise en place d'un réseau d'assainissement des eaux pluviales". Le prochain rapport de la qualité des eaux de baignade en Polynésie ne sera publié qu'en 2016 : il rendra public les résultats des analyses d'eaux effectuées par le CHSP en 2014 et 2016. Ces analyses doivent néanmoins être affichés au fur et à mesure de leur arrivée au minimum en mairie, à défaut de l'être sur les sites de baignade comme l'exigent pourtant différents articles du Code général des collectivités locales.
Qu'est-ce que la leptospirose ?
La leptospirose est une maladie bactérienne qui survient par contact direct de l'homme avec des urines d'animaux (cochons, chiens, rats…) Lors des épisodes pluvieux, en raison du ruissellement des eaux jusque dans la mer, le risque de contamination est fortement accru. En Polynésie française, on comptabilise chaque année une centaine de cas confirmés de leptospirose. Sur ces 100 patients : 60 à 80 sont hospitalisés, 20 à 30 peuvent se retrouver en réanimation en raison de complications (rénales ou hépatiques le plus souvent) particulièrement chez des patients pour lesquels le diagnostic a été tardif. La vigilance s'impose car les symptômes initiaux de la leptospirose : fièvre élevée et céphalée peuvent s'assimiler à d'autres maladies plus connues, la dengue et le chikungunya.
La leptospirose est une maladie bactérienne qui survient par contact direct de l'homme avec des urines d'animaux (cochons, chiens, rats…) Lors des épisodes pluvieux, en raison du ruissellement des eaux jusque dans la mer, le risque de contamination est fortement accru. En Polynésie française, on comptabilise chaque année une centaine de cas confirmés de leptospirose. Sur ces 100 patients : 60 à 80 sont hospitalisés, 20 à 30 peuvent se retrouver en réanimation en raison de complications (rénales ou hépatiques le plus souvent) particulièrement chez des patients pour lesquels le diagnostic a été tardif. La vigilance s'impose car les symptômes initiaux de la leptospirose : fièvre élevée et céphalée peuvent s'assimiler à d'autres maladies plus connues, la dengue et le chikungunya.